Comment peut-on expliquer l'engouement des foules pour le football ? Qui sont ces véritables addicts du foot ? Petit topo sur la psychologie des amateurs de ballon rond, très utile en ces temps de Coupe du monde … Qu'ils soient amateurs occasionnels ou supporters de la première heure, les amateurs de foot se rassemblent mais ne se ressemblent pas. Pour Christian Bromberger, ethnologue et auteur d'un livre sur la passion du football, ce sport est «un "jeu profond " qui condense et théâtralise les valeurs fondamentales du monde contemporain». Pour lui, le football valorise le travail d'équipe mais aussi la performance individuelle. Il prône la solidarité, la division des tâches, la planification : on y retrouve les images fortes de la société et du monde du travail. A l'image de la vie, le hasard existe dans le football, rappelant que le «le mérite ne suffit pas toujours, sur le terrain comme dans la vie, pour devancer les autres». Ajoutez à cela le côté «feuilleton» de la compétition, avec tout ce qu'il faut de suspens et de rebondissements… C'est clair : vous avez là tous les ingrédients d'un succès populaire. Allez, les supporters ! Quelle est la différence entre un simple fan et un véritable supporter ? Disons que ce dernier ajoute à sa passion pour le football le sentiment d'appartenance à une communauté (ville, région, pays). Cela lui permet d'appartenir à un groupe qui partage ces «valeurs» rassurantes et conformistes. D'ailleurs, la majorité des supporters se réunissent au sein de clubs ou d'associations. Cette appartenance paraît positive, selon des études américaines (dont la culture n'est pas mordue de football, elle) qui ont souligné que les supporters sont généralement moins isolés, ont plus d'estime de soi et sont plus optimistes en général. Les supporters nouent même plus facilement des contacts avec des inconnus, du moins si ces derniers supportent la même équipe… Enfin, toujours selon cette étude, ils auraient une plus grande capacité à affronter les difficultés ou les déceptions de la vie quotidienne : les supporters ont, en effet, de l'entraînement à force de surmonter les défaites de leur équipe… Le stade de toutes les émotions Les supporters se retrouvent généralement par affinités au stade, et, par ailleurs, la psychologie dans les stades est un sujet à part entière. Le stade est, en effet, un lieu où les gens laissent libre cour à leurs émotions : joies et peines sont exprimées sans honte. Et les insultes et les gestes déplacés y sont autorisés. Paradoxalement, les spectateurs ne viennent pas au stade pour voir leur équipe gagner : comme le souligne le psychologue américain Daniel Wamm, la moitié des supporters savent en arrivant qu'ils ont une chance sur deux d'être déçus parce que leur équipe va perdre. Ce qu'ils recherchent avant tout, c'est la symbiose au sein d'un groupe, une certaine ambiance, des règles de conduite plus permissives… Seul problème : le risque de dérapage vers une zone de non droit où règne racisme et violence. Stop aux hooligans Ce risque de dérapage est, d'ailleurs, devenu une règle dans un groupe particulier : les hooligans. Vous les connaissez sans doute, ces hordes de jeunes qui brisent les vitres des boutiques, montent sur les toits de voitures quand leur équipe perd un match. Dans ce cas, on déborde largement des valeurs véhiculées par le football. Le but des hooligans est l'affrontement avant tout. Ils ne viennent pas pour voir le match mais pour défendre leur groupe. Certains peuvent aussi y voir une expression d'un rejet de la société, une expression de la rébellion adolescente ou encore un moyen de montrer son ras-le-bol. Nous verrons bien l'efficacité des mesures mises en place par l'Allemagne lors de la prochaine coupe du monde, avec, notamment, des capteurs biométriques… A la condition d'arriver à capter les matches ! Mais cela, c'est une autre histoire…