Les Mammifères Un mammifère souterrain ? La taupe, bien connue des jardiniers, nous vient spontanément à l'esprit. Elle seule, dans les régions tempérées, ne quitte jamais ses galeries. Mais bien d'autres mammifères s'abritent dans le sol. De nombreux petits rongeurs (campagnols, mulots, souris) et les musaraignes creusent eux aussi des réseaux de galeries. Les petits mustélidés (belette, putois, hermine) s'y glissent pour les chasser, et occupent parfois des terriers abandonnés. Le Blaireau commun (Meles meles), un mustélidé bien plus imposant, est muni de griffes puissantes avec lesquelles il laboure le sol à la recherche de larves, vers de terre, racines, petits mammifères... Il creuse un réseau complexe de galeries où il s'abrite durant la journée Le renard (Vulpes sp.), lui aussi, s'abrite le jour dans son terrier et y met bas. Les muscarinidés (lérot, loir, muscardin) hibernent et mettent bas dans des terriers également. N'oublions pas les lagomorphes qui creusent des réseaux de terriers, dont l'une des chambres, la "rabouillère", destinées aux jeunes, est souvent visitée par les carnivores friands de lapereaux. Le hérisson emprunte parfois un terrier abandonné pour hiberner, mais se contente tout autant d'un tas de feuilles. La Loutre commune (Lutra lutra) met bas sur un simple lit de joncs, mais creuse ensuite dans la berge une "catiche", terrier dont l'entrée se situe sous l'eau, muni d'une cheminée d'aération et d'une sortie de secours, pour y abriter ses petits. Toute la famille déménage en cas de crue inopinée. Le Castor européen (Castor fiber), à la différence de son cousin canadien (Castor canadensis) qui bâti les célèbres huttes de branchages, préfère les terriers discrets creusés dans la berge. Enfin, l'ornithorynque, décidément problématique, est capable de fouir malgré ses pattes palmées et creuse lui aussi des terriers dans les berges. La plupart des marmotinés ('ornithorynque), vivent en colonies de plusieurs dizaines d'individus. Quelques guetteurs surveillent les alentours, et sifflent au moindre danger. Tous se précipitent alors dans les nombreux orifices des galeries souterraines qu'entretient la colonie Plus exotiques : les caviomorphes d'Amérique du sud (groupe des porcs-épics, des ragondins et des cobayes) comptent parmis leurs rangs des espèces fouisseuses comme les tuco-tuco (Ctenomys sp.), de petits rongeurs possédant un système visuel très réduit, et des creuseurs de terriers comme le Mara des pampas (Dolichotis patagonica), petit animal dont l'aspect évoque à la fois l'antilope et le lapin. Parmis les Xénarthres, les étranges tatous sont également d'excellents fouisseurs, capables de s'enterrer en quelques secondes pour échapper à un prédateur. Un drôle d'ongulé africain se cache également dans le sol : l'Oryctérope, ou cochon de terre (Orycteropus afer), possède de longues griffes grâce auxquelles il éventre les termitières et creuse des réseaux de galeries souterraines. L'action de pédofaune sur la pédogenèse La microfaune du sol exerce sur les sols une triple action mécanique, chimique et biologique. Ces trois actions participent à la fois à la formation du sol (pédogenèse) et à l'entretien de sa fertilité. * L'action mécanique. Les animaux dans le sol fragmentent les matières organiques. Les vers de terre les fragmentent grossièrement. Puis, dans l'ordre, les myriapodes, les collemboles, les acariens et enfin les nématodes procèdent à une fragmentation de plus en plus fine. Cette fragmentation a pour effet d'augmenter considérablement la surface d'attaque des matières organiques par les bactéries et les champignons du sol. Le passage de la matière organique dans le tube digestif de ces animaux a pour effet de la mélanger à diverses sécrétions intestinales, à des colloïdes humiques ou des gelées cytophagiennes. Il s'ensuit la formation d'agrégats stables dont les plus remarquables sont ceux que laissent les lombrics. Tous ces animaux participent au transport actif de la matière organique dans les horizons du sol. En outre, en fouissant, ces animaux améliorent l'aération du sol ainsi que la circulation de l'eau. On estime que les vers de terre assurent à eux seuls plus de 50 % de la macroporosité dans le sol quand le travail mécanique (labour) n'en assurerait qu'à peine un quart. * L'action chimique. Les vers de terre ne se contentent pas de répartir les matières organiques dans le profil d'un sol. Parce que le calcium est indispensable à leur métabolisme, les vers de terre circulent aussi cet élément. On estime que ces animaux, en remontant cet élément vers les couches supérieures, s'opposent au lessivage et par voie de conséquence, à la décalcification des sols. Les déjections des vers de terre sont très riches en potassium, en ammoniaque, en phosphore et en magnésium. Ces éléments sont surtout mieux échangeables et mieux assimilables quand ils ont transité par leur tube digestif que lorsqu'ils sont adsorbés sur les colloïdes argilo-humiques. La faune du sol joue un rôle fondamental d'intermédiaire entre le sol et la plante. * L'action biologique. Tous les animaux dans le sol sont nécessairement microphytophages. La raison en est que les aliments que ces animaux consomment sont obligatoirement couverts de bactéries, de mycéliums ou de cyanobactéries. Il est certain qu'un bon nombre de ces microorganismes sont détruits par les processus digestifs (bactéries saprophytes surtout). Mais il est probable aussi que d'autres de ces organismes, non détruits, sont stimulés au cours de ce transit. C'est probablement le cas des organismes de la microflore humifiante puisque l'on constate que l'humus se forme plus rapidement à partir des déjections animales qu'à partir des débris végétaux n'ayant pas subi de transit intestinal. Le passage de la matière organique dans le tube digestif de ces animaux a pour effet de la mélanger à diverses sécrétions intestinales, à des colloïdes humiques ou des gelées cytophagiennes. Il s'ensuit la formation d'agrégats stables dont les plus remarquables sont ceux que laissent les lombrics.