Le bras de fer entre les étudiants en médecine et la tutelle s'est terminé sur un accord plutôt satisfaisant pour les deux parties. Les futurs médecins ont enfin pu regagner leurs amphithéâtres et passer leurs stages hospitaliers, après 6 mois de grève, suite à un accord signé le 28 août entre les doyens des facultés et CHU du Royaume (qui représentent les deux ministères de tutelle) et les représentants des bureaux des étudiants des facultés publiques du Maroc. Quoique les deux ministères de l'Enseignement supérieur et de la Santé aient répondu à l'intégralité des revendications qui constituent le dossier revendicatif des étudiants, l'exécutif n'a pas lâché prise quant au principal point de discorde qui est le concours de résidanat (spécialité) que Anass Doukkali a jugé « inconstitutionnel » de modifier. Pour les points accordés aux futurs médecins, il y a la 6e année pour les étudiants en médecine dentaire qui n'aura pas lieu, pas de mention sur les diplômes des futurs médecins, les étudiants en médecine des facultés privées ne passeront pas le concours d'internat au sein des facultés publiques ni les stages au sein des CHU publics. Toutefois, Ces derniers pourront passer le concours de spécialité au sein des facultés et CHU publics et vice-versa. « Ils nous ont affirmé qu'il était impossible sur le plan juridique de dissocier le concours du résidanat d'une pour le privé et pour le public. On nous a dit que ça doit rester un mix. Tout le monde passe le concours au privé et tout le monde le passe au public. De notre côté, on leur a dit clairement que l'objectif en soi n'était pas l'interdiction, mais plutôt la garantie du droit à la spécialité pour les étudiants du public comme on l'a toujours clamé », a déclaré Hamza Khachane. Dans ce sens, les deux parties ont convenu, pour les 5 ans à venir, d' »une augmentation conséquente des postes de spécialité qui va garantir un nombre important de spécialistes sur le terrain », sans toutefois lâcher les discussions sur ce point. « C'est le seul point qu'on n'a pas obtenu à 100%. Sinon, les deux ministères ont répondu favorablement à l'ensemble de nos revendications », nous a-t-il confié. Autres revendications accordées par la tutelle est la bourse de l'étudiant de la 7e année (appelé faisant fonction) qui effectue leur stage au sein des CHR (centre hospitalier régional) et CHP (centre hospitalier périphérique), et qui sera revu. Alors qu'il ne percevait qu'un salaire « médiocre » de 1.500 dhs par mois, il devrait toucher dorénavant 2.000 dhs. Les faisant-fonction auront pareillement droit au transfert, chose qui leur a été retirée depuis 2017, indique notre interlocuteur. Les deux ministères se sont également engagés à mettre à disposition des étudiants de la médecine dentaire et pharmacie le matériel nécessaire pour leur formation, avec notamment une révision à la hausse de leur bourse. En ce qui concerne l'élargissement des terrains de stage, Hamza nous explique qu'il est impossible, d'un point de vue logistique, de réaliser des travaux au sein des CHU, notamment de Casablanca et Rabat. En revanche, la commission des étudiants en médecine a proposé à la tutelle que l'idéal serait l'extension des terrains de stage au CHR et CHP, et donc les étudiants seront affectés au sein de ces centres pour effectuer leur stage. « Il y a des CHR et CHP bien équipés et bien aménagés et on a vu que l'idéal serait d'envoyer des étudiants pour effectuer leur stage et faire profiter la population de ces centres, en prenant en compte bien sur le fait que les étudiants ne doivent pas être loin de leur domicile et que les professeurs doivent être sur place pour les encadrer », nous explique notre interlocuteur. Quant à la reprise, « il est clair qu'après 6 mois de grève ça ne peut pas être le paradis », lance Hamza à Hespress Fr. « Mais c'est un combat qu'on s'est toujours engagé à assumer. Pour la reprise, on estime qu'elle a été correcte. Les doyens ont fait des concessions ainsi que les professeurs et les étudiants. Les étudiants auront une énorme charge de travail en très peu de temps pour Inchallah finir l'année universitaire à la mi-novembre », poursuit-il. On ne parle donc plus d'année blanche ni de boycott des examens? « il n'y a pas d'année blanche », assure Hamza. En effet, les futurs médecins passeront leurs examens respectifs ce mois-ci. « Quand je parle de concessions de toutes les parties y compris les étudiants, c'est que ces derniers vont quadrupler d'efforts pour rattraper ce qui a été perdu. Aujourd'hui, non seulement on prépare nos examens, mais on effectue nos stages en même temps. Et on a les examens à partir du 20 septembre et la rentrée pour l'année universitaire a été décalée au 8 novembre », nous indique-t-il.