Août est là. Le 3e mois de l'été se veut comme la haute saison pour les saisonniers qui vivent des beaux jours. Cela dit, l'une des activités qui « fleurissent » le plus durant la période estivale est sans doute la location immobilière. Chacun y trouve son compte, quoique l'anarchie règne sur cette activité. Que ce soit de la part de Marocains, de MRE ou de touristes étrangers, la location de biens immobiliers à travers les différentes régions du royaume attire tout ce beau monde. L'activité touristique au sein du royaume est à son top actuellement, notamment dans certaines villes comme Tanger, Tétouan, Chefchaouen, Marrakech et Agadir, etc. Cela dit, une certaine anarchie règne sur le secteur de la location immobilière. Si les établissements classés et les plateformes de location touristique proposent des offres « spéciales » pour l'été, la location de particulier à particulier s'avère être plus intéressante du côté des consommateurs, quoique celle-ci est sous la merci de l'anarchie. Une anarchie sous le signe de l'offre et la demande En effet, nous avons pu constater dans le nord du royaume, notamment dans des villes comme M'diq ou Fnideq, des personnes avec des clés au bout du bras. Ceux-ci sont des loueurs de biens appartenant à des tiers, et qui gagnent leur vie à travers des commissions sur les biens loués. Ceux-ci ont évidemment une grille tarifaire, qui change selon les saisons et l'affluence touristique. Nous avons pu constater que le prix de certains biens, loués à 450 dirhams la nuit en septembre, passe à des prix variant en 1400, 1800 et 2000 dirhams la nuit durant le mois d'août. Interrogé sur ce changement de prix, l'un de ces loueurs nous a simplement expliqué que « c'est la haute saison. Le propriétaire du bien ne veut pas louer à moins de 1400 dirhams la nuit. De plus, cela est profitable pour lui, dans la mesure où les locataires sont 2 à 3 familles par appartement. Ils ne dépassent pas généralement 1 semaine, ce qui nous laisse le temps de trouver d'autres locataires rapidement. Personnellement, mes gains ne dépassent pas les 1000 dirhams, entre ce que je touche du côté du propriétaire, et si les locataires sont généreux avec moi ». Cela dit, il faut savoir qu'il y'a différents types de biens, et les loueurs analysent tout d'abord les locataires. En effet, ceux-ci chercheront toujours à maximiser le prix de la nuit pour des biens « premiums », alors que d'autres qui sont « moins » équipés. « On a des coûts à gérer. Entre l'entretien des biens, les factures d'eau et électricité, les bonbonnes de gaz, les réparations, etc., ce qui reste de l'argent de la location nous suffit comme bénéfice. Cela dit, les touristes étrangers ne négocient généralement pas le prix, contrairement aux Marocains. C'est ce qui fait que certains loueurs évitent de traiter avec les Marocains, car cela nous évite bien des prises de tête », nous a déclaré notre interlocuteur. Une situation qui doit « éventuellement » changer Selon un avocat de Casablanca, qui a requis l'anonymat, la location immobilière estivale échappe à toute régulation. « Les loueurs profitent d'un certain vide juridique pour imposer leur loi. La loi qui existe actuellement ne comprend rien qui puisse gérer cette activité. Aujourd'hui, n'importe qui peut louer son bien sans déclarer quoi que ce soit des revenus générés, ce qui porte un vrai coup à l'économie », nous a déclaré notre interlocuteur. De plus, l'autre risque réside dans le fait que ces locations peuvent se faire pour de courtes durées, ce qui « arrange » certains individus à la recherche d'un moment de plaisir corporel. Notre interlocuteur nous a déclaré qu'« A Mohammedia, par exemple, on peut louer un appartement pour une journée ou une nuit. Cette pratique est monnaie courante auprès des khalijis qui viennent profiter de la faune locale. Cela se fait souvent à l'insu des propriétaires des biens immobiliers, qui laissent les clés de leurs foyers à des gardiens sans scrupules ». Si ce premier scénario semble « gérable », il faut savoir que le fait de ne pas demander une quelconque information sur les locataires peut résulter dans des affaires de terrorisme. « Quand on loue un appartement de cette façon, il y'a un risque sécuritaire important, dans la mesure où l'on peut héberger des personnes recherchées, sans le savoir, et devenir ainsi acteur dans des crimes », nous a indiqué l'avocat. Cela dit, notre interlocuteur reste confiant dans l'avenir de cette activité, indiquant que « les responsables seront, éventuellement, obligés de réagir en mettant en place un cadre juridique pour contrôler cette activité ». Contacté par Hespress FR à ce sujet, Bouazza Kherrati, président de la Fédération Marocaine des Droits des Consommateurs (FMDC), nous a indiqué la location estivale est anarchique dans l'ensemble. « Normalement, pour tout bien mis à la location, il faut qu'il y'ait une déclaration sur l'identité des locataires auprès de la police et des autorités locales. Malheureusement, il n'y a pas de réglementation dans ce sens, mais il y'a bien des mesures de sécurité toutefois ». Le président de la FMDC nous a indiqué que la location des biens immobiliers devrait se faire via des agences spécialisées, ce qui limiterait les quiproquos entre loueurs et locataires. « Certains touristes, nationaux et étrangers se font arnaquer de différente façon. Par exemple, il arrive que certains touristes se fassent voler leurs affaires une fois qu'ils quittent le bien qu'ils ont loué, pour aller à la plage, par exemple », nous a déclaré Kherrati. Kherrati nous a par ailleurs déclaré que la FMDC a proposé à de nombreuses reprises à ce qu'une loi qui réglemente cette activité soit mise en place, en plus de gérer la location par des agences spécialisées. « On ne peut pas contrôler les prix. Chacun est libre de demander ce qu'il veut pour son bien, mais nous pouvons toutefois afficher les prix pratiqués, afin que tout soit réglementé, surtout durant la période estivale. De plus, il serait favorable de mettre un terme à la pratique de la location anarchique », nous a déclaré le président de la FMDC.