C'est un nouveau drame qui vient s'ajouter à tant d'autres. Des migrants, détenus dans des centres et des conditions inhumaines, sont une nouvelle fois les victimes collatérales d'une guerre qui bat son plein en Libye. 53 migrants ont été tués et au moins 130 blessés dans un raid aérien qui les a ciblés. Présent sur le terrain, le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), avait tiré la sonnette d'alarme depuis que le conflit à Tripoli, a commencé il y a maintenant 3 mois. Contacté par Hespress FR, le HCR précise avoir averti déjà à l'époque « du risque que courent ces réfugiés enfermés dans des centres à proximité des tirs et bombardements ». Plus qu'une simple condamnation Cette attaque, contre un centre où étaient détenus au moins 600 réfugiés et migrants, dont des femmes et des enfants, « mérite davantage qu'une simple condamnation« , a affirmé à Hespress FR Tarik Argaz, Responsable de communication et porte-parole du HCR en Libye. « Une enquête complète et indépendante est nécessaire pour déterminer comment cela s'est produit et qui en est responsable, ainsi que pour traduire les responsables en justice« , a-t-il estimé. Et d'assurer que « la localisation de ces centres de détention à Tripoli est bien connue des combattants, qui savent également que les personnes détenues à Tajoura sont des civils ». Près de 4000 migrants détenus arbitrairement Notre interlocuteur tient à préciser que « si l'on inclut les victimes de Tajoura, environ 3.800 réfugiés et migrants sont toujours détenus arbitrairement à Tripoli et en périphérie de la ville dans des conditions inhumaines« . Le porte-parole du HCR en Libye déplore, en outre, que « les migrants et les réfugiés sont confrontés à des risques croissants à mesure que les affrontements s'intensifient à proximité », faisant savoir que « depuis avril 2019, le HCR a réussi à évacuer plus que 1000 personnes de ces centres de détention après avoir fait un plaidoyer avec les autorités pour les libérer« . Le HCR a de même, assuré l'évacuation hors de Libye de 594 personnes : 295 vers un centre du HCR au Niger et 294 vers l'Italie à travers un corridor humanitaire. Solutions alternatives Face à ces drames à répétition, Tarik Argaz lance un appel à travers Hespress Fr pour la « fermeture définitive » de ces centres. « Le HCR demande la fermeture immédiate de ces centres de détention, et fait un appel à la communauté internationale pour offrir davantage de solutions en dehors de la Libye comme les couloirs humanitaires et la réinstallation« , conclut-il. Pour rappel, au moins 53 migrants ont trouvé la mort et 130 autres ont été blessés dans le raid aérien nocturne contre un centre pour migrants près de Tripoli. Selon des données de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 1000 personnes ont péri depuis le début en avril de l'offensive du maréchal Khalifa Haftar contre la capitale Tripoli et que près de 5.000 autres personnes ont été blessées en trois mois de combats entre les forces pro-Haftar et celles du Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU et siégeant à Tripoli. Lire aussi: Libye: Rien de concret, à part des condamnations verbales