Les revendications des habitants de la ville de Sidi Ifni ont-ils été détournées pour déboucher sur une grave tension ? Pourtant, la ville est en chantier depuis les événements d'août 2005. "Les Aït Baâmrane sont célèbres pour avoir pris les armes face à l'ennemi et non en jetant des pierres aux représentants des institutions". C'est par cette phrase qu'une source associative à Sidi Ifni réagit aux derniers événements survenus récemment dans cette petite ville. Certes, le malaise social, qui mine cette dernière, personne ne le nie. Mais, les autorités locales s'interrogent, elles, sur le timing et réelles motivations des événements du vendredi dernier en évoquant de manière allusive le "secrétariat local" constitué de l'association des diplômés-chômeurs et d'une frange de partis de la gauche radicale. Surtout quand ce "secrétariat" affirme détenir le droit de traduire l'Etat marocain devant la Cour de La Haye, voire recourir à l'ONU comme cela avait été scandé lors de la marche du vendredi 30 juin 2006 qui a dégénéré en jets de pierres contre le gouverneur de Tiznit et le haut-commissaire aux Anciens combattants, Mostafa Ktiri, entre autres personnalités. «J'ai eu l'occasion de travailler sur un ensemble de 75 dossiers et je juge que la ville a d'autres préoccupations encore plus importantes», affirme, pour sa part, Abdejabbar Kastalani, député PJD de Tiznit. Ce dernier cite par exemple le problème de l'assainissement qui représente une vraie menace pour toute la ville, mais affirme que tout n'est pas aussi noir. «Il faut, entre autres, signaler que l'hôpital de Sidi Ifni est nettement mieux équipé que l'hôpital provincial se trouvant à Tiznit», ajoute M. Kastalani qui émet le souhait de voir les mécontents brandir de "vraies revendications". Ce qui n'est pas l'avis d'un acteur de la société civile de la ville. « Certes, les infrastructures sont importantes, mais, pour vivre, la population a besoin de travail », explique-t-il. Rien n'a été fait pour cette localité depuis les promesses de l'été dernier ? Une source à la préfecture de Tiznit affirme que d'énormes chantiers ont été ébauchés ou sont en cours de l'être. C'est le cas pour la route, en construction, reliant la ville à Tan-Tan, la mise du port sous la tutelle de l'ODEP (Office d'exploitation des ports), mais aussi d'une grande usine de poisson, en chantier également. La préfecture de Tiznit a par ailleurs mis, à la disposition des diplômés-chômeurs un ensemble de magasins de commerce à Agadir. Sauf que les concernés ont demandé à en faire la distribution eux-mêmes. Pour remédier aux problèmes, ce sont les notabilités de la ville et des acteurs associatifs qui ont pris sur eux d'organiser une rencontre pour calmer les esprits et présenter des excuses à Bouchaïb Souilem, gouverneur de Tiznit. Là aussi, cette réunion du lundi ne s'est pas passée dans la sérénité puisque la surenchère était de la partie. Cela étant, Sidi Ifni dispose de grands potentiels notamment en matière de tourisme et surtout avec la proximité de sites reconnus mondialement pour leur attrait (la Plage blanche, entre autres). «Une initiative comme "Moukawalati" serait la bienvenue dans cette ville», note un responsable associatif. «Que le gouvernement y dépêche une nouvelle délégation interministérielle serait encore mieux», ajoute-t-il. Sidi Ifni compte un peu plus de 20.000 habitants dont une infime partie demande le rattachement à la région de Guelmim-Smara par le biais d'une nouvelle préfecture.