Les droits élémentaires sont refusés aux filles employées comme domestiques Des dizaines de milliers de filles travaillant comme domestiques au Maroc sont victimes de mauvais traitements physiques et psychologiques ainsi que d'exploitation économique, déclare Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd'hui. Le droit marocain refuse à ces enfants les droits élémentaires du travail, et les autorités punissent rarement les employeurs qui les maltraitent. Il y a un mythe selon lequel ces filles se perfectionneraient en travaillant...La réalité c'est que beaucoup trop de filles finissent par subir des dommages physiques et psychologiques durables. Clarisa Bencomo, enquêtrice sur les droits des enfants à Human Rights Watch Le rapport de 60 pages, “A la maison, en marge de la loi : le cas des enfants domestiques maltraités au Maroc,” documente les cas de filles dont certaines n'ont pas plus de cinq ans qui travaillent 100 heures ou plus par semaine, sans temps de repos ni journée de congé, pour aussi peu que quatre dirhams marocains (40 U.S. cents) par jour. Les enfants qui travaillent ou ont travaillé comme domestiques décrivent des abus physiques et verbaux fréquents, refus d'éducation, de nourriture et de soins médicaux appropriés, et du harcèlement sexuel de la part d'employeurs ou de membres de la famille de leurs employeurs. Certains employés domestiques ont dit que les employeurs les forçaient à travailler contre leur gré en les battant, en les enfermant ou en refusant de payer ceux qui voulaient abandonner. « Il y a un mythe selon lequel ces filles se perfectionneraient en travaillant », a déclaré Clarisa Bencomo, enquêtrice sur les droits des enfants à Human Rights Watch. « La réalité c'est que beaucoup trop de filles finissent par subir des dommages physiques et psychologiques durables. » Jeunes et souvent illettrés, les enfants domestiques manquent souvent des capacités et des possibilités de chercher de l'aide pour quitter les lieux de travail où ils sont maltraités. Mis à l'écart cachés dans des domiciles privés, la plupart ne vont pas à l'école, sortent rarement sauf pour des courses brèves, et n'ont que des contacts peu fréquents avec leurs familles. Quelques filles sont assez courageuses ou désespérées pour prendre le risque de s'enfuir. Mais beaucoup plus supportent les mauvais traitements parce qu'elles n'ont pas d'argent et ne savent pas comment retourner chez elles, parce qu'elles ont peur de leurs employeurs qui les menacent de violences ou de les dénoncer à la police, ou par crainte de se perdre ou d'être attaquées si elles essaient de rentrer chez elles toutes seules. Le droit du travail au Maroc ne régule pas le travail domestique, et les inspecteurs du travail n'ont pas autorité pour pénétrer dans des domiciles privés afin d'enquêter sur des violations de l'interdiction générale du travail des enfants de moins de quinze ans. La police, le Ministère public et les juges font rarement appliquer les clauses du Code Pénal sur les abus contre les enfants travailleurs domestiques. Les programmes gouvernementaux de protection de l'enfance mettent rarement en avant le travail des enfants domestiques, sont mal coordonnés et manquent des fonds nécessaires pour la mise en oeuvre. Peu de programmes s'occupent activement de retirer les enfants des pires formes du travail des enfants y compris le travail domestique, et ceux qui existent ont été en général des programmes pilotes ayant une portée et un succès limités. Human Rights Watch a appelé le gouvernement marocain à faire appliquer l'âge minimum de 15 ans pour tous les enfants qui travaillent, à garantir aux travailleurs domestiques les mêmes droits qu'aux autres travailleurs, éliminer les pires formes du travail des enfants employés comme domestiques, et sanctionner les employeurs et les recruteurs de main d'œuvre qui maltraitent les enfants. Quelques témoignages d'enfants domestiques cités dans le rapport : S'il se passait quelque chose -si je cassais quelque chose ou que je faisais quelque chose mal- ils me battaient avec une chaussure ou une ceinture n'importe où sur le corps. Je ne pouvais pas quitter la maison -ils fermaient la porte à clef quand ils partaient.... Le mari et la femme me battaient tous les deux. Ma famille m'a vue deux fois dans l'année où j'ai travaillé. Ils sont venus me voir à la maison mais la patronne s'est assise avec nous pendant la visite et m'a dit de rien dire de mal sinon elle me battrait plus. Quand ma mère est venue la dernière fois pour me voir, je lui ai dit que je ne resterai plus dans cette maison. J'ai dit “Ou je pars avec toi, ou je me sauverai ou je me tuerai.” Rasha A., 14 ans, décrivant son premier emploi, à l'âge de 10 ans Si quelque chose se cassait, comme des assiettes ou un verre, ils me disaient qu'ils prendraient l'argent sur mon salaire et ils me battaient. Ils se servaient d'un cordon électrique.... Le mari et la femme étaient tous les deux méchants avec moi. Le mari se plaignait si je ne lavais pas bien les habits ou si je n'apportais pas le petit-déjeuner assez vite. Il parlait mal aussi. Najat Z., 11 ans, décrivant un emploi récent [Mon employeur]était une employée [du gouvernement] avec un mari et un enfant de quatre ans et un autre de un an et demi. Ils savaient que je n'avais pas d'endroit où aller et ils ont dit, “Considère-nous comme tes parents.” Ils m'ont demandé ce que je voulais comme salaire et je ne savais pas quoi dire alors elle a dit 200 dirham par mois [environ US$22]. Il fallait que j'amène la fille à la crèche et surveiller le plus petit et faire tout le travail ménager -la cuisine, laver le linge à la main, nettoyer toute la maison. Shadia A., décrivant son deuxième emploi, à 15 ans Source :HRW.Org ( Human Rights Watch )