Le sol est la partie superficielle de la croûte terrestre. A l'échelle de la planète, cela ne représente qu'un fine couche ; mais l'agriculteur ou le forestier en saisissent bien l'importance. C'est dans le sol que germent les graines ; dans le sol, aussi, que se recycle la matière organique. La formation d'un sol s'appelle la " pédogenèse". C'est une évolution très lente qui transforme une roche en un matériau meuble, organique et fertile. Pour que cette pédogenèse puisse exister, plusieurs conditions sont nécessaires : une certaine stabilité de la zone (protégée de l'érosion et des éboulements) et un climat permettant la mise en place d'une végétation et d'une faune. Pédofaune : Un mètre carré de sol de prairie abrite en moyenne 260 millions d'animaux, soit une biomasse d'environ 150 g. On voit qu'il s'agit surtout d'organismes de très petite taille. Cette faune est extrêmement diversifiée : un mètre carré de sol d'une forêt de hêtre peut contenir plus de 1 000 espèces d'invertébrés. Cela mérite qu'on y regarde d'un peu plus près ! On classe les animaux du sol, ou pédofaune, en quatre catégories, selon leur taille. Les organismes inférieurs à 0,2 mm constituent la microfaune : des centaines de millions de Protozoaires et de Nématodes par mètre carré, ainsi que quelques espèces de Rotifères et des Tardigrades. Ces organismes minuscules vivent dans l'eau interstitielle du sol. Pour survivre en cas de sécheresse, certains forment des kystes, d'autres se mettent en état d'anhydrobiose (vie latente permettant de survivre à la perte de plus de 95% de l'eau corporelle), et ne se remettent en activité que lorsque les conditions d'hydratations sont bonnes. La mésofaune : entre 0,2 et 4 mm, rassemble les microarthropodes : Acariens et Collemboles grouillent dans le sol, à raison de plusieurs milliers par mètre carré. Pseudoscorpions, Protoures, Diploures et petits Myriapodes vivent également dans le sol. Chez les vers, de grands Nématodes et les Enchytréides entrent dans cette catégorie. La macrofaune : composée des animaux entre 4 et 80 mm. Ce sont les vers de terre, des larves d'insectes, des insectes qui habitent le sol toute leur vie comme les Fourmis ou certains Carabes, des Cloportes, des Myriapodes, des Limaces et Escargots, des Araignées et Opilions. La mégafaune réunit les animaux du sol de plus de 10 cm : les Vertébrés (des mammifères, des reptiles et des amphibiens) qui utilisent le sol comme abri ou comme habitat. On distingue également les habitants du sol selon la façon dont ils l'occupent : certains n'y vivent que de façon temporaire, soit qu'ils y réalisent une partie de leur développement, comme de nombreuses espèces d'insectes, soit qu'ils s'y abritent de façon journalière ou saisonnière. D'autres animaux ont un mode de vie édaphique permanent : ils ne quittent jamais le sol, mais ils peuvent n'y être actifs que périodiquement. Tous ces animaux, vaquant à leurs occupation souterraines, interagissent avec leur milieu : ils creusent, grattent, retournent la terre, ils mangent, selon les espèces, des racines, d'autres bestioles vivantes ou mortes, des crottes, des débris végétaux ou de petits fragments organiques, ils se reproduisent, ils se font manger. Ces activités ont un impact sur la structure et la composition du sol.. Les animaux saprophages, en se nourrissant de débris végétaux ou animaux, participent à la décomposition de la matière organique et au renouvellement du sol. Les galeries et les chemins creusés aèrent le sol et augmentent le drainage de l'eau ; ce travail de bioturbation (action mécanique qui remue le sol) permet également de disperser les éléments minéraux et organiques dans les différentes couches du sol. La faune du sol ou pédofaune est généralement bien mal connue, même et y compris des jardiniers ou des paysans. Bien sûr, tous connaissent les vers de terre, beaucoup ont observé des " mille pattes " ou des " vers blancs ", quelques autres sauront dire les dégâts que leur causent les taupins ou les noctuelles, bien peu connaissent, même de nom, les collemboles, les nématodes ou les tardigrades, mais tous marqueront leur incrédulité quand on leur dira le poids par hectare de toutes ces bestioles. La faune du sol est extrêmement nombreuse. Bien que très variable d'une saison à l'autre ou d'un sol à l'autre, on peut estimer que son poids à l'hectare est en moyenne de 2.5 tonnes. Dans certains sols, soit naturellement riches en matières organiques, soit enrichis en fumier, compost ou résidus de récoltes, ce poids atteint 5 tonnes à l'hectare et même davantage. La faune du sol est très variée. La plupart de ses représentants sont des animaux microscopiques (quelques dixièmes de millimètres) : des protozoaires (amibes nues, amibes à thèque, flagellés, ciliés), des tardigrades, des rotifères, des nématodes, des acariens. D'autres sont des animaux qu'on attribuera à la microfaune (moins d'un centimètre) : divers insectes, surtout leurs écophases larvaires, (collemboles, diptères, coléoptères, lépidoptères, etc.), des myriapodes, des isopodes, des vers enchytræidés, des pseudo-scorpions, etc. Enfin, un certain nombre d'espèces fera partie de la macrofaune (imago d'insectes, vers de terre lumbricidés, mollusques, arachnides, reptiles, micromammifères rongeurs et insectivores, etc.). La faune du sol est en équilibre. Toutes les relations, plus aisément observables chez les grosses espèces terrestres ou aquatiques, existent au sein des biocénoses du sol : prédation, parasitisme, symbiose, etc. Chaque espèce occupe une niche qui lui est propre et joue donc un rôle particulier dans les échanges globaux d'énergie et de matière dans le sol. Mais cet équilibre est fragile. Le plus souvent, ces animaux sont eurybiotes, c'est-à-dire qu'ils sont extrêmement sensibles à de faibles variations de pH, d'humidité, de température, d'aération ou de la teneur du sol en minéraux et en matières organiques.