Une goutte, deux gouttes, puis trois…Il pleuvait des cordes. Le ciel pleurait mon chagrin. Un chagrin et une tristesse qui ne me délaissaient plus. Ils étaient devenus mes confidents, les êtres qui animaient mes moments de solitude et qui m'empêchaient de rester enfermée sur moi-même… Ironie du sort ! J'avançai d'une démarche lente et décidée, la pluie ne me dérangeait pas, au contraire, elle était une sorte de consolation pour mon âme lacérée. Je continuai à avancer… Je m'empreignais de cette odeur fraîche, l'odeur de la terre humide. Elle pénétrait mes pensées et s'élevait tel un brouillard épais inhalant toute autres visions. Un brouillard qui avait le don d'éclaircir mes idées et d'élucider les mystères enfouis dans les recoins oubliés de mon esprit. Je dégoulinai d'eau, mais peu m'importait, c'était comme cela que je laissais entrevoir mes sentiments. Une tempête qui passait et qui emportait tout, ne laissant qu'un vide immense, c'était cela l'impression que me donnait la pluie. J'avançai toujours de ma démarche lente mais sure, j'avançai vers mon destin. Un destin que je m'étais tracé toute seule. Je ne me sentais point seule, j'avais mes sentiments de détresse et de désespoir qui me tenaient compagnie, qui m'étouffaient presque. Ils me tenaient prisonnière m'empêchant ainsi de connaître le bonheur… Le bonheur, un sentiment si étranger …Le sourire qui illuminait mon visage autrefois, le déserte maintenant ne laissant qu'une image pale, feinte et irréelle… Qu'est ce que j'étais finalement ? Un corps fétiche marchant sous la pluie ? Un esprit hagard cherchant à se caser ? Le fruit amer d'une expérience ratée ?... Je ne pouvais me définir… J'avançai toujours de mon pas décidé. La peur s'insinuait en moi comme une lame que l'on enfonce dans la chaire. Nul besoin de crier ma peine, tous mes sens la criaient. Et puis, qui voudrait entendre mes cris de détresse si ce n'est que dérangement ? Mais je ne crierai pas, je veux me faire oublier. Eclairez-moi ! J'avançai toujours quand j'atteignis une grande grille rouillée. Les tombes s'éparpillaient ça et la formant un tableau grossier. Les mauvaises herbes avaient décidemment accompli leur travail de la façon la plus correcte, on ne pouvait dire ni faire mieux. On ne voyait que des pierres informes qui avaient perdu leurs couleurs, dépasser de l'herbe. Les noms des occupants avaient aussi pris une teinte jaunie, on avait du mal à distinguer quelques lettres. La pluie cessa. Qu'étais-je en fin de compte ? Une âme errante et paniquée ? Un esprit dérangé ?... Je ne le savais guère. Soudain, j'aperçus une pierre blanche immaculée. Se dégageait une impression de pureté de cette pierre d'une couleur laiteuse. Elle emplissait mon cœur d'une triste mélancolie, d'une tristesse apaisante. Mon cœur se réchauffa subitement et ma respiration devint alors saccadée et irrégulière. Je m'efforçai de ne pas pleurer, mais mes yeux s'embuèrent et ma vue se brouilla. Des larmes chaudes et silencieuses coulèrent le long de mes joues… Je m'agenouillai devant cette tombe et je fermais les yeux, espérant trouver refuge dans le noir. La soudaine obscurité ne fit qu'accentuer ma peine et mon désarroi. La pluie recommença à tomber, à en croire qu'elle avait accès à mes sentiments, qu'elle me soutenait dans mon malheur. Il pleuvait des larmes. Le ciel exprimait sa compassion pour moi…J'ouvris mes yeux pour laisser libre cours aux torrents de larmes qui menaçaient d'exploser, et je me laissais aller aux pleurs et aux sanglots… Les battements de mon cœur se calmèrent et reprirent petit à petit leur cadence normale. Je me calmai et j'inspirai un bon coup. L'air s'insinua dans mes poumons, et je sentis mes entrailles se relâcher…Ma colère, ma frustration et ma