Depuis ce lundi, lundi médiatisé « noir », l'ensemble de la planète financière internationale connaît une montée d'incertitude, et c'est là seulement qu'on peut parler de montée car tout est en chute libre, les taux de fléchissement des indices boursiers sont de loin historiques. Benyamin Shalom Bernanke, président de la Réserve Fédérale ne pouvait se n'empêcher, face à une situation qui lui échappait, le recours à une intervention personnelle du président des Etats-Unis semblait être plus crédible que la politique monétaire. Les porteurs de titres ne retiendront de la sortie médiatique de Bush qu'un aveu clair de "récession" et c'est difficile alors de parler de plan de relance ou d'injection de liquidité. Un ajustement indiciel on s'y attendait depuis que les bulles immobilières ont commencé à se former début avril 2007, un retour à la baisse relevait des mécanismes autorégulateurs du marché, mais une baisse aussi drastique et inattendue… c'est un véritable crash boursier. Bernanke est aujourd'hui pointé du doigt, plusieurs économistes estiment que les réponses discrétionnaires de la politique monétaire à la volatilité boursière est à l'origine d'une euphorie chez les porteurs qui se sont habitués à ce confort de prêteur en dernier ressort que leur assurait la banque centrale ; Bernanke s'est toujours montré souple en matière de maniement des taux directeurs, les spécificités de la sphère financière Etatsunienne lui permettait de réguler l'ensemble de la courbe des taux sans la moindre hésitation devant le risque d'un conflit d'objectifs. Voilà un gouverneur de banque centrale ultramoderne contrairement au français Jean Claude Trichet, président de la Banque Centrale Européenne, qu'on a toujours qualifié de conservateur vis-à-vis des marchés financiers, aujourd'hui il continue encore à défendre sa position et un argumentaire solide n'y manque pas, tant que les fondamentaux ne sont pas touchés la BCE ne réagirait pas, un avis partagé avec d'imminents analystes d'autant plus que le crédit bancaire est en situation saine et que la procyclicité du risque boursier est une hypothèse très faible. Depuis les années 90 et avec l'avènement du choc technologique, un débat s'est ouvert sur la politique monétaire optimale face une crise financière, le débat est loin d'être clos et le crash du lundi le maintiendra encore plus animé et fructueux, n'est-il pas vrai que le marché financier vient de donner une nouvelle leçon, la réponse aux prix des actifs par les taux courts peut empêcher des désastres, mais à la longue cela se résume à une réponse du serpent à sa queue, la confiance se perd et la crédibilité fait défaut, pourtant pilier essentiel d'une banque centrale.