En tant qu'humble cinéphile désirant de voir un vrai cinéma au Maroc, je me permets de critiquer « l'exercice du 7ème art » dans notre chère pays et de livrer mon modeste point de vue tel qu'il est. Avant tout, soulignant qu'il existe bel et bien des œuvres cinématographiques marocaines de qualité, mais hélas, elles ne constituent que des exceptions rarissimes qui dérogent de la règle générales qu'est : la médiocrité. L'idée de cet article m'est venue suite à la projection du film marocain « la vague blanche » dans le cadre du festival Casa Ciné 2007. Commençant par l'épine dorsale de tout œuvre artistique qu'est : Le Sujet où l'Idée. Inutile de rappeler la richesse et la diversité culturelles du Maroc, ce qui donne un large éventail de choix des sujets susceptibles d'offrir une grande marge de manœuvre artistique et qui peuvent –surtout- permettre au cinéma de jouer pleinement son rôle en tant que vecteur de messages nobles. Mais malheureusement, jusque là, nos réalisateurs ont fermé l'œil sur une grande partie de ce potentiel culturel pour entrer dans le traitement d'une série de thèmes très usés (je cite ici l'exemple des films qui traitent des années de plomb qui manquent pratiquement tous d'originalité). Et quoi de plus éloquent dans ce sens que le constat d'absence d'un film autour de la vie de l'illustre héro de la résistance : Mohamed Ibn Abd Al Karim AL KHATTABI et tous les péripéties de la guerre du rif avec toute sa dimension dramatique et humaine. Est-ce qu'on attend - par hasard - qu'un réalisateur algérien s'approprie l'histoire et la met en scène comme bon lui semble ! (Comme fut le cas dans Indigènes, où les soldats algériens ont été présentés comme de vrais guerriers mobilisés pour la cause de libération de la France et les soldats marocains comme simples soldats stupides, cupides et mobilisés par l'argent, fouillant les cadavres en quête des butins tels des voleurs…sans oublier que l'œuvre a été présentée au nom de l'Algérie alors que le Maroc a fournit un grand soutien lors de sa réalisation et que l'essentiel du casting est d'origine marocain). Le deuxième pilier d'une fiction est le Scénario, et là encore notre cinéma pèche (avec un grand P). Tout le monde sait que nous manquons de scénaristes au Maroc, mais est ce là une raison pour confier la tâche (cruciale) de la rédaction des scripts à des « incompétents » ? Et puis, pourquoi ne pas se baser sur la littérature marocaine (arabe et française) et faire du cinéma d'auteur le cheval de bataille pour le décollage du Cinéma marocain ? Dans les salles obscures, la superficialité et la simplicité des répliques dans un film marocain « crèvent l'oreille » ! On s'attache à dire tout et expliquer tout (et souvent c'est du n'importe quoi) en total irrespect de l'intelligence du spectateur. Dimanche dernier, (au cinéma Lynx) on a projeté le film d'animation franco-iranien Persépolis, et tout le monde a été emballé par la profondeur des répliques et la sobriété des dialogues, ce qui a constitué (à côté de l'imagination débordante des réalisateurs) le principal ingrédient de cette œuvre primée à Cannes. A côté du jeu des acteurs et la musique (sur lesquels on peut qualifier la performance de notre cinéma comme moyenne), la construction dramatique constitue un élément dont dépend le degré d'attractivité de l'œuvre cinématographique (beaucoup de modèles ce sont appuyés sur cet axe pour fasciner un large public au niveau international tel que le cinéma asiatique : Corée du sud et Chine notamment…). Et là encore, notre cinéma dévoile toute son incapacité à développer une identité propre et à abandonner les approches traditionnelles de la mise en scène. Et le résultat en est, des films qui se ressemblent par leur banalité et manque d'originalité. Nous avons besoin des films qui choquent, bouleversent, qui tiennent le public en haleine jusqu'à la première ligne du générique. Le cinéma américain (je m'excuse de l'échelle de la comparaison !!!) regorge d'exemples de fictions du genre, qui te poussent à cogiter même après la fin de la projection et peuvent susciter un débat sur Les messages déchiffrés à lire « entre les scènes » et les signes perceptibles via la langue des images. J'estime que le Maroc mérite un cinéma mature et engagé. L'art de cinéma qui acquière de plus en plus d'importance en tant que principale arme de la bataille de troisième millénaire, celle que l'on qualifie de : Guerre culturelle. Said ELMAZOUARI [email protected]