Alors que les camps de Tindouf vivaient aux rythmes d'une violente répression des manifestations, le Timor-Oriental, souvent présenté comme l'exemple d'une solution onusienne idéale, est secoué par des affrontements des plus violents. Malheurs du séparatisme et chances de l'autonomie. Il est des coïncidences qui ne trompent pas : alors que le monde avait les yeux rivés sur les violences qui déchirent le Timor-Oriental, des manifestations violentes ont éclaté dans les camps de Tindouf. Dans l'île-Etat du Timor-Oriental, les affrontements entre bandes armées défraient toujours la chronique. La capitale Dili est en proie à un climat d'insécurité et de pillages sans nom. Des milliers d'habitants font, au long des journées, la queue devant les entrepôts humanitaires à la recherche de nourritures. Le spectacle navrant d'un Etat que beaucoup présentait comme le modèle à suivre pour la résolution du problème du Sahara. Pendant ce temps, les séquestrés de Tindouf ont fait l'objet de graves massacres et traitements inhumains. Selon des sources concordantes, le soulèvement des Rguibat-Ayachia a été atrocement réprimé. A tel point que l'un de leurs «cheikhs» a lancé un appel à la communauté internationale afin d'intervenir et stoper l'hémorragie. Ces événements ont suscité de vives inquiétudes, vu le caractère très violent de la répression dont ont fait l'objet les manifestants. Selon des sources concordantes, le soulèvement est survenu en réaction à des exactions commises par des membres de "la sécurité" du Polisario. Certains séquestrés ont été, comme l'ont déclaré à la presse des membres de leurs familles, conduits vers une destination inconnue. Entre une réalité inhumaine et intenable et un "avenir" timorais, le choix n'est plus de mise. En fait, ce qui arrive actuellement dans le Timor est un avant-goût, pire même, peut-être. Les camps de Tindouf, bastion de la honte et de la tragédie, ne sont en fait que l'anti-chambre de l' Etat… du Timor-Oriental que promet Abdelaziz et ses partisans aux Sahraouis. La province, autrefois partie de l'Indonésie, que les inconditionnels défendaient en tant que concrétisation idéale du droit à l'autodétermination, s'essouffle avant de se construire en tant qu'Etat. Et loin de servir de modèle, c'est plutôt à une leçon palpable que le monde assiste actuellement. Ce qui, par ailleurs, sert bien la stratégie de la défense marocaine en matière de l'autonomie. Débat Un atout, dans cette offensive : le Conseil Royal Consultatif (Corcas) met sa touche finale à sa proposition concernant l'autonomie voulue par le pays. Après des journées d'études et de débat, où la parole a été donnée, au premier lieu, aux membres du Corcas, une plate-forme sera, laisse-t-on entendre, fin prête très prochainement. Un signe parmi d'autres que le Maroc est sérieux et que la mécanique de concertation avec les intéressés est en marche. Plus : l'autonomie est, le cas échéant, la seule forme sans risque ni mésaventures de l'autonomie. D'ailleurs, le monde entier n'aura aucune difficulté à comprendre que le pays est en plein débat et que la question est dans l'ordre du jour de toute la société. De cénacle privé en conclave, de conférence en congrès, toute la nation débat, propose, décortique et cherche la meilleure forme adéquate pour le modèle, cette fois, constructif de l'autonomie au Sahara. Un signe, un message. A Settat, une rencontre a réuni nombre de personnalités, venues de tous bords pour un échange sur la question ; on trouvait les hommes politiques, les anciens du Polisario et même de farouches partisans d'Abdelaziz Marrakchi, à l'instar de Mohamed Moutawakkil. Celui-là même qui vient de quitter la prison et qui ne fait pas un secret de ses amours séparatistes. Autre signe, autre message. C'est Omar Hadrami, le Wali de Chaouia Ouardigha, l'ancien responsable du Front qui a ouvert le bal. Il a ainsi défendu le plan de l'autonomie dont il était un opposant farouche. Il ne fait aucun doute que le plan politique reste la dernière chance pour trouver une solution à un conflit que le monde entier sait désormais qu'il est le produit d'une machination grotesque, certes, mais qui hypothèque l'avenir de la région toute entière. D'autant plus que le seul " Etat " séparatiste érigé en modèle est lui-même fruit d'une couvaison à laquelle les enjeux géostratégiques ne sont pas étrangers.