rage me quittèrent ne laissant qu'un sentiment de tristesse inoffensif. Je baissai les yeux alors sur la pierre tombale. Ahmed Amine Khair 1982 - 2007 Les larmes, ces maudites larmes coulèrent encore comme un flot que l'on ne pouvait arrêter… Je sentis le besoin de lui parler, un désir fou, un caprice…Je voulais lui parler. Je commençai alors d'une voie chevronnante entrecoupée de sanglots. « Bonjour Ahmed…Je…Tu me manques beaucoup, pas un jour ne passe sans que je ne pense à toi…Je…Je t'aime toujours autant…Si…Si ce n'est encore plus de puis que tu m'as quitté…Je ne sais pas…Je…Je suis vraiment désolée pour ce qui t'es arrivé…Je m'en veux de t'importuner dans ta… Mais tu dois savoir…Il faut que tu saches que depuis notre…depuis notre séparation, ma vie n'a plus aucun goût…Je ne t'en veux pas…parce que je sais que tu ne m'aurai pas laissé si tu avais eu le choix…C'est la volonté de Dieu et on ne doit pas objecter…Je dois dire que je n'ai pas vraiment eu le temps de te prouver l'ampleur de mes sentiments pour toi…tu es parti bien trop tôt…Je t'ai promis d'aller de l'avant, de vivre ma vie, de…de t'oublier…Je n'ai pas tenu ma promesse…Je n'arrive pas à réaliser que tu sois parti pour toujours…Tu étais mon évidence et tu le restera pour toujours…Je ne t'oublierai jamais…Je t'aime Ahmed…Que ton âme repose en paix. » Je restai agenouillée encore quelques instants, puis je me levai le cœur léger… Me confesser avait finalement servi à améliorer mon état… Je me sentis emplie d'un sentiment de fierté et de sérénité. Cela parait peut être étrange, mais à chaque fois que je visitais la tombe de mon défunt mari, je me sentais revivre… Nous vivions l'incarnation de l'amour parfait, il était ma joie de vivre et j'étais son évidence dans la vie… Mais notre bonheur fut de courte durée et la traîtresse me l'enleva cruellement… Depuis lors je devins une âme errante cherchant la consolation et la paix en creusant dans les souvenirs… Amoureuse du passé, voila ce que j'étais finalement. Avant tout, je suis désolé pour ta grande perte. Il est très difficile de trouver l'âme-sœur, une personne qui vous chérit et que vous chérissez, et je ne peux imaginer ce que ça peut faire que de perdre cette être tant attendu et tant recherché. Mais bon, pleurer tout le temps n'avancera à rien. Je voudrais bien te dire d'oublier, et d'aller de l'avant... mais pour aller où ? Je crois bien que j'aurais la même réaction que tu as eu si je venais de perdre un être cher. Mais, il faut garder à l'esprit que tous on est voué à la tombe, et dans cette humble demeure, ce qui importe c'est ce qu'on a fait de notre vie. Donc, au lieu de vous lamenter sur votre sort, faites quelque chose pour vous rendre heureuse, rendre ceux qui vous entourent heureux... faites quelque chose d'utile de votre vie. Au Fait, Ce petit récit ne me définit en aucun des cas, c'est une de mes connaissances qui a eu à subir cela... Mais en écrivant, je vivais tellement cette situation que je me mettais à pleurer... Perdre un être cher n'est pas vraiment facile et j'en ai déjà fait les frais... En tout cas, c'est très gentil de ta part ce que tu as écrit dans ton commentaire, je tacherai à ce qu'il soit transmis à la bonne personne... Merci ! Désolé pour le malentendu, mais bon, c'est la preuve que ce que tu as écris était vraiment émouvant et venait du cœur. Je te souhaite ne jamais perdre quelqu'un de cher, et je me souhaite à moi de trouver celui que je ne voudrais pas perdre. Comme l'a dit je ne sais qui : On passe la moitié de notre vie à chercher ceux que l'on aimera, et l'autre moitié à les perdre. , j'espère que tu trouveras ceux que tu aimeras, et que tu ne les perdras pas de sitôt... je l'espère pour moi aussi. Ok, bonne chance à toi.