J'bilou, mon ami, un jour m'a dit : « De nos jours, c'est très rare de voir un coq se moucher le bec. Car ce geste, le plus simple qu'il soit, est susceptible d'attirer l'attention des vétérinaires et de l'entraîner ensuite à l'holocauste aviaire. Un coq ne peut pas tremper aujourd'hui, son joli plumage et sa crête de couleur pourpre dans l'eau réservée à boire. Ce n'est pas parce qu'il n'en a pas envie, mais c'est parce qu'il a peur d'attraper un rhume surtout qu'il fait froid ces derniers jours. Au début de la panique mondiale provoquée par ce virus ‘volant', je ne me rappelle pas exactement laquelle de nos deux ‘chères' télévisions (RTM ou 2M) a rapporté une enquête réalisée près du LAC ROUMI (Dayet Roumi). C'était amusant d'entendre dire un des habitants des parages qu'il a confié sa poule suspecte aux services compétents et qu'ils lui ont dit -après examen fait- « qu'elle est bonne ! » (Selon les paroles du propriétaire de la poule). A-t-on examiné la poule in vivo, in vitro ou in tajine ? ! Alors qu'une poigné d'oiseaux étaient trouvés pattes en l'air à cause disait-on du froid, je trouve que ces coïncidences glaciales ont joué en faveur de la version officielle et de cette poule qui au lieu de passer presto à l'holocauste a eu le privilège d'avoir été cuite à petit feu dans un joli tajine bien décoré. Comme si par hasard, notre pays est immunisé contre ce virus et que peut être à force de consommer du poulet, qui reste bien moins cher que la viande rouge à 65 DH le kilo, nous avons contribué -sans le savoir- à nous auto-vacciner ! Revenons à notre poulet Roumi (frère du beldi) ; certes, la meilleure façon de le cuisiner maintenant reste de rajouter dans la tcharmila, en plus du vinaigre et du citron une bonne poignée de Rhinofébral ou de Paracétamol selon les goûts. Comme cela, on prend le poison et l'antidote pour gagner du temps et garantir parallèlement un effet nutritif et pharmaceutique immédiat. L'avis d'un vétérinaire compte désormais beaucoup dans notre hygiène gastronomique. Il me vient à l'esprit l'anecdote qui raconte qu'un jour, un sénateur américain du parti adverse avait dit en se moquant d'un autre sénateur de l'autre parti -qui était réellement vétérinaire de profession- : - on m'a raconté que tu es un médecin de bétail !! Le sénateur-vétérinaire lui répliqua intelligemment : C'est vrai ! Es-tu souffrant ? ! Ceci dit, l'impact de cette crise sur l'industrie de volaille n'a pas encore révélé toutes ses facettes et a mobilisé tous les vétérinaires du pays. Dans ce cadre, j'ai appris dernièrement que quelques membres du gouvernement, et pour encourager les gens à consommer du poulet, ont eu le courage d'en manger aux bords d'un autre lac et non pas aux bords de celui près duquel réside le propriétaire de la ‘bonne poule' et où également les quelques oiseaux ont été retrouvés congelés ‘naturellement‘ et pattes en l'air. Ceci, estime-t-on, doit libérer les gens de leur peur et augmenter leur appétit pour les poulets. Mais chose qu'on ne sait pas encore, c'est que les Marocains préfèrent le virus du poulet à 10 DHS le kilo qu'à celui de la vache folle à 65 DHS. Que Dieu protège nos poulets et notre pays ! Demain, je te parlerai des bus marocains » A demain alors avec J'bilou. Voir en ligne : J'bilou : Sagesse d'un fou ! - Grippe aviaire -