A quelques mois de l'émergence de la nouvelle coalition gouvernementale, les socialistes de Mohamed El Yazghi préfèrent promouvoir de nouveaux venus et abandonnent la ligne du parti. Une position qui clarifie la politique du Premier secrétaire. Quel enseignement peut-on tirer des dernières élections de la Chambre des conseillers ? D'abord, l'utilisation de l'argent a été généralisée. Preuve en est l'Etat a bien réagi et des enquêtes ont été diligentées. Mais au-delà de ce fléau qui mine notre classe politique, ce rendez-vous électoral a remis sur la table une nouvelle fois les clivages qui traversent les formations politiques marocaines. Et pour cause, des alliances contre nature ont, encore une fois, fait surface. La Koutla Démocratique n'a pas pu coordonner pour pouvoir présenter des listes communes. Mais au-delà de ce fait, les trois partis qui la composent (PPS, USFP et l'Istiqlal) ont vraiment changé de cap. Ces formations qui représentaient le socle démocratique du pays, ont failli en cautionnant la candidature de personnes connues pour leur transhumance et leur opportunisme politique. Pis, l'Istiqlal, le PPS et particulièrement l'USFP ont présenté des candidats en dehors du parti. Une approche qui mine la crédibilité de ces partis. D'ailleurs, les partis de la Koutla avaient toujours rejeté cette démarche, mais il est évident qu'un virage a été pris par les formations issues du mouvement national. La cause est le désir de se maintenir. Le plus frappant reste, sans doute, les décisions prises par la direction de l'USFP. Sous l'ère El Yazghi, les socialistes ont changé de cap. L'actuel Premier secrétaire ne cache pas son jeu. Lors du dernier conseil national, il a ouvertement défendu l'idée de présenter des candidats venus d'autres partis. Une pratique utilisée, auparavant, par le RNI d'Ahmed Osman et les mouvements populaires. Quant au PPS et l'Istiqlal, ils justifient leur attitude par le comportement des autres partis. Si cette manœuvre n'a pas soulevé de réaction au sein des autres formations politiques, à l'USFP plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer la politique de Mohamed El Yazghi. La plus frappante est celle de l'ex-secrétaire général, de la Chabiba Itihadia Hassan Tariq qui a démissionné de son poste pour protester contre les dérives d'El Yazghi. Ce dernier avait qualifié, lors du dernier Conseil National, la venue du richissime, Dahmane Derham, en septembre dernier à l'USFP en provenance du MNP de Mahjoubi Aherdane, comme étant une grande victoire pour le parti du défunt Abderrahim Bouabid. Une déclaration qui résume les dispositions d'El Yazghi. C'est pour cette raison que le jeune Hassan Tariq a jeté l'éponge. En démissionnant le conseiller d'El Gahs a ouvertement protesté contre les dérapages du bureau politique. Avant d'annoncer son départ de la jeunesse du parti, Hassan Tariq a soulevé l'existence d'un courant réformateur au sein des socialistes. Isolé, l'ex-secrétaire général a préféré quitter le navire. Une aubaine pour El Yazghi et son lieutenant, Driss Lachgar, qui espèrent placer les leur à la tête de la jeunesse Itihadi. Avec cette défaite du clan des réformateurs, le duo El Yazghi-Lachgar a démontré, une nouvelle fois, sa main-mise sur le parti. Non seulement, ils contrôlent le bureau politique et le Conseil National du parti, mais ils maîtrisent les secrétariats provinciaux, la presse du parti et aujourd'hui la jeunesse Itihadi. En d'autres termes, toutes les instances partisanes. En contrôlant l'USFP, El Yazghi cherche à se démarquer des autres membres de la Koutla et positionner son parti comme la deuxième force politique du pays après les islamistes du PJD. Une manière de garantir sa survie gouvernementale. Avec cette approche, l'USFP enterre une fois pour toutes le rêve de l'émergence d'un grand pôle de gauche. A ce titre, le PPS et le Parti Socialiste Unifié (PSU) doivent, incontestablement, revoir leur copie et chercher de nouvelles alliances. L'USFP semble avoir une nouvelle barque.