En abritant les travaux du Conseil Exécutif de l'OADA (Organisation arabe pour le développement administratif), le Maroc décroche un double crédit politique dans l'espace de la Ligue arabe : il étrenne son entrée dans les instances exécutives de l'organisation panarabe d'une part, et il est sollicité comme un modèle de réformes des secteurs publics qui ne laissent pas indifférents. Détrompez-vous en lisant les lignes qui vont suivre car, une fois n'est pas coutume, c'est vrai mais le cas d'espèce est tout simplement «révolutionnaire», ceux qui s'attendent aux sempiternelles défaillances et faiblesses lancinantes des organisations arabes seront déçus. Pour la simple raison que nous nous trouvons en face d'une institution sectorielle de la Ligue arabe, l'OADA en l'occurrence, qui a réussi à faire l'unanimité autour de ses performances remarquables et les résultats plus que probants, sinon tout bonnement «excellents» qu'elle est parvenue à accumuler au fil des ans. Et la vérité, c'est qu'aucune autre organisation similaire de la Ligue, tous secteurs confondus, n'est en mesure de soutenir la comparaison. Ce préalable est important à souligner pour montrer la voie à suivre à toutes les bonnes volontés actives et patriotes sincèrement attachées à réconcilier le citoyen arabe avec ses dirigeants et à bénéficier concrètement des services sectoriels que les structures régionales sont sensées lui servir. Le secret de cette réussite ? A l'unanimité des membres du Bureau Exécutif de l'OADA, des poids lourds comme l'Egypte, l'Arabie Saoudite, le Koweït, les Emirats Arabes Unis, le Qatar, sans oublier le retour salué de la Jordanie et l'arrivée du nouveau membre, le Maroc représenté par le ministre Mohamed Boussaïd, une organisation administrative et financière des plus performantes, pilotée par un Directeur général en verve, le Saoudien Dr Mohamed Benbrahim Attouijri s'entendant à la perfection avec le président de l'organisation, le Saoudien Mohamed Benali El Faïz. Les travaux intenses de cette 83ème session ordinaire du Conseil Exécutif de l'OADA ont duré trois bonnes journées, du 12 au 15 novembre dans les locaux de l'ENAP à Rabat pour écluser un ordre du jour chargé avec des réunions plénières et une au niveau des ministres arabes en charge des questions administratives dans leurs pays respectifs. La soirée du mercredi 15 novembre a été consacrée à la session du Conseil Exécutif des ministres élargie aux experts et délégués des Etats membres avec la participation d'un représentant du secrétaire général de la Ligue des Etats arabes, en l'occurrence le Dr égyptien Samir Seïf Elyazal. Il faut bien admettre qu'en l'occurrence, il s'agit bien d'une des rares, sinon l'unique dans l'espace régional qui nous intéresse, dont les travaux de la session du Conseil Exécutif ne se sont pas déroulés à huis clos, contrairement à ce à quoi nous sommes accoutumés. Un effort de transparence à saluer auquel s'ajoute un déroulement général des débats et délibérations démocratique où chaque voix représentée est attentivement écoutée et enregistrée et où les décisions sont prises collectivement ou à l majorité. Souvent, comme ce fut le cas au sujet de la gratification exceptionnelle du Directeur général, une indemnisation de 100 000 dollars pour les 7 années passées à la tête de l'organisation panarabe en réalisant de très bonnes performances en termes de ressources financières et d'actions et programmes développés, ces décisions sont arrêtées à l'unanimité des membres du Conseil. Ce qui dénote d'un climat général de bonne intelligence liant dans la fraternité active des pays de la Ligue qui souvent sont divisés ou «dispersés» au niveau de leurs pouvoirs politiques. Le Maroc se remet en selle Par ailleurs, le choix du Maroc pour cette assemblée et la présence d'un Boussaïd qui, décidément, se retrouve dans toutes les entreprises efficaces au plan domestique ou régional et international, témoignent fortement de la prise en compte des avancées décisives du Royaume dans la mise en œuvre de réformes audacieuses qui, pour la plupart, sont ressenties comme précoces par d'autres pays arabes. Notre ministre de la Modernisation des Secteurs Publics n'a pas manqué, dans une allocution de circonstance, de rappeler les grands défis que relève le Maroc et d'assurer ses hôtes de la disposition pleine et entière du Royaume de remplir ses obligations panarabes et de s'acquitter de sa nouvelle mission de membre dirigeant au Conseil exécutif de l'OADA. Et même pour une première, il faut dire que le courant entre Boussaïd et ses pairs de la Ligue est bien passé, que les sentiments de solidarité fraternelle se sont raffermis et que la cohésion du groupe exécutif n'en sort que plus renforcée. Au menu des discussions, les points évoqués ont intéressé le suivi des résolutions antérieures du Conseil exécutif, la restructuration de l'OADA pour 2007-2008, la présentation du rapport d'activité 1999-2006 et, en dernier lieu, l'appel à candidature pour la désignation d'un nouveau Directeur général de l'instance panarabe. Fondée en 1969 sous la dénomination d'Organisation arabe pour les sciences administratives, l'actuelle OADA dont le siège est au Caire dispose d'une santé financière admirable, disponibilités en trésorerie comprises, ce qui lui vaut probablement quelques jaloux parmi les autres organisations qui n'arrivent même pas à encaisser leurs arriérés. Le Maroc a bénéficié des services de cette Organisation entre 1980 et 1987 pour la formation de cadres nationaux et la participation de cadres marocains dans des séminaires, congrès et symposiums organisés à l'initiative de l'OADA. Mais cette époque fertile fut, hélas, suivie d'une période de «vaches maigres» au grand regret des membres du Conseil Exécutif, notamment entre 1987 et 1997 qui a connu un retour en arrière des services de l'OADA au motif, entre autres, des contraintes financières dues aux arriérés non versés par des pays membres dont le Maroc. La reprise a eu lieu, notamment à partir de 2000 qui a vu Rabat accueillir les travaux du premier congrès arabe de l'Administration et de l'Environnement (19-21 octobre). Et sous l'ère Boussaïd, l'ENAP a abrité, du 16 au 17 juin 2003, un séminaire sur le thème de «Moderniser l'administration pour changer les hommes». Le mois d'octobre de cette même année a connu le déroulement d'un congrès régional sur la modernisation des secteurs publics dans la capitale du Royaume et la tenue d'une session ordinaire du Conseil Exécutif de l'OADA. Cette même instance a réédité en avril 2005 sans compter les activités échangées avec l'ENAP à un niveau plus direct en rapport avec l'enseignement supérieur formant des cadres de l'administration marocaine. Il faut bien le reconnaître, mais le peu de temps d'une mi-législature au Gouvernement du ministre Mohamed Boussaïd s'est avérée plus dense en actions réalisées et plus riche en enseignements tirés. A telle enseigne que ces performances ont valu l'entrée unanimement saluée, et pour la première fois de l'histoire de l'organisation panarabe, de notre pays siégeant désormais au Conseil Exécutif.