Le corps soignant et administratif des 13 polycliniques relevant du pôle des unités médicales de la CNSS, était en grève ce jeudi 23 mai suite à l'appel de la fédération nationale de la sécurité sociale (FNPSS) affiliée à l'Union marocain du travail (UMT). Un sit-in a également eu lieu devant l'ensemble des polycliniques du pays. Ce mouvement de protestation intervient suite à la non-résolution des nombreux problèmes que connaissent les polycliniques depuis des années, menacées aujourd'hui de fermeture. Les détails. CNSS Casablanca – Boulevard Al Qods Le personnel des polycliniques de la CNSS a observé, jeudi 23 mai, une grève nationale, répondant à l'appel de la FNPSS affiliée à l'UMT, dans le but de dénoncer «la mauvaise gestion de ses polycliniques par les autorités concernées et leur volonté de privatiser le secteur de la CNSS». En effet, les polycliniques de la CNSS ont connu un grand mouvement de départ de plusieurs médecins et infirmiers vacataires, suite au non-paiement de leurs honoraires depuis plus d'un mois, par la trésorerie générale relevant du ministère de l'économie et des finances. Cette situation a donc provoqué un manque énorme en ressources humaines. Mais pas que ! Des retards de paiement des fournisseurs par la trésorerie ont donné lieu à un manque en médicaments, matériels et équipements médicaux. «La situation actuelle des polycliniques qui s'est délabrée à cause du manque des ressources humaines et des équipements médicaux, est dû au blocage exercé par le ministère des Finances qui contrôle le budget de la CNSS, malgré les décisions du conseil d'administration qui approuve le budget pour l'investissement et le recrutement des ressources humaines», a déclaré à Hespress Fr Azzedine Zekri, le Président de la FNPSS, affiliée à l'Union marocain du travail (UMT). Notre interlocuteur poursuit que les polycliniques de la CNSS ont perdu leurs meilleures compétences. «8 opérations de départ volontaire des meilleures personnels, qui sont partis au secteur privé, qu'il fallait remplacer en urgence. Toutefois le ministère des Finances bloque toujours la situation des recrutements, ce qui a mené à des complications graves parmi les patients. Les médecins refusent aujourd'hui de pratiquer dans les polycliniques de la CNSS parce qu'ils ne sont pas payés et les conditions de travail empirent de jour en jour. Et cela est dû à la trésorerie-payeur qui bloque les salaires des médecins vacataires», affirme-t-il. Autorisation des médecins à travailler dans les polycliniques de la CNSS En gros, la cause de ce blocage revient à une convention qui date des années 80, signée entre le ministère de la santé et la CNSS. Celle-ci autorise les médecins à travailler dans les polycliniques de la CNSS en temps plein aménagé de deux demi-journées par semaine, explique notre interlocuteur. Toutefois, poursuit Zekri, «l'erreur est que la demi-journée est de 12h, mais la trésorerie-payeur n'accorde que 4h par demi-journée. Ce qui est impossible si on prend l'exemple d'un médecin neurochirurgien qui fait une opération qui nécessite des fois plus de 7h au bloc opératoire. Si on n'autorise que 4h pour un médecin spécialiste, il doit à ce moment-là quitter le bloc avant la fin de l'opération et laisser le malade sur la table. Ce qui inacceptable». Il ajoute dans ce sens que «cela fait 30 ans que les polycliniques de la CNSS travaillent avec ce système de paie sans aucun problème. Le blocage n'est apparu qu'avec l'arrivée du nouvel agent comptable». Ce n'est pas nouveau, poursuit Zekri, ce problème financier se répète chaque année, «ça bouge des fois et ça bloque des fois, mais cet année c'est plus grave». Notre interlocuteur explique qu'aujourd'hui, «on parle de cession des polycliniques au secteur privé. Cependant, c'est contraire à la loi, puisque ces cliniques sont déjà privées». Le président de la FNPSS, explique à Hespress Fr que «les polycliniques de la CNSS sont le patrimoine des salariés et sont construits par les cotisations des salariés. L'Etat n'a jamais mis la main dans la poche pour construire ces cliniques. Elles n'appartiennent pas à l'Etat. Alors comment l'Etat veut privatiser ces 13 polycliniques qui rendent service à la santé publique, aux Marocains, à la classe moyenne et aux travailleurs marocains qui font confiance à ces cliniques puisqu'ils respectent la loi en ce qui concerne la facturation». Il n'y a pas de surfacturation à la CNSS En effet, Zekri a fait une petite comparaison entre les cliniques privés et les polycliniques de la CNSS et n'a pas manqué de revenir à l'affaire qui a éclaté aux 3ème assises de la fiscalité de Skhirat où le secrétaire générale du ministère des Finances, Zouhair Chorfi, a tiré à boulets rouges sur les cliniques privés. « Il n'y a pas de surfacturation à la CNSS, comme c'est le cas des cliniques privées. Et on sait ce qui s'est passé lors des dernières assises de la fiscalité de Skhirat à cause des cliniques privées. Elles ont été pointées de la non-déclaration, la surfacturation, du noir, du dépôt de chèque… Les cliniques de la CNSS ne connaissent pas ce genre de magouilles», a-t-il souligné. Et d'ajouter qu'«il est inacceptable que le gouvernement touche à la classe moyenne, en la mettant à la Merci des cliniques privées. La situation critique que connaissent les polycliniques de la CNSS et le mécontentement de son personnel est dû à la politique de la sourde oreille adoptée par les responsables du secteur», s'indigne notre interlocuteur. «On ne cesse, depuis 2012, de rappeler la situation au gouvernement, le ministère de la santé, le ministère de l'emploi, la direction générale de la CNSS. Au lieu de servir le peuple marocain et satisfaire ses besoins de santé, on transforme le secteur de la santé en secteur immobilier et on le donne aux commerçants», conclut Azzedine Zekri. Dans l'attente d'un déblocage de la situation, notre interlocuteur annonce que, si d'ici la semaine prochaine il n'y a pas de réponse positive aux revendications des employés, une autre grève sera déclenchée le 30 mai. Elle sera générale, cette fois-ci, puisqu'elle concernera tous les secteurs de la CNNS, à savoir les 13 polycliniques, les 104 agences de la CNSS à travers le Royaume, les 12 directions, ainsi que le siège central.