L'industrie chimique n'a pas toujours bonne presse. A tort ou à raison, les gens l'associent à des émanations toxiques et à des manipulations génératrices d'effets pervers. Au-delà des clichés, cette activité économique représente un des potentiels de croissance les plus prometteurs de l'industrie nationale. L'industrie chimique nationale semble chercher ses marques. Classée au premier rang industriel en termes de production (près de 70 milliards de DH de chiffre d'affaires sectoriel), de valeur ajoutée (19 milliards de DH) et d'investissements (6 milliards de DH), et arrivant au deuxième rang en termes d'exportations (15 milliards de DH), l'activité de la chimie-parachimie recouvre plusieurs sous-secteurs : industrie chimique de base, produits agrochimiques, peintures & vernis, produits pharmaceutiques, savons & cosmétiques, caoutchouc, verre, plastiques… Mais si cette industrie est actuellement assez développée au Maroc, cet état de fait est principalement dû à l'OCP (Office Chérifien des Phosphates) qui occupe une position de pointe découlant de l'important patrimoine minier dont dispose l'Office. Pour Mohamed El Kabbaj, spécialiste de la question et ancien président de la FCP (Fédération de la Chimie et Parachimie), «la chimie se développe là où il y a des richesses minières, énergétiques et pétrolières. Au Maroc, nous manquons cruellement des deux dernières ressources». A l'image de la SNEP (Société Nationale d'Electrolyse et de Pétrochimie), qui importe la grande majorité de ses intrants, parmi lesquels des produits pétrochimiques comme l'éthylène, les industriels marocains de la chimie-parachimie restent très dépendants des importations de produits pétroliers, un poste qui subit actuellement de plein fouet la flambée des prix du pétrole (autour de 80 dollars le baril de brut). La nature particulière du secteur de la chimie-parachimie, sa grande sensibilité aux importations et aux coûts liés à l'énergie ainsi que l'étroitesse du marché intérieur national sont des facteurs qui expliquent en grande partie le fait que le secteur ne soit pas intégré au Plan Emergence. Mais il n'en demeure pas moins que des possibilités existent quant au développement du savoir et du savoir-faire locaux liés à ce domaine, et qui pourraient aussi être exportés. C'est le cas de certaines niches à fort potentiel comme les plantes médicinales où des business intéressants pourraient être développés au niveau des concentrés, lesquels représentent une valeur ajoutée plus importante et des prix de vente à l'export assez intéressants. Dans cet ordre d'idées, il faut signaler que la FCP organisera son 12ème forum annuel le 21 septembre prochain sur le thème «La chimie et la vie». Manière d'expliquer que l'on retrouve la chimie et la parachimie dans tous les aspects de notre vie quotidienne, sous de multiples formes et usages, et qu'il ne faut pas avoir de craintes particulières quant à la sécurité liée à ce secteur.