Bars, boîtes de nuits sont parfois pleins à craquer par des jeunes filles qui s'avèrent être des mineures. Elles cherchent à s'amuser et elles s'amusent. Mais le plus grave est ce phénomène presque nouveau sur lequel la police judiciaire de Casablanca vient de mettre la main. L'histoire a commencé à Derb El Kabir suite à un avis de recherche dans l'intérêt des familles, déposé par une mère qui n'a plus revu sa fille. Une mère de famille, approchant la quarantaine, se présente à l'arrondissement de police de Derb El Kabir pour déclarer que sa fille, Jamila, mineure a quitté le domicile familial et n'est plus revenue. Ce fait, dit-elle, date de fin Ramadan. Dans ce genre de cas, la procédure commence par l'établissement d'un avis de recherche dans l'intérêt des familles. Un avis que certains journaux publient gratuitement et que la radio diffuse sous une rubrique vieille comme le temps. Mais la mère, analphabète, n'a pas eu recours aux médias. Quelque part, elle savait que sa fille n'était pas perdue. Elle a entendu dire qu'elle fréquentait une maison du quartier, habitée par un quinquagénaire qui embobine les mineures à sa manière pour les violer. L'homme n'est pas marié, n'a pas de travail stable et commençait à être connu pour ses pratiques dans le milieu de certaines jeunes filles qui s'adonnent à la consommation du fameux Rivotril. Des filles qui ont quitté l'école depuis longtemps et qui tombent dans l'oisiveté. L'homme a été appréhendé et déféré devant la Cour d'appel pour viol de mineures. Une jeune fille a été présentée avec lui devant la justice pour prostitution. Elle a été mise sous mandat de dépôt au Centre de réinsertion d'Oukacha. Passent quelques jours et voilà que la mère remarque sa fille marcher sur le boulevard. Elle l'approche et tente de la calmer pour la ramener à la maison. Une fois la fille revenue, la mère parvient à la convaincre d'aller voir un médecin. La fille n'était plus vierge. La procédure prend alors une autre tournure. Jamila déclarera dans un procès verbal que lorsqu'elle a quitté le domicile familial, une amie à elle, une jeune fille de son âge, lui a proposé d'habiter avec elle chez ses parents. Jamila se retrouve à Derb Moulay Chérif à Hay Mohammadi, dans une autre maison, en compagnie de deux jeunes garçons. Sous l'effet des barbituriques, l'un d'eux l'a violée. Les deux jeunes garçons ont été arrêtés. Elle déclarera aussi que ses copines lui ont parlé d'un autre homme au quartier des Roches Noires qui abuse des jeunes filles moyennant quelques dirhams. Parfois, il les héberge pendant des jours parce qu'elles n'ont pas où aller. Jamila ajoutera également que ses amies lui ont indiqué une autre maison, dans l'ancienne Médina, tenue par une dame qui offre aux jeunes filles de leur âge le gîte et le couvert pour les pousser à se prostituer avec des hommes âgés. La dame est activement recherchée. Les archives de la police regorgent d'avis de recherche comme celui qui a été déposé par cette mère. Dans la majorité des cas, ces jeunes filles, mineures, après avoir quitté l'école, parce qu'elles ont été rejetées par le système scolaire, fuient le domicile parental et tombent dans la consommation de barbituriques. Le Rivotril ne dépasse pas 5 DH le comprimé. Une fois habituées à sa consommation, elles commencent à vendre leur peau pour remédier au manque. L'affaire des élèves du collège Al Kastalani, dont huit jeunes filles ont été déférées devant la justice pour association de malfaiteurs et vols à l'arrachée, est la preuve de cette débauche qui touche une jeunesse dans la fleur de l'âge. Munies d'épées et de coutelas, elles dépossédaient leurs semblables de leurs montres et leurs portables pour les revendre à un prix bas afin d'acheter des psychotropes ou des stupéfiants.