Au moins 189 personnes ont été tuées depuis le déclenchement, le 4 avril, des hostilités au sud de Tripoli entre les forces du maréchal Khalifa Haftar et celles du Gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par la communauté internationale. Ces combats ont également fait 816 blessés, selon un nouveau bilan communiqué par l'Organisation Mondiale de Santé (OMS). Pour sa part, l'Organisation des Nations-Unies a fait état de près de 20.000 déplacés en Libye à cause des hostilités à Tripoli et dans ses environs, alors que plus de 2.500 personnes ont été déplacées au cours des dernières 24 heures dans la région. "De nombreuses familles fuyant les zones de conflit se dirigent vers le centre de Tripoli et ses environs immédiats, mais plus de 14.000 personnes déplacées ont cherché refuge en dehors de la capitale, notamment à Tajoura, Al Maya, Ain Zara et Tarhouna", a précisé Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) a indiqué, de son côté, que les centres mis en place par les autorités locales pour accueillir les familles déplacées hébergent actuellement quelque 1.500 personnes. Une assistance humanitaire, comprenant des soins de santé d'urgence, de la nourriture, de l'eau, des fournitures d'hygiène et un soutien psychosocial, est fournie à ces endroits et dans d'autres où les hostilités ont des conséquences pour les civils, selon la même source, qui assure que plus de 8.000 personnes ont bénéficié d'une forme d'assistance humanitaire. Citées par le porte-parole, les équipes libyennes de premiers secours ont indiqué que les évacuations de civils étaient en augmentation, faisant état de nombreuses victimes parmi les personnes évacuées. Quant à elle, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a exprimé son inquiétude du sort des réfugiés et migrants piégés dans des centres de détention à Tripoli. Selon l'OIM, environ 3.600 migrants sont encore dans des centres de détention à Tripoli. Parmi ces migrants qui font partie des populations les plus vulnérables, l'Organisation s'inquiète de la situation des 890 migrants du centre de détention Qasr Ben Ghashir situé à proximité immédiate d'une zone de combat. Sur le terrain, le chef du Gouvernement libyen d'union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, a accusé le maréchal Khalifa Haftar de "crimes de guerre", après des tirs de roquettes mardi soir sur Tripoli ayant fait au moins trois morts. Al-Sarraj, qui s'est rendu dans la nuit de mardi à mercredi aux quartiers d'Abou Slim et Al-Antissar, les plus touchés par les tirs de roquettes qui ont fait au moins trois morts, dont deux femmes, et 11 blessés, a dénoncé "la sauvagerie et la barbarie" du maréchal Haftar, dans une vidéo publiée par son service de presse. "Nous allons présenter tous les documents à la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité", a-t-il ajouté. Dans un communiqué, l'Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar a démenti être à l'origine des tirs, accusant des "milices terroristes qui contrôlent la capitale de tirer aveuglement des roquettes de type Grad et des obus" sur la capitale. Dans ce sens, la Mission d'appui des Nations unies en Libye (MANUL) a condamné "l'utilisation accrue d'armes lourdes et les bombardements aveugles qui ont endommagé des habitations civiles, des écoles et des infrastructures". Pour sa part, la procureure de CPI, Fatou Bensoudau a prévenu qu'elle "n'hésitera pas" à élargir ses enquêtes pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité en Libye. "Personne ne doit douter de ma détermination à cet égard", a affirmé la procureure de la CPI qui a son siège à La Haye dans un communiqué. A l'ONU, les appels se sont multipliés en vue de parvenir à un cessez-le-feu humanitaire en Libye, notamment face à des "bombardements aveugles" qui font "beaucoup de victimes" dans la banlieue de Tripoli. A cet égard, le Royaume-Uni a notamment présenté au Conseil de sécurité des Nations unies un projet de résolution visant à exiger un cessez-le-feu. Depuis la chute de régime de Mouammar Kadhafi en 2011, des milices rivales s'adonnent à une lutte d'influence pour dominer la capitale et contrôler les institutions et les richesses du pays, plongé dans le chaos. En plus des combats au sol, les deux camps mènent quotidiennement des raids aériens et s'accusent mutuellement de viser des civils.