Si la Méditerranée est un «carrefour des civilisations», le Maroc, sur sa rive Sud, est un «creuset pérenne des solidarités» qui font le propre de l'humanité depuis des siècles. C'est que le Royaume plus que millénaire s'est toujours appliqué à forger son identité profonde, sa personnalité morale et bâti l'organisation générale de la société sur les valeurs ancestrales de solidarité humaine et sociale. Et ce n'est guère un hasard si le concept de «Développement humain», structuré dans des stratégies nationales et sectorielles alimentant ses politiques publiques de développement, a pris tout son sens, de nos jours. Réhabilité par le rapport du cinquantenaire et l'INDH, véritable chantier de règne accompagnant les autres grands chantiers que sont la démocratie et le développement durable. Ces constantes stratégiques prenant en chasse la lutte contre la pauvreté et la restitution de la dignité humaine aux franges les plus vulnérables de la société marocaine sont considérablement confortées par les campagnes nationales de solidarité désormais instituées en d'authentiques traditions annuelles que tous les Marocains partagent spontanément. Une tradition fortement ancrée dans nos valeurs religieuses et morales qui s'approche de sa première décennie après le coup d'envoi par le Souverain de la 9ème édition, vendredi 10 novembre à Salé. Sous le credo évocateur «Vos dons ont changé ma vie ; aujourd'hui, je contribue». Il faut rendre à la Fondation Mohammed V pour la Solidarité tout le mérite qui lui revient légitimement en professionnalisant les structures, peaufinant le management participatif, stimulant les partenariats nationaux, régionaux et locaux, investissant les fonds récoltés dans une démarche de développement socioéconomique s'appuyant sur le lancement de projets de proximité. Et sans oublier l'exemple démontré d'une rigueur budgétaire et d'une gestion financière transparente qui ont fait l'unanimité des Marocains autour d'une «Fondation Propre», transparente et intraitable sur les principes et les règles. Plus de 2,5 milliards DH engagés en sept années et 1,4 milliard DH collectés dans les campagnes nationales, tous ces dons ont fait l'objet d'un usage orienté vers l'encouragement des activités génératrices de richesses et de placements financiers opportuns dont la gestion maîtrisée a renforcé l'assise financière et l'autonomie d'action de l'institution pilotée par le Souverain. Naturellement, la dimension de solidarité de la Fondation s'est étendue à d'autres actions, pour secourir les victimes de catastrophes naturelles ou d'inondations, accueillir et accompagner les MRE pendant le transit estival, apporter des secours d'urgence en dehors de nos frontières. Incontestablement, le fait marquant de cette nouvelle campagne se traduit par l'ouverture du premier Centre national des Handicapés qui a mobilisé un investissement conséquent de 83 millions DH. Une institution dédiée à la formation et à la recherche ainsi qu'à l'amélioration des prestations au bénéfice des personnes à mobilité réduite qui s'érige en référence nationale. C'est aussi une première de taille à l'actif d'une Fondation volontariste dont l'efficacité d'action se conjugue avec la volonté Royale de combattre l'exclusion et d'éradiquer la misère de toutes les régions du Royaume. Le Souverain en a fait le serment en réaffirmant l'engagement total de la Monarchie citoyenne et en a déclenché le processus de mobilisation nationale en lançant le chantier de Règne, l'INDH. Est-ce à dire pour autant que la bataille contre la pauvreté est en voie d'être gagnée ? Sans démagogie ni complaisance pour ceux qui ont tendance à en rajouter pour plaire aux hautes instances du Royaume, les protagonistes de la Fondation, eux-mêmes, sont les premiers à le signifier à qui veut bien l'entendre : «la guerre contre la pauvreté est loin d'être gagnée». Ils s'attachent à donner l'exemple d'une action progressive, d'interventions ciblées fondées sur une gestion saine, en proposant des projets générateurs d'activités et d'emplois triant sur le volet les bénéficiaires les plus démunis dans toutes les régions du Royaume sans exclusion. Mais si le dénigrement systématique a toujours prévalu dans certains milieux, s'acharnant à faire croire à l'opinion publique que l'action de la Fondation reste limitée ou inopérante, à ceux-là il faut répliquer que bien au contraire, cette institution a donné l'exemple de son efficacité et conquis le cœur de tous les pauvres du Royaume. La Fondation a montré la voie à suivre à tous les autres acteurs et partenaires, l'Etat compris, dans la méthodologie de gestion des programmes de développement par projets et la maîtrise des finances qui vont jusqu'au dernier dirham à leurs bénéficiaires dûment identifiés. Et comme il faut bien se résoudre à le dire, même si les budgets publics consacrent plus de la moitié à la promotion des secteurs sociaux, une vingtaine de cadres chevronnés de la Fondation sont arrivés à des résultats, sinon plus probants, du moins nettement plus perceptibles. Car c'est depuis cette tradition de solidarité implantée par l'institution des pauvres, que nous nous sommes accoutumés à voir des enfants démunis retrouver le sourire, des handicapés réhabilités dans leur dignité, des femmes en difficulté compter sur leurs propres ressources, des jeunes filles rurales reprendre goût à l'éducation et à la culture, des jeunes de quartiers défavorisés tâter les terrains de complexes sportifs… Mais par-dessus-tout, la magistrale leçon que s'est astreinte la Fondation Mohammed V à véhiculer dans l'esprit des Marocains, c'est d'abandonner définitivement le sentiment de mépris qui se trouve justement être à l'origine de l'aggravation de la situation de pauvreté dans le royaume.