« La lutte contre la déperdition scolaire figure parmi nos priorités » À Tiznit, ville du Sud marocain rendue célèbre par sa source bleue, la vie associative est florissante car les représentants de la société civile dans cette cité ,comme partout ailleurs,ont compris l'intérêt qu'ils ont à se prendre en charge eux-mêmes, et à se tendre la main pour surmonter les difficultés de la vie et participer au développement de leur cité,de leur région et partant de leur pays à travers leur action permanente aux sein de leurs associations quelle que soit leur vocation. Parmi ces associations, il est en une qui est déjà très connue à Tiznit et sa région pour son action inlassable au service de la communauté et dont le rayonnement dépasse les frontières de la province, voire même celles de la Région Souss Massa Drâa. Pour en savoir plus sur cette jeune et dynamique association,nous nous sommes entretenu avec sa présidente, Mme Annouzha ABAKARIM, professeur d'anglais dans un lycée qualifiant de la ville. Entretien. Le Journal Agadir : Mme la présidente, voulez-vous d'abord nous dire quand a été créée votre association ? -Mme Abakarim : Hiya Wa Howa Siyane est une association à vocation sociale, culturelle et éducative. Elle a été créée le 18 octobre 2003. -Qui sont les personnes qui prennent part avec vous à ce projet ? Notre association est actuellement constituée de femmes de la région qui ont à cœur de participer au développement de leur pays. Pour l'instant, l'élément masculin est représenté par un professeur, il s'agit de M. Mohamed Barguinou, qui est un membre très actif. -Pourquoi l'avoir appelée : « Hiya Wa Howa Siyane » ? -Dans notre pays, l'homme et la femme sont égaux « siyane », c'est-à-dire qu'ils ont les mêmes droits et les mêmes devoirs, d'où le choix de ce nom. -Venons-en maintenant aux objectifs de l'association, si vous le voulez bien quels sont-ils ? -Nous sommes très attachés aux principes et aux valeurs sacrées qui unissent tous les marocains. Et nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour lutter contre ce qui pourrait leur porter atteinte afin que les hommes et les femmes de ce pays puissent continuer à vivre dans la concorde. Nous luttons contre la pauvreté, l'exclusion, la précarité et l'ignorance à travers des actions de proximité bien ciblées et des campagnes de sensibilisation aussi bien en milieu urbain qu'à la campagne. Nous essayons également d'apporter aide et soutien à nos semblables qui sont dans le besoin et ce, en fonction des moyens dont nous disposons. Et comme vous pouvez le constater, notre champ d'action est très vaste .L'association dispense des cours d'alphabétisation à une centaine de femmes. Et dans le cadre de sa participation à l'Initiative Nationale pour le Développement Humain et à sa mise en œuvre sur le terrain, elle a mené une campagne d'explication du discours royal du 18 mai 2005, en langue amazighe. Et dans ce cadre, nous avons tenu plus de 15 rencontres dans les communes de la province de Tiznit. Il arrive même qu'on organise plus d'une rencontre dans la même commune. Plus de 1500 femmes ont bénéficié de cette opération. Nous offrons aussi le gîte et le couvert aux femmes en situation précaire. L'aide aux enfants démunis ou en situation difficile figure parmi nos préoccupations. Plus de 120 enfants ont adhéré à notre association et bénéficient de cours d'éducation physique, d'initiation au football et d'éducation à la citoyenneté. Hiya Wa Howa Siyane est toujours à l'écoute des citoyens qui font appel à ses services pour les orienter ou les aider, dans la mesure du possible, à surmonter leurs difficultés. La lutte contre la déperdition scolaire figure parmi nos priorités .Et à ce propos, nous avons réalisé une étude sur l'éducation non formelle. Il y a lieu de signaler que l'association donne des cours de soutien gratuits aux élèves qui en ont besoin. Avez-vous noué des relations avec des associations ou institutions nationales ou internationales qui ont la même vocation ? Nous essayons de nouer des relations de coopération avec des associations et institutions nationales et internationales qui pourraient nous aider dans la réalisation de nos objectifs. C'est dans ce cadre que s'inscrit la convention de partenariat que nous avons signée avec la délégation du Ministère de l'Éducation Nationale le 11 mai dernier. Lors de la cérémonie de signature du premier album de la chorale Hiya wa Howa Siyan, nous avons noté la présence d'un groupe de cavaliers. De quoi s'agit-il exactement ? Effectivement, il s'agit de cavaliers d'Aït Brayim, dans la région de Tiznit, qui sont membres de l'association et que nous avons aidés à se constituer en coopérative agricole : « La coopérative des cavaliers de l'Atlas », qui