6,3 %, c'est la contribution du secteur immobilier dans le Produit Intérieur Brut (PIB) du Maroc. Selon les chiffres avancés par la secrétaire d'Etat chargée de l'Habitat, Fatna Lkhiyel, lors du festival de l'immobilier de Dubaï fin mars dernier, le secteur affiche une production annuelle de 160.000 unités de logement à ce jour. Cela dit, si l'offre est bien présente, la demande est toujours aussi timide que pour les deux dernières années. Lkhiyel a indiqué qu'avec cette dynamique, le déficit du logement est passé de 1,2 million d'unités en 2002 à 400.000 actuellement. Cela dit, 2017 et 2018 ont été marquées par une baisse des ventes dans le secteur, chose poussée par un pouvoir d'achat qui reste impuissant face aux prix proposés par les promoteurs immobiliers. Ainsi, un net recul de 6,1 % a été noté au niveau des crédits alloués à la promotion immobilière, plaçant les crédits immobiliers à 267,3 milliards de dirhams en 2019, soit une progression de 3,3 % par rapport à une année auparavant. Au quatrième trimestre 2018 (T4 2018), la tendance avait changé quelque part, puisque ce n'est plus Casablanca qui figurait en tête des villes où l'immobilier est le plus cher, mais bien Rabat. En effet, selon les prix que nous avons pu recensés dans certains quartiers de la capitale administrative, ceux-ci varient entre 14.000 et 15.000 dirhams/m2, et nous parlons bien de quartiers qui ne sont pas tout aussi prisés que d'autres. D'ailleurs, il est à noter que ces prix ne concernent pas forcément l'immobilier de première main, mais celui de deuxième main, ce qui est assez cher par rapport aux prix appliqués au sein de la capitale économique du royaume. À Casablanca, certains quartiers affichent des prix exorbitants allant jusqu'à 35.000 dh/m2. Cette situation a poussé bon nombre de Casablancais à s'installer hors du périmètre urbain qui, lui-même, connait une hausse des prix face à cette affluence. L'indice des prix des actifs immobiliers Dans ce sens, il est à noter que l'indice des prix des actifs immobiliers (IPAI) au T4 2018 s'est établi à 0,7 % pour le résidentiel et de 2,9 % pour les terrains. Toutefois, les prix des actifs à usage professionnel ont enregistré une baisse importante de 17,4 %. Casablanca se contente de la deuxième place avec des baisses de 0,4 % et 3,2 % pour le résidentiel et les terrains, tandis que les biens à usage professionnel ont enregistré une progression de 6,2 %. Bizarrement, l'immobilier à Tanger semble rompre avec la tendance. Les données de l'IPAI indiquent qu'il fait bon d'investir dans la ville du détroit. L'immobilier résidentiel y affiche ainsi une progression de 0,8 %, de 0,9 % pour les terrains et de 3,4 % pour les biens à usage professionnel. En se basant sur ces données, la situation de l'immobilier pour ladite période ressort avec une hausse générale des ventes du secteur, notamment avec une progression de 9,1 % au niveau des biens résidentiels, de 15,7 % pour les terrains et de 20,5 % pour les actifs à usage professionnel. Une vision peu claire sur l'avenir du secteur S'il est vrai qu'il y'a une certaine stabilité au niveau des transactions de ventes immobilières, qui ont affiché une progression de 16 % au niveau des biens résidentiels, et de 18,3 % pour les actifs à usage professionnel, la demande est encore loin de s'aligner sur l'offre. Il faut bien comprendre que la situation du marché de l'immobilier dépend de plusieurs facteurs, notamment la nature même des biens, notamment l'on parle de biens résidentiels ou professionnels, d'immobilier neuf ou de deuxième main, des régions, ainsi que du standing. Ces points sont les principaux facteurs qui influencent le prix de vente final des biens immobiliers, sans pour autant le fixer de façon sûre. C'est ce qui fait que les annonces concernent le recul de l'activité immobilière Dans ce sens, Ismael Belkhayat Zougari, fondateur et dirigeant de Sarouty.ma, nous a expliqué qu'il existe aujourd'hui un réel problème pour ce qui est de l'immobilier résidentiel, surtout à Casablanca, qui enregistre un et recul des transactions. Cela est dû à la mise en place d'un référentiel, par la Direction Générale des Impôts (DGI), qui fixe les prix. « Si l'on va en dessous des prix fixés, on risque de se faire redresser par les impôts. Cela fait que les gens n'en pas envie de vendre à des prix au-dessous du prix du marché de peur d'être redressés. Or, il n'y a pas d'acheteur qui souhaite acquérir un bien au prix du marché, qui est plus élevé que la réalité ». Un stock important de biens invendus Cette situation fait que certains promoteurs immobiliers se retrouvent avec un stock important de biens invendus, du fait qu'ils ne peuvent pas baisser leurs prix de vente sur le marché à cause des impôts. En vue de ces informations, Belkhayat Zougari indique que « tant qu'il n'y a pas un agissement de la part des autorités dans ce sens, il est clair que l'on se dirige droit vers un problème économique pour le secteur immobilier ». Certaines villes, notamment Tanger, connaissent un fleurissement de l'immobilier professionnel, poussé principalement par les investissements étrangers. Selon Belkhayat Zougari, l'autre problème est celui des produits proposés sur le marché, qui ne correspondent pas forcément à la demande des acquéreurs. « Certains promoteurs ont compris qu'il faut investir dans des produits comme les studios. Aujourd'hui on a tendance à vouloir des biens de petite superficie dans le centre-ville ; or les offres concernent principalement des biens de superficies importantes ». Pour ce qui est de la question du rôle des MRE dans l'activité immobilière nationale, notre interlocuteur nous explique que beaucoup de promoteurs effectuent des campagnes publicitaires directement à l'étranger. « Certains promoteurs investissent directement les mosquées dans les communautés musulmanes de MRE afin de leur proposer leurs offres immobilières au Maroc. Ceux-ci ont souvent des partenariats avec des banques au sein du royaume, afin de faciliter le financement des transactions immobilières ». L'équilibre entre l'offre et la demande Hicham Lahlou Mimi, directeur général d'Ivendi.ma, indique pour sa part que les produits immobiliers proposés par les promoteurs actuellement sont d'une qualité « un petit peu inférieure », afin qu'ils puissent les présenter à un prix beaucoup plus attrayant. « Aujourd'hui, les prix appliqués à Casablanca varient entre 20.000 et 22.000 dh/m2. Les promoteurs essaient de couper dans la finition afin de proposer des projets à 14.000 ou 15.000 dh/m2 ». Pour ce qui est de l'immobilier de deuxième main, Lahlou Mimi rejoint quelque part Belkhayat Zougari dans ses propos, comme quoi les propriétaires de biens de seconde main qui ont le plus de facilité à céder leurs biens sont ceux qui arrivent à s'aligner sur les prix du marché. Par ailleurs, il nous indiqué que les MRE achètent de moins en moins sur plan, chose due à certains « problèmes » auxquels ils ont fait face, notamment la non-correspondance des biens réels à ceux affichés sur les publicités. De plus, ceux-ci sont plus enclins à acquérir des biens de deuxième main, plutôt que d'investir dans le neuf. Pour ce qui est de l'avenir du secteur, Lahlou Mimi indique « on avait un manque important de logement à Casablanca, de 1,5 million de logements exactement à combler. Cela a été en bonne partie résolu. Aujourd'hui, la croissance est beaucoup plus logique et raisonnable, et il n'est que chose naturelle de voir les prix de l'immobilier baisser, instaurant ainsi un équilibre entre l'offre et la demande ».