Le Centre d'Information des Nations Unies, le Bureau Afrique du Nord de la Commission Economique pour l'Afrique des Nations Unies (CEA) et la Bourse de Casablanca lancent ce mercredi le rapport annuel de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED ) sur le développement économique en Afrique 2019: «Made in Africa : règles d'origine, un tremplin pour le commerce intra-africain». Présenté par Lilia Hachem Naas, Directrice du Bureau de la CEA pour l'Afrique du Nord, le rapport 2019 dédié aux règles d'origine, examine l'important potentiel de ces règles pour changer la donne en l'Afrique et permettre à la Zone continentale africaine de libre-échange (ZLECA) de catalyser l'intégration régionale du continent en générant des gains importants. La CNUCED estime que le produit intérieur brut de la plupart des pays africains pourrait enregistrer jusqu'à 3 % d'augmentation une fois que tous les droits de douane auront été éliminés, à condition que les règles d'origine soient simples et favorables aux entreprises. Le Bureau sous-régional de la CEA en Afrique du Nord, situé à Rabat, au Maroc, rappelle que les règles d'origine constituent un véritable « passeport » qui permet aux marchandises de circuler en franchise de droits à l'intérieur d'une zone de libre-échange, si ces marchandises sont considérées comme originaires de cette zone. Elles constituent ainsi l'une des pierres angulaires de la stimulation du commerce sur le continent. Selon le précédent rapport, la croissance du commerce mondial a ralenti, se situant à 4,3 % en 2018 contre 4,8 % en 2017 – le plus haut niveau atteint sur six ans – en raison d'une décélération de l'investissement mondial causé par le durcissement des conditions financières. Le rapport fournit une évaluation factuelle de la nature et des résultats de la politique budgétaire en Afrique. Analysant à la fois les défis et les possibilités, il passe en revue les meilleures pratiques afin de formuler des recommandations générales et de faciliter les échanges de données d'expérience. Les Etats membres seront ainsi à même d'entreprendre les réformes budgétaires nécessaires et d'améliorer la gestion macroéconomique. Bien que la demande intérieure, les investissements publics et le renforcement du commerce entre l'Afrique et les marchés mondiaux aient soutenu la croissance, les produits de base demeurent un moteur essentiel de la croissance en Afrique, exposant les économies à la volatilité de leurs cours, note le rapport. Le commerce intra-africain est plus diversifié Il faut noter dans ce cadre que le commerce intra-régional en Afrique reste faible par rapport aux volumes des échanges dans d'autres régions du monde. Premièrement, les importations intra-africaines ne représentent actuellement que 14 % des exportations totales du continent et les tarifs en place seront maintenus sur les 86 % restants d'importations provenant de pays non africains. Deuxièmement, 56 % de ces exportations intra-africaines ont lieu dans des zones de libre-échange préexistantes des communautés économiques régionales, au sein desquelles le commerce est déjà entièrement libéralisé. Troisièmement, les pays seront autorisés à exclure de la libéralisation un certain nombre de lignes tarifaires sensibles. Les trois quarts des exportations intra-africaines ont été effectuées par seulement 13 pays, l'Afrique du Sud à elle seule détenant environ 45 % de cette part (figure 1.10). Au cours de la période 2015-2017, l'Afrique du Sud a occupé la première place de ces exportations dans trois des cinq principaux secteurs: machines et matériel de transport (60,2 %), denrées alimentaires (28,9 %), et minerais et métaux (25,4 %). Concernant les matières premières agricoles, c'est l'Eswatini qui est en tête, affichant une moyenne de 20,1 % des exportations de ce secteur; concernant les combustibles, le Nigéria est en tête avec une moyenne de 30,7 %. A signaler que l'Afrique du Sud a été le plus grand exportateur africain vers le reste du monde au cours de la période 2015-2017 (part de 18,2 %), devant le Nigéria (12,0 %) et l'Algérie (10,0 %). La Côte d'Ivoire a été le premier exportateur de denrées alimentaires (elle a fourni 14,3 % des exportations alimentaires du continent à destination du reste du monde), suivie de l'Afrique du Sud (12,5 %) et du Maroc (11,0 %). L'Afrique du Sud occupe la première place en ce qui concerne les exportations agricoles à destination du reste du monde (part de 18,1 %) suivie de la Côte d'Ivoire (10,1 %) et du Cameroun (7,5 %). L'Afrique du Sud (45,7 %), la Zambie (12,1 %) et la République démocratique du Congo (10,7 %) ont dominé les exportations de minerais et métaux à destination du reste du monde, tandis que le Nigéria (26,1 %), l'Algérie (22,9 %) et l'Angola (22,3 %) ont été les principaux exportateurs de combustibles. L'Afrique du Sud a aussi dominé les exportations de machines et matériel de transport (part de 42,7 %), suivie du Maroc (24,6 %) et de la Tunisie (18,3 %). La ZLECA réduira les recettes tarifaires D'après la CEA, la ZLECA devrait avoir des effets modérés et graduels sur les recettes tarifaires liées au commerce intra-africain, pour plusieurs raisons. Au mois de mars 2019, les produits sensibles à exclure de la libéralisation n'avaient toujours pas été déterminés par chaque pays. Cependant, les calculs de la CEA, à partir de scénarios pris en connaissance de cause pour évaluer les répercussions de la ZLECA sur les recettes tarifaires, prévoient que la réduction puis la suppression des tarifs sur les flux commerciaux en Afrique entraîneront une baisse de 6,5 % à 9,9 % de ces recettes à long terme. Si le montant des taxes perçues sur les flux commerciaux africains est appelé à baisser, l'effet global de la ZLECA sur les recettes publiques sera sans doute plus équilibré, en particulier sur le moyen terme, puisque les droits de douane ne constituent qu'une faible part des recettes publiques, ne représentant en moyenne que 15 % des recettes fiscales totales du continent. Cela veut dire que les réductions des recettes tarifaires, qui seront limitées, n'auront d'incidences que sur une faible part des taxes générées dans la plupart des pays. La ZLECA réduira les recettes tarifaires, mais elle devrait aussi stimuler la croissance du PIB de l'ordre de 1 à 6 %, ce qui élargira l'assiette fiscale et stimulera le recouvrement de l'impôt auprès d'autres sources. Enfin, la réduction des tarifs au titre de la ZLECA doit être échelonnée sur cinq ans pour les pays en développement et sur 10 ans pour les pays les moins avancés. Il est même prévu un échelonnement plus long concernant les produits «sensibles», de 10 ans pour les pays en développement et de 13 ans pour les pays les moins avancés.