regroupe des hommes et des femmes de cette région .C'est l'association qui assure le suivi de ce projet .Et puis, il y a aussi la chorale mixte « Hiya Wa Howa Siayne ». Justement, parlons-en. À quand remonte sa première apparition en public ? La chorale s'est produite, pour la première fois à Tiznit, le 15 mai 2004, lors de la célébration de l'anniversaire de la création de l'association. Et à l'extérieur ? Elle s'est également produite à la salle Bahnini au Ministère de la Culture à Rabat, le 24 décembre 2004, lors de la cérémonie d'ouverture du XIIe congrès de l'Association Marocaine pour la Recherche et l'Echange Culturel. Et à la télévision, en a-t-elle déjà eu l'occasion ? Oui, le lundi 20 juin 2005, dans le cadre de l'émission Tifawine produite par la SNRT (Société Nationale de Radio et de Télévision). Est-ce qu'elle a déjà enregistré ses chants ? Oui, Le premier album est sorti le 10 août 2005 à l'occasion de la Fête du Trône. Il comprend six chansons en langue Amazighe : Dari daroun, daroun dari (Ma maison est la vôtre et votre maison est la mienne), Tamazirt Inou (Mon pays), Tifinagh (Tifinagh), Raddi Ighli Ayour (La lune va monter), Ajjat Toudart Atfalki (Laissez la vie devenir belle), Our Nra Walou (Nous ne demandons rien). C'est l'association, elle-même, qui l'a produit et qui en assure la diffusion. Lors de son passage à l'IFA ( Institut Français d'Agadir), le 14 juillet dernier , en première partie du spectacle « Chants d'Opéras et d'ailleurs » du Chœur d'enfants de l'Opéra National de Paris,la chorale a chanté uniquement en langue Amazighe. Est-ce à dire qu'elle ne chante jamais en Arabe ou dans d'autres langues ? Non, pas du tout. La chorale Hiya Wa Howa Siyane chante également en Arabe. Elle a déjà interprété une chanson sur le thème de l'INDH (l'Initiative Nationale pour le Développement Humain) à la maison des jeunes de Tiznit, lors de la cérémonie organisée par l'association à l'occasion de la célébration du 50ème anniversaire de l'Indépendance. Je peux vous citer aussi les chants de la « Fête de l'Indépendance »et de « l'Ecole » qu'elle chante en Arabe. Il y a des chants en amazighe qui n'ont pas encore vu le jour. Notre chorale pourrait très bien chanter dans d'autres langues, pourquoi pas ? Qui écrit les textes et compose la musique des chants que la chorale interprète ? C'est moi-même qui écrit les textes des chants et en compose la musique .Et je dois vous avouer que j'ai commencé à faire de la poésie et à écrire des chants à la même époque où a été créée l'association. Dans nos chants, nous abordons des thèmes en accord avec les objectifs de l'association Hiya Wa Howa Siyane. Aussi ne seront-ils jamais chantés en dehors de ce cadre. Vous venez de participer à « Ousfane n'tamount » (les retrouvailles) organisés par l'association d'Aguerd Oudad- Tafraout. Comment le public de cette localité a -t-il réagi ? Je dois d'abord préciser que nous devions participer au festival Tifawine à Ammeln-Tafraout. Malheureusement, l'hébergement de la chorale n'y était pas assuré, ce qui a eu pour conséquence l'annulation de notre participation. Et pour en revenir aux journées organisées à Aguerd Oudad, la prestation de la chorale a été très appréciée du public. D'ailleurs, le président de l'association organisatrice nous a chaleureusement félicité pour les moments de joie et de bonheur que nous avons offerts à l'assistance qui a été très fortement impressionnée par la qualité du spectacle, la discipline et l'excellente présence en scène de nos jeunes choristes. Il va sans dire que gérer une association comme la vôtre, ne doit pas être une mince affaire. Comment cela se passe-t-il ? Tout à fait. Et c'est d'autant plus vrai que le siège de l'association que nous avons doté d'une bibliothèque, est ouvert tous les jours, de 8 heures du matin à 9 heures du soir. Quoi qu'il en soit, notre travail porte déjà ses fruits et c'est l'essentiel. Quelle est l'adresse de l'association ? -La voici : Association Hiya Wa Howa Siyane, 219, bloc B CIFM Assâada 85000 Tiznit (Maroc). Quant aux numéros d'appel, c'est le 028.86.15.35 pour le téléphone fixe et le 071.05.83.81 pour le mobile. Une dernière question. Quels sont vos projets d'avenir ? Il reste encore beaucoup à faire dans ce beau pays qui est le nôtre. Notre association a des projets en vue qui vont tous dans le sens de la réalisation des objectifs qu'elle s'est fixés. Nous continuerons donc à apporter notre modeste contribution à l'effort entrepris dans le domaine socio-culturel et éducatif avec sérieux et abnégation. Propos recueillis par M'bark CHBANI Source : Journal AGADIR n° 50 septembre 2006 p 15, Directeur en chef : M. Jawad BELAABASS,GSM : +212.61.89.88.83Tel/Fax :+212.28.82.51.14 e.mail : [email protected]