Des spécialistes des droits de l'homme et des experts ont mis la lumière, jeudi à Rabat, sur les violations des droits de l'Homme qu'endurent les amazighes dans la région du Mzab, dans le sud de l'Algérie. Dès l'éclatement en 2013 à Ghardaïa des actes inédits de violence à caractère ethniques, le Congrès Mondial Amazigh (CMA) a établi un rapport sur la situation dans la région et l'a soumis au parlement européen, de même que l'affaire a été portée devant l'ONU, a indiqué Khalid Zirari, du CMA, lors d'une conférence de presse. Le rapport a mis à nu "la situation catastrophique dans la région, notamment en matière des droits de l'Homme", passant en revue les différentes violations commises suite à l'intervention des forces de l'ordre visant à réprimer les amazighes de Mzab à Ghardaïa, dont nombre d'entre eux ont trouvé la mort, alors que d'autres se trouvent toujours en détention, en particulier le militant des droits de l'Homme Kamal Eddine Fakhar, détenu depuis un an sans procès, a-t-il relevé lors de cette rencontre initiée par le Centre Tombouctou pour les études, en partenariat avec le CMA. Ces agissements constituent une violation grave du droit international et de la législation algérienne, a-t-il dit, plaidant pour la libération de l'ensemble des détenus suite à ces actes de violence qui ont "dévoilé au grand jour la complicité et le parti pris de l'Etat algérien". De son côté, le président exécutif du Centre Tombouctou pour les études, Ali Al Ansari a souligné que cette rencontre s'assigne pour objectifs de mettre toute la lumière sur la situation humanitaire et des droits de l'homme dans la région de Mzab qui vit au rythme d'une tension ethnique provoquée par l'intervention de l'Etat algérien qui cherchait à créer un "changement démographique" et des conflits dans une zone qui a servi, des siècles durant, pour modèle de tolérance et de coopération, basé sur les traditions et les coutumes locales ancestrales. M. Al Ansari a également soulevé la question des Touareg amazighs dans les régions de Tamanrasset et Illizi, qui pâtissent de la marginalisation et de la pauvreté, nonobstant les potentialités économiques et les richesses pétrolières dont elles regorgent, autant d'atouts qui n'ont pas favorisé le développement de ces zones, notamment en termes de santé et d'enseignement. Quant à M. Salah Abouna, membre du mouvement pour l'autonomie du Mzab et activiste des droits de l'Homme, il s'est attardé sur les violations flagrantes des droits de l'Homme à Ghardaïa suite aux actes de violences inédits qui ont éclaté l'été dernier et causé la mort de dizaines d'amazighs mozabites, avec la complicité des services de sécurité algériens. Le régime algérien a "sciemment créé un conflit entre les amazighs de Mzab et les arabes de Chaabna à Ghardaïa afin de détourner le peuple algérien des problèmes dans lesquels patauge le pays" depuis l'indépendance, sans oublier la quête du pouvoir algérien d'anéantir l'identité amazighe de la région. Les autorités algériennes ont décrété l'état d'urgence dans la région de Ghardaïa, ce qui conduit à la répression des libertés et la détention extrajudiciaire de plusieurs activistes amazighes mozabites, à leur tête Kamal Eddine Fakhar, a-t-il fait savoir, appelant à l'expédition d'une commission onusienne à Ghardaïa en vue d'enquêter sur les violations des droits de l'Homme dont font vicitimes les amazighes et de libérer l'ensemble des détenus. De son côté, Mohamed Ag Ahmadou, journaliste de la région de l'Azawad, a mis l'accent sur la situation fragile dans laquelle vivent les Touaregs dans le Sud de l'Algérie, le nord du Mali et du Niger, l'Ouest de la Libye et dans le Nord du Burkina Faso, appelant à cet égard à redonner à l'identité culturelle des Touaregs la place qui lui échoit et à la mise en place de programmes et de plans de développement socio-économiques au profit de la population de ces régions. Le Centre Tombouctou pour les études stratégiques est une institution scientifique comprenant des universitaires et académiciens de différentes nationalités, qui ambitionne à éclairer les visions et idées sur la région du nord du Mali en liaison, notamment, avec son environnement régional, traduisant ainsi l'importance qu'accorde le Maroc à la région du Sahel et du Sahara et à la préservation des liens historiques, humains, culturels et spirituels. Le CMA est une organisation non gouvernementale fondée dans les années 1990 et vise la défense des droits des amazighs et la promotion de la culture et de l'identité amazighes, notamment en Afrique du Nord.