Tahar Haddad né en 1899 à El Hamma de Gabès au sud tunisien dans un milieu social modeste, est diplômé de la Zeitouna et ayant étudié le droit pendant deux ans. Depuis sa jeunesse, il a adhéré au mouvement national pour l'indépendance et a été membre actif au parti Libéral Constitutionnel. Il a fondé, en juin 1924, avec Mohamed Ali El Hammi, pionnier du mouvement syndicaliste en Tunisie, «l'association de coopération économique» et a participé à la mise en place de la Confédération Générale des Travailleurs Tunisiens en décembre 1924. Les idées de Tahar Haddad sont le prolongement du courant réformiste initié par Kheireddine Tounsi, Mahmoud Kabadou, Ahmed Ibn Abi Dhiaf, Mohamd Snoussi, et d'autres penseurs qui ont vécu à la même époque et qui ont tous défendu l'idée de modernisme. À ce titre, Tahar Haddad occupe une place importante dans l'histoire des idées sociales et politiques en Tunisie. Ses propositions en faveur de la condition féminine et de la réforme sociale en Tunisie, se démarquent de la simple manière de reproduire le modèle européen, mais de puiser ce qui s'accorde avec la Charia islamique. Cette nouvelle vision, dont les assises se sont posées avec le mouvement des jeunes tunisiens, appelle à l'adhésion à une modernité qui respecte les spécificités culturelles, les valeurs et l'identité de la société tunisienne, facteurs indispensables selon Tahar Haddad pour le développement et le progrès de la société tunisienne. L'œuvre de Tahar Haddad « La femme tunisienne devant la loi et la société », parue en 1930, a concrétisé les idées de l'auteur sur l'émancipation de la femme et de la famille et a tracé le chemin du progrès de la société toute entière. À une époque où la Tunisie est soumise à la répression coloniale qui pesait fort sur la société, les idées de Haddad furent condamnées par des éléments conservateurs et étaient à l'origine d'une polémique entre modernistes et conservateurs et ont été à la base de multiples critiques prônées par les Fekihs tels que Mohamed Salah Ben Mrad et Amor Berri Medani qui ont respectivement rédigé des textes contre-disant et réfutant la pensée de Haddad ; il s'agit de « Al hidad à la imraatou Al Haddad » (Deuil sur la femme de Haddad), et « Sayfou alhak ala man layara alhak » (Epée de la justice sur celui qui ignore la justice). Plus tard, avec l'indépendance de la Tunisie, les réflexions de Tahar Haddad furent prises en considération lors de la promulgation du Code du Statut Personnel. L'institution de l'Etat moderne par le Leader Habib Bourguiba a permis de réaliser une grande partie des aspirations de Tahar Hadda. Tous les acquis ont été renforcés et consolidés à l'ère nouvelle sous l'impulsion du Président Zine El Abidine Ben ali qui, grâce à ses initiatives avant-gardistes, a élevé les droit de la femme de la simple situation d'égalité entre les sexes au rang de partenaire actif.