Certains milieux ont essayé de donner une lecture biaisée à la dernière manifestation de Sidi Ifni. Les revendications sociales légitimes d'une population pacifique auront été détournées à des fins politiciennes. ALM fait le point avec M. El Kastalani, député PJD de Tiznit. Dimanche 7 août, des centaines d'habitants de Sidi Ifni ont manifesté dans les avenues de cette petite ville pour protester contre la marginalisation de cette localité et brandir une série de revendications à caractère social. La manifestation avait dégénéré au moment où, selon la version officielle, les forces de l'ordre dépêchées sur place ont été prises à partie par une frange de manifestants. D'où une intervention, qualifiée de « musclée », pour ramener le calme et rétablir l'ordre. Selon les informations recueillies sur place par ALM, aucune arrestation n'a été effectuée dans les rangs des manifestants sinon celle de trois personnes appréhendées et libérées après interrogatoire sous supervision d'un psychiatre. Que s'est-il passé alors ? Pour le député PJD de Tiznit, Abdeljabbar El Kastalani, il s'agit de revendications sociales légitimes qui ont été utilisées à des fins politiciennes et électoralistes. Ledit député ne veut pas aller plus loin dans son commentaire, mais, à en croire d'autres sources, il s'agirait de la volonté de quelques personnes, se revendiquant des notabilités de la ville, qui aimeraient voir Sidi Ifni passer au rang de préfecture, mais surtout rattachée à la région de Guelmim-Smara. De cette manière, explique une source au fait du jeu et des enjeux politiques dans cette localité, il deviendrait possible pour ces personnes de mettre la main sur les instances élues de la région et notamment sur le conseil régional de Guelmim Smara. Pour faire avaler la pilule aux populations de Sidi Ifni, ces mêmes milieux auront martelé que la solution passerait par un «statut» de préfecture. Ce sont d'ailleurs ces mêmes personnes qui auraient toujours dissuadé des hommes d'affaires, originaires de Sidi Ifni, d'investir dans cette ville. Le dernier exemple en date, affirme une autre source locale, est le projet de construction de deux stations services. Projets initiés mais qui n'ont jamais vu le jour. Et à notre source de s'interroger sur le pourquoi de la chose. Pour El Kastalani, les autres problèmes de la ville, les vrais, ont souvent fait l'objet de plusieurs questions adressées aux membres du gouvernement que ce soit en ce qui concerne les infrastructures de base ou les services à caractère social. Le député rappelle notamment, au sujet de la polémique suscitée autour du port de la ville, que Karim Ghellab a promis de s'y déplacer à trois reprises. Engagements jamais respectés par le ministre de l'Equipement et du Transport, affirme El Kastalani qui promet de revenir à la charge à l'ouverture de la prochaine session parlementaire. Mais, ce qui fait sortir le député islamiste de ses gonds sont les accusations portées contre les manifestants par plusieurs médias qui ont essayé de donner une teinte séparatiste à la manifestation de dimanche dernier. Ce dernier vient d'ailleurs de rendre public un communiqué où il condamne cette autre tentative de désinformation, n'hésitant pas à épingler le quotidien «Attajdid» pour un commentaire publié dans l'édition de lundi dernier. « Il est inadmissible d'accuser de telles velléités les tribus des Aït Baâmrane connues pour leur attachement à la dynastie alaouite et à l'intégrité territoriale », nous déclare Abdeljabbar El Kastalani. Aux dernières nouvelles, le calme règne sur Sidi Ifni et les forces de l'ordre dépêchées sur place ont pleinement respecté leurs engagements via un agenda arrêté d'avance. Plus encore, le gouverneur de Tiznit a rencontré des notables de la ville à maintes reprises et d'autres rendez-vous sont programmés dans les jours à venir. Le 25 de ce mois, nous assurent des sources de Sidi Ifni, un haut responsable ira à la rencontre des représentants des habitants lors d'une réunion, affirme-t-on, ouverte à tout le monde pour des séances de dialogue. Sidi Ifni comptait 19.000 habitants selon les résultats du recensement de 1994. Selon ceux du recensement de 2004, ce nombre a été diminué de quelques centaines de personnes.