Au gré des vents qui soufflent je me suis laissé entraîner, délaissant ma chère page blanche, si pure et si simple... emportée par la frénésie d'un monde dérisoire tellement noir et compliqué ! Pardonnez-moi tous ! Toi mon stylo qui tant de fois entre mes doigts à supporter colère et irritation, qui tant de nuit entre mes mains à sue m accompagner dans mes joies, mes pleurs et mes délires les plus fous. Du confident à l'ami, du frère à l'allié, et de l'amoureux au compagnon, toujours tu comblais le vide dont j'aurai pu manquer ! Toi mon cahier, mon complice ! J'étalais en toi mes journées entières, du beau au mauvais, du surprenant au ridicule tu m'acceptais telle que j'étais : heureuse malheureuse satisfaite boudeuse, j avais toujours un refuge pour m accueillir. Des bras secourable que je ne trouvais guère chez les humains ! Et vous mes mots ! Ceux cocasses qui me font sourire, ceux savoureux qui me font grossir ! Et les purifiées de quelque larmes effacés, et les jamais prononcés de quelques traits imprégnés... des mots usés par des amours déjà oubliées des mots sans garantie, sans bail qui traînent comme je traîne mon ennuie ! Il y a les mots fiers et orgueilleux qui s'élèvent contre ma personne, les mots timides et craintifs qui s'infiltrent sous mes airs arrogant, et ceux qui d'un tendre câlin frôlent ma page y semant plaisir et désir. Oh mes mots vous comblez les vides et vous brisez les silences, vous gueulez à la face du monde votre dégoût, et vous crachez à la face des gens votre antipathie. Rebelles, révoltés vous aspirez à cette liberté tant tracée au fil des lignes des pages et des livres ! Et seul un point fatal osera signer votre fin. Pardonnez moi tous ! Qu'au nom de ces joies partagées et de ces peines endurées, de ces secrets dévoilés et de ces souvenirs étalés, pardonner mon abandon et mon silence ! Je vous nomme désormais compagnons d'aujourd'hui et de demain. A.Bouabdellah