Près de huit ans après son officialisation et presque deux ans de discussions au parlement sur la question, la Chambre des représentants vient d'adopter par consensus, dans cette soirée du lundi 10 juin, le Projet de loi organique 26.16 définissant le processus de mise en œuvre du caractère officiel de l'amazighe, ainsi que les modalités de son intégration dans l'enseignement et dans les domaines prioritaires de la vie publique. Lundi dernier, la Commission de l'éducation, de la culture et de la communication de la Chambre des représentants a approuvé le texte de loi, après l'accélération du débat qui a suivi le vote contre l'inscription du Tifinagh sur les billets de banque et les pièces de monnaie, notamment par les groupes parlementaires du PJD et de l'Istiqlal. Guerre de caractères Le vote de ce soir a fait suite à l'examen d'une vingtaine d'amendements proposées par les deux groupes d'opposition (PAM et Istiqlal) sur les 35 Article du Projet de loi organique. Il en ressort notamment que l'alphabet Tifinagh sera bel et bien destiné à écrire en langue Amazighe, comme décidé depuis la création de l'Institut royal de la culture Amazigh (IRCAM) par Dahir en 2001. Seul le groupe PJD de la première Chambre a continué de réclamer l'écriture de la langue Amazighe en caractères arabes. Touchant à tous les domaines publics où la langue et la culture Amazighes doivent se manifester, le projet de loi stipule que les cartes d'identité nationales, les passeports, les billets de banque et les pièces de monnaie, les facture d'eau, d'électricité et téléphonie, tous les certificats administratifs et les décisions des tribunaux doivent être délivrés en Amazighe. D'autres domaines de services tels que les transports publics, les aéronefs, les navires. les trains, les véhicules de service public, de la Sûreté nationale, de la gendarmerie royale, de la protection civile, des forces auxiliaires et des ambulances sont également concernés par le texte de loi. Un deadline de 15 ans Les institutions publiques et administratives devront inclure la langue Amazighe sur leurs sites officiels, sans oublier son intégration dans les programmes de lutte contre l'analphabétisme et d'éducation informelle, en plus la transmission directe des sessions parlementaires en Amazigh à la télévision et dans les stations de radio publiques. C'est dans cet horizon que le Projet de loi accorde à l'administration un délai de 15 ans pour publier les textes législatifs et réglementaires dans le Bulletin officiel en Amazigh. Un délais identique à celui accordé aux collectivités territoriales, afin de diffuser leurs décisions et leurs délibérations en Amazigh. De l'école à l'université Dans le domaine de l'éducation, la même loi organique stipule que l'enseignement de la langue amazighe doit être obligatoire et que celle-ci doit être diffusée sur le territoire national et dans l'ensemble des cycles d'enseignement. L'autorité gouvernementale en charge de l'éducation, de la formation et de l'enseignement supérieur, en coordination avec le Conseil national des langues et de la culture marocaines (dont l'adoption est en cours, à l'heure où nous mettons en ligne) et le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS), « prendra des mesures pour intégrer progressivement la langue Amazighe dans le système d'enseignement et de formation des secteurs public et privé », prévoit le texte. Dans le monde des médias, le projet prévoit la diffusion des discours, des lettres royales et des déclarations publiques de responsables publics sur les chaînes de télévision et de radio publiques en Amazighe, accompagnés d'une traduction orale ou écrite. Il prévoit également la transmission de communiqués et de déclarations à tous les citoyens marocains en langue Amazighe.