Lorsqu'on signe un contrat de disques à 16 ans et qu'on est une fille plutôt jolie, on a de fortes chances de se retrouver en mini-jupe et avec des talons compensés sur la pochette de son premier album. Mais voilà, Avril Lavigne, qui n'a pas la langue dans sa poche et qui fait preuve d'une maturité étonnante pour une fille à peine sortie de l'adolescence, a choisi de cracher ses états d'âme sur de la musique pop-rock, guitare à l'épaule. Elle veut d'abord être elle-même. Pas une autre princesse de la pop préfabriquée. « Il serait plus simple d'être une artiste pop, explique-t-elle. Mais je me suis donné un défi plus grand à relever et différent. Sur scène, je ne tiens pas à chanter des refrains qui ne font que rimer, en soutien-gorge ! J'ai d'ailleurs fait savoir à la compagnie de disques (Arista), en signant mon contrat, que je ne voulais pas changer. Les jeunes vont ainsi pouvoir s'identifier à moi et à mes chansons, car je suis vraie et honnête. Une punk kid. Je ne suis pas du genre à faire la belle devant les caméras. » En fait, lorsqu'on joue au jeu des comparaisons, c'est d'abord le nom d'Alanis Morissette qui nous vient en tête. À cause de sa voix légèrement éraillée et de sa fougue. Suffit de regarder le vidéoclip de la chanson Complicated, premier extrait de son premier album, Let Go, qui sera lancé le 4 juin. « C'est inévitable, tous les artistes se font comparer et je n'aime pas vraiment ça. La ressemblance avec Alanis revient souvent. Probablement parce que je suis Canadienne, que ses paroles sont vraies et parfois virulentes. J'aime écrire sur mes relations amoureuses, l'amitié et les épreuves vécues. L'adolescence est une période difficile à passer. ». Surtout lorsqu'on vit dans un village de 5000 habitants (Napanee, en Ontario), « où tout est à une heure en voiture ». Car Avril Lavigne a beau avoir un nom francophone et des grands-parents à Saint-Eustache, elle s'exprime d'abord dans la langue de Blink 182. Même lorsqu'elle rend visite à grand-papa et grand-maman. « Je sais quelques mots en français comme « merci » et « bonjour ». Mais je compte bien m'y mettre un jour. » Rien n'est impossible lorsqu'on aime jouer avec les mots. Avril Lavigne a d'ailleurs composé toutes les chansons de Let Go. « J'aime écrire et je ne veux pas chanter les paroles des autres. La compagnie de disques doutait au début, mais elle m'a tout de même donné la chance de le faire. On était tous contents du résultat. » Un autre signe de maturité ? On n'est pas étonné d'apprendre qu'Avril Lavigne est autodidacte, qu'elle n'a jamais suivi de cours de chant ni de guitare et que l'idée de déménager temporairement à New York et Los Angeles pour composer et enregistrer ses chansons ne la rebutait pas. Il faut l'entendre s'exprimer de façon posée. À 17 ans, est-elle plus une adolescente ou une adulte ? « Définitivement une adulte ! J'ai vraiment grandi en quelques mois. Je ne peux tout le temps compter sur ma mère pour me faire mes repas, comme la plupart des gars et filles de mon âge. Dans ce milieu, on prend tellement de décisions importantes tous les jours. Je n'ai eu, par exemple, que deux minutes pour choisir le concept du vidéoclip de Complicated (un après-midi de folies avec des amis dans un centre commercial). J'avais toutes ces feuilles devant moi... » « Il y a des gens malhonnêtes et peu sincères dans ce milieu. Il faut être constamment aux aguets. On aurait souvent pu prendre avantage du fait que je sois jeune, mais j'ai vu venir les coups. Et je suis quand même bien entourée. Je fais confiance à Network Management (qui gère les carrières des Barenaked Ladies, Sarah McLachlan, Sum 41 et Coldplay). On ne veut pas faire de l'argent sur mon dos, mais m'aider à mener une longue carrière, alors que la maison de disques veut d'abord que les artistes vendent des albums. J'apprécie qu'on me laisse prendre des décisions ; on pourrait m'imposer tellement de choses. » Si Avril Lavigne a mis les deux pieds dans le métier aussi vite, quitte à abandonner précipitamment l'école, c'est que le chant et la scène l'intéressent depuis son tout jeune âge. Du temps où elle chantait à l'église, dans des chorales, dans des foires. À Napanee et ses environs. « On a commencé à parler de moi dans les journaux, puis des gens de l'industrie m'ont rencontrée. On m'a envoyée à New York, et Arista m'a remarquée quand je travaillais en studio. » C'était il y a un an et demi. Elle venait d'avoir 16 ans. Certains se seraient sentis bousculés. Pas Avril Lavigne. « Elle a toujours été déterminée, confirme Denise, sa grand-mère, présente avec elle lors de l'entrevue qui s'est tenue récemment à Montréal. Elle sait ce qu'elle veut. Elle a toujours aimé chanter. Je suis contente que ça marche aussi vite pour elle. » « Mes parents m'appuient aussi, car ils savent que je rêve depuis toujours de faire ce métier. Ils voulaient que je continue à suivre des cours par correspondance. Mais je n'ai pas le temps. Si ma carrière ne mène nulle part, je pourrai toujours y retourner. Mais je crois en moi... et je n'y tiens pas vraiment ! » Source : http://www.bestofsongs.com