Colère noire dans les pays du Maghreb après la mort tragique de l'activiste algérien, Dr Kamal-Eddin Fakhar, ce mardi 28 mai à Blida, à l'ouest d'Alger. Défenseur des droits humains et porte-parole de la population amazighophone de la vallée du M'zab (wilaya de Ghardaïa, à 550 km au sud de la capitale), le disparu a succombé dans un hôpital à la suite d'une détérioration de son état de santé, conséquence d'une grève de la faim, de plus de cinquante jours. Hier, la Place des Martyrs à Alger a été le théâtre de manifestations massives d'étudiants et de représentants de différents corps de métiers. Au Maroc, la société civile a condamné la disparition du défunt. Des milliers d'Algériens ont également défilé à Bejaïa (Kabylie) le même jour pour demander une enquête urgente sur les « violations » qu'ils jugent commises par le système judiciaire du pays. Des centaines d'Algériens sont également descendus dans les rues de Paris et de Madrid, condamnant ce qu'ils ont appelé un « crime abject ». Au même moment sur les réseaux sociaux, les internautes algériens ont annoncé le lancement du hashtag la « Liberté pour les prisonniers d'opinion », exprimant « le rejet de l'oppression et de l'injustice » envers les prisonniers d'opinion dont le Dr Kamal Fakhreddine faisait partie. L'activiste reconnu et estimé pour son dévouement à la cause Amazighe et aux droits civiques des populations du sud algérien avait en effet entamé sa grève de la faim à la prison de Ghardaïa, après avoir été accusé par la justice algérienne de « menace à l'unité et à l'intégrité », de « rassemblement armé » et « d'incitation au meurtre ». Avocat algérien ayant défendu le Dr Fakhar au cours de son procès, Me Saleh Dabouz a déclaré dans une vidéo sur sa page Facebook que le victime « est décédée des suites de sa grave négligence à l'hôpital de Ghardaïa, avant d'être transportée à l'hôpital Frantz-Fanon de Blida, où elle est décédée mardi matin ». Il a ajouté que le médecin, bien avant son arrestation et son jugement par les autorités algériennes, avait refusé de quitter le sol algérien, et ce « en dépit des menaces constantes des autorités ». Me Saleh Dabouz a également pointé du doigt le « juge de Chambre de l »instruction, qui a ordonné la détention du Dr Kamal-Eddin Fakhar de sans examiner le fond du dossier, sous la pression du procureur de la République ». Au Maroc, L'Observatoire Amazigh des droits et libertés, dirigé par Ahmed Asid, a également saisi la cause, faisant référence à la mort de l'activiste qui nouait des relations très cordiales avec des acteurs associatifs et politiques marocains. L'observatoire parle ainsi de « délit de négligence délibérée au cours de la grève de la faim, puisqu'il avait été arrêté arbitrairement par les services de sécurité algériens le 31 mars 2019 sans motif donné ». « Le Dr Kamal-Eddin Fakhar était visé car il est devenu l'un des symboles du mouvement civique luttant pour les droits à la terre et à la citoyenneté, que les autorités violent depuis des années à Ghardaïa, à travers les interventions barbares des forces d'oppression contre la population Ibadite de la région, l'incendie de magasins, l'arrestation et la torture de manifestants », souligne-t-il. Toujours en conséquence de la mort du médecin, l'Organisation des jeunes de Tamesna de Rabat a appelé les autorités algériennes à « dévoiler les circonstances de la mort du martyre combattant Kamal-Eddin Fakhar », en leur portant « l'entière responsabilité de son assassinat, d'autant plus qu'il était isolé dans une cellule de la prison de Ghardaïa, empêchant sa famille de lui rendre visite ». Son transport à l'hôpital de Blida, « où il a été martyrisé dans des circonstances mystérieuses » a également été soulevé par la même organisation.