Les 18 avocats réunis au sein du Comité de défense des détenus du Hirak du Rif ont rédigé une déclaration commune. En substance, ils expliquent qu'après avoir émis des appels à « la prévention », ils reviennent pour émettre un message d'« avertissement », à l'aune des différents rebondissements survenus depuis la confirmation en appel des peines prononcées contre les activistes en première instance. Ils sont au nombre de 18. Le bâtonnier Abderrahim Jamaï et les avocats Mohamed Aghnaj, Asmaâ El Ouadie, Aboulkacem Ouazzani, Abdelkrim Moussaoui, Abdelaziz Nouidi, Ahmed Aït Bennasser, Abdelilah Fechtali Amine, Saïda Rouissi, Anissa Grich, Bouchra Rouissi, Sabah Alami, Khadija Rougani, Fatima Mardi, Zahira Mrabet, Souad Brahma, Naïma Guellaf et Abdelmounaïm Hariri. Formant le Comité de défense des activistes du Hirak du Rif, ils ont décrit le procès, déroulé exceptionnellement devant la Cour d'appel de Casablanca par une décision de la Cour de cassation, comme «malheureusement inspirée des règles de procès des années de plomb » en raison « des circonstances » dont ils ont été témoins au cours des dizaines d'audience en premier ressort et en appel. « La fin fut des peines aléatoires, réactionnaires et sévères avec des décennies de peine contre les détenus dans une atmosphère procédurale corrompue », jugent les avocats. En première instance et en appel, la déclaration commune parle de « revers historiques pour les droits de la défense ». Des arrestations massives des activistes du Hirak aux enquêtes formelles, les avocats réaffirment les allégations de « torture » reprise par les familles des détenus, dans les manifestations saines, et les communiqués d'organisations de défense des droits de l'Homme nationales et internationales. Les mêmes avocats ajoutent que « lors du procès des militants du Rif, le Maroc avait été témoin de la tragédie de l'effondrement des fondements d'un procès équitable d'une manière sans précédent dans la nouvelle ère » et font remarquer une « absence d'efficacité judiciaire », un « mélange de procédures dû à la colère et à l'émotion du président de la Cour ». S'agissant de ce dernier, le Comité de défense estime que ses « excès de colère l'ont amené à traîner le procès dans des labyrinthes, refusant de faire sortir les détenus de la cage qu'ils ont placée à l'intérieur du tribunal ». La déclaration commune indique également que le gouvernement « avait utilisé une lettre de trahison contre les activistes du Hirak » et que « certaines de ses institutions avaient choisi de rester à l'écart de la neutralité et de valoriser l'approche sécuritaire lors du procès de Casablanca ». S'agissant des détenus qualifiés de « politiques », Nasser Zefzafi, Nabil Ahamjik, Mohamed Haki, Zakaria Adahchour, Samir Ighid et Ouassim Boustati, les avocats estiment qu'ils « ont été isolés dans la violence oppressive », avant de déclarer leur renoncement à leur nationalité. Ils rappellent qu'ils ont été suivis par Karim Amghar, en grève de la faim depuis plus de 20 jours, et par Rabii Lablaq qui a déjà protesté contre sa situation de détenu en succédant les grèves de la faim et qui a récemment publié une lettre où il explique son souhait de « se donner en martyr ».