Créée en 1990, la Fondation Hassan II pour les Marocains Résidant à l'Etranger, est une institution à but non lucratif, dotée de la personnalité morale et de l'autonomie financière. Elle dit avoir pour objectif « d'œuvrer pour le maintien et le renforcement des liens fondamentaux que les Marocains de l'Extérieur entretiennent avec leur patrie et de les aider à surmonter les difficultés qu'ils rencontrent du fait de leur émigration ». Pour s'acquitter de ses missions, la Fondation dispose d'un budget dont le montant global semble constituer, pour les responsables de l'Institution, un secret d'Etat. Seule la dotation de ce dernier nous a été communiquée : Le président-délégué est seul habilité à communiquer le montant réel du budget, mais il est à l'étranger. Le secrétaire général affirme par la voix de la responsable de la communication que l'enveloppe budgétaire ne contient rien d'autre que la dotation annuelle de l'Etat arrêtée à 150 millions de dirhams. A l'heure où le pays s'interroge sur l'affectation des deniers publics, sur le devenir institutionnel, politique, culturel, voire civilisationnel de la communauté des Marocains du monde (MDM), la Fondation Hassan II continue à perpétuer une image infantilisante de l'« immigré ». Dans le sillage des « sociocu » locaux qui colportent toujours les clichés hérités de « la plus haute des solitudes » de notre ami Tahar Benjelloun. Ils ne veulent pas comprendre que la première génération est socioprofessionnellement, voire démographiquement, extincte (retraite, décès…etc.). Aussi le profil de l' « immigré » en détresse, grelotant de froid, analphabète et ostracisé est-il largement invalidé par la réalité sociologique. Le communiqué de la Fondation que nous publions ici témoigne d'une ignorance totale de la réalité in situ : Envoyer des colis de deux kilos contenant la « chabbakia », des dattes et autre « makharqa » aux détenus marocains en Europe revient non seulement à insulter la dignité de ces derniers, mais également à leur signifier l'indifférence totale de leur pays quant à leur situation concrète de prisonniers : Les causes de leur incarcération et les moyens juridiques et diplomatiques disponibles pour les assister. Quant aux prédicateurs, ils contribuent à raviver la discorde entre les différents « islams » de France plus qu'autre chose. A l'instar des imams harragas, la plupart de ces « envoyés spéciaux » feront dans le commerce des marchés et le shopping. Et puis tout cela coûte au contribuable quinze milliards de centimes dont la plus grosse part va au budget de fonctionnement. Il s'agit, en somme, de payer 150 personnes à dilapider l'argent public dans des actions pour le moins contreproductives. Savent-ils seulement qui sont, en réalité, ces deuxième et troisième générations de MDM ? Leurs motivations ? Les contours de leur identité plurielle ? Le bien pompeux « Observatoire » mis en place par la Fondation a-t-il jamais réalisé la moindre investigation grandeur nature ou scientifiquement échantillonnée pour édifier les pouvoirs publics sur les profils et les aspirations existentielles de ces nouvelles générations ? Quel horrible décalage que celui qui préside aux rapports entre ces dernières et une Institution sensée être à leur service ! N'est-ce pas regrettable de constater que le secteur privé (banques, sociétés de transport aérien et maritime, sociétés de communication évènementielle…etc.) ait mieux intégré les attentes concrètes des MDM que cette Fondation dont c'est précisément l'objet originel. L'étude motivationnelle la plus complète jamais faite sur la seconde génération de MDM l'a été grâce à…la Banque Chaâbi. Pas la Fondation ou le Ministère dont c'est l'un des premiers rôles. Le plus grand salon marocain en Europe (SMAP) n'a pas été organisé par ces honorables institutions publiques. Manqueraient-ils de moyens ou d'appuis au plus haut niveau de l'Etat ? Que non. Les marocains l'auraient su. En vérité, cette Institution est mal née : elle est la fille d'une posture idéologique tactique, forcément conjoncturelle, qui permettait à feu Hassan II de contrecarrer le dogme socialiste d'intégration. Les différents départements étatiques marocains reçurent ordre d'engager les moyens de parasiter l'intégration de ses citoyens en Europe, principalement en France. Les bonnes vieilles Amicales furent mobilisées par l'Intérieur. La Fondation Hassan II épousa alors cet état d'esprit. Elle y est encore. Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts et la face des pays d'accueil s'est progressivement coloriée : Nos enfants s'intègrent, certes difficultueusement, mais sûrement. Les cabinets ministériels, les conseils élus, les professions libérales, la recherche, la haute finance, l'entreprise transnationale, la haute fonction publique territoriale…ont été investis par des centaines de milliers d'entre eux. Qu'a fait la Fondation pour leur épanouissement socioprofessionnel ? Oualou. Qu'a-t-elle fait pour défendre ceux d'entre eux que les tribunaux et les administrations marocains maltraitent lorsqu'ils perdent leurs économies, leurs demeures marocaines et parfois leurs droits fondamentaux par la faute des « chasseurs de gogos » sans foi ni loi ? Qu'a fait la Fondation pour Brahim Ounassar (cf. La Gazette du Maroc N° 493 du 9 octobre 2006) qu'on a dépouillé jusqu'à la « démarocanisation » avec force corruption ? Pour Omar Loubiri dont on lira l'histoire dans le présent numéro de notre publication ? Même la fonction d'interfaçage est accomplie « à la marocaine » : des imprimés types expédiés dans tous les sens, sans suivi aucun. Connue des Marocains comme étant extrêmement prévenante et lucide, SAR Lalla Meryem dispose de toute latitude pour repenser totalement les missions et les méthodes de travail de la Fondation qu'elle honore de sa présidence. Le Souverain n'a-t-il pas mis le doigt sur une attente existentielle des MDM en annonçant la possibilité pour la mère marocaine de transmettre sa nationalité marocaine à ses enfants. Voilà un acte politiquement parlant, concret. Il est temps pour la nation de s'interroger sur la vacuité politique de ce type de refuges carriéristes à hauts salaires qui ne servent à rien, sinon à pomper l'argent public. Pour mériter ce dernier, la Fondation doit vite retrouver l'humilité d'aller écouter nos compatriotes d'ailleurs avant de prétendre les servir. Mais l'écoute a des règles et des procédures qu'on aurait pu emprunter depuis déjà seize ans ! Communiqué de la fondation hassan II La Fondation Hassan II pour les Marocains Résidant à l'Etranger renouvelle ses programmes d'envoi de prédicateurs et d'Iftar à l'occasion du mois sacré de Ramadan. Ces actions traduisent la détermination de la Fondation à préserver les valeurs de partage et les liens spirituels qui unissent les Marocains où qu'ils soient et constituent une composante essentielle de leur identité. La première action consiste en la mise à disposition de la communauté marocaine résidant à l'étranger d'un corps de prédicateurs dans 14 pays différents. Les pays les plus concernés sont ceux d'Europe. Cela s'explique par la forte présence de la communauté marocaine dans ces pays. Le Canada et le Sénégal sont également concernés par cette initiative. Cette année, la délégation désignée par la Fondation Hassan II pour les MRE s'élève à 206 composée de 159 prédicateurs (dont 114 professeurs universitaires) et 47 psalmodieurs. Chaque année, cet effectif ne cesse d'augmenter. A titre indicatif, le nombre de prédicateurs est passé de 60 en 1998, date du lancement de cette initiative, à 122 en 2004 pour s'établir cette année au chiffre précité (voir tableau annexe). Ainsi, une évolution globale de plus de 343% est enregistrée depuis le début de cette opération. Ce programme est réalisé en concertation avec le ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération, le ministère des Habous et des Affaires Islamiques, ainsi que des associations chargées du culte musulman, notamment le Rassemblement des Musulmans de France, l'Exécutif des musulmans de Belgique et l'Union des Mosquées Marocaines aux Pays-Bas. Il s'inscrit dans une logique d'encadrement culturel et religieux afin de répondre au mieux aux attentes des Marocains résidant à l'étranger et accompagner, sur le plan cultuel, une communauté qui reste attachée aussi bien à ses valeurs religieuses qu'à son authenticité culturelle. Toujours dans le cadre de l'action socioculturelle de la Fondation Hassan II, l'«opération Iftar », deuxième action pour ce mois de Ramadan, consiste en la distribution de mets typiquement marocains (dattes, chebakiya, mkherka…) au profit des détenus marocains à l'étranger.