L'arrestation de la journaliste Hajar Raissouni a suscité une grande polémique, aussi bien pour les motifs pour lesquels elle est poursuivie, que de par son appartenance d'une part, à un journal « critique », et d'autre part à une famille de « conservateurs ». Arrêtée pour « avortement illégal et relation sexuelle hors mariage », l'affaire Hajar Raissouni a fait l'objet de toutes les interprétations possibles et imaginables. Elles ont coulé à flots!. Entre ceux qui la défendent et défendent à travers elle les libertés individuelles tout en évoquent (à tort ou à raison) un « règlement de comptes », et ceux qui ont critiqué la journaliste vu qu'elle appartient à un milieu « conservateur ». L'opinion publique s'en est retrouvée littéralement divisée. L'avocat Mohamed El Hini, lui, fait partie d'une autre catégorie, celle qui est avec « l'application de la loi pour tous ». Pour lui l'équation est toute simple; Personne n'est au dessus de la loi. Interrogé par Hespress Fr, Me El Hini a souligné que la journaliste « a reconnu avoir avorté et eu des relations sexuelles hors mariage. C'est écrit noir sur blanc dans le PV« . Alors, s'interroge-t-il, « pourquoi on s'acharne à dire qu'il n'y a pas eu d'avortement ni de relation hors mariage ?». Un cas comme tant d'autres Nombreux sont ceux qui ont défendu la journaliste d'Akhbar Al Yaoum, avançant que l'affaire a été montée de toutes pièces pour qu'elle « serve d'exemple à +presse critique+» au Royaume« , tout en dénonçant « une atteinte à la vie privée et aux libertés individuelles« . Dans un premier temps, Me El Hini a écarté la probabilité d'un règlement de comptes dans l'affaire Raissouni, affirmant qu'une enquête a été menée et que le parquet de Rabat a publié une mise au point où il a dévoilé à l'opinion publique les tenants et aboutissants de cette affaire. « Pourquoi quand des jeunes filles sont arrêtées pour les mêmes motifs que Hajar et la loi est appliquée à leur encontre, personne ne leur prête la moindre attention ? Mais parce que Hajar est journaliste et proche du PJD, on la défend alors qu'elle a tout reconnu devant la police et qu'elle a été arrêtée à la clinique même où elle a subi l'avortement. La loi est claire sur les motifs de son arrestation et s'applique pour tout le monde », a-t-il affirmé. Cet ancien magistrat s'est pourtant posé la question: « Où est le PJD dans cette affaire ? On ne les a pas entendus depuis le début de la polémique. Eux qui sont contre l'avortement quand la vie de la femme n'est pas menacée ». Faux débat D'autre part, Me El Hini a souligné que le débat dans l'affaire Hajar Raissouni « a déraillé ». Tout en insistant sur le fait que l'arrestation de la journaliste n'est en aucun cas un règlement de compte et que les tribunaux au Royaume sont pleins de dossiers d'avortements et de débauche, l'avocat met en avant que « le vrai débat aujourd'hui est sur la révision des lois qui incriminent les libertés individuelles et la vie privée des gens« . Il n'a, cependant, pas manqué de tacler le PJD en avançant que « le parti islamiste au pouvoir a été le théâtre de plusieurs scandales sexuels, alors qu'il n'arrête pas de faire la morale aux pauvres citoyens sur leur conduite. Il est temps que les PJDistes arrêtent avec leur discours hypocrite et se penchent sur les vraies questions sociétales, notamment les libertés individuelles et la protection de la vie privée des citoyens ».