Les médecins du secteur public mènent depuis plus de trois ans une lutte acharnée pour faire valoir leurs « droits légitimes », sans toutefois obtenir de réponse de la part du ministère de tutelle ou du gouvernement. Face à ce « mutisme », ils ont annoncé, ce mardi, une série de mesures pour que l'Exécutif « se penche sérieusement » sur les failles du système de santé publique qui «menacent la santé du citoyen» en premier lieu, et le secteur en entier. Les détails. Depuis le 4 mars, les médecins du secteur public portent le dossard noir 509 au sein des services de santé du Royaume. Un signe de colère et de protestation contre leur situation « déplorable » que « les responsables continuent d'ignorer », et en l'absence de toute « interaction sérieuse » avec leur dossier. Selon le secrétaire général du syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP), Dr El Mountadar Alaoui qui s'est confié à Hespress Fr sur le sujet, « depuis l'avènement du nouveau ministre, il y a eu, théoriquement, des avancements au niveau de notre dossier. Il a été reconnu par le ministère de la Santé comme étant légitime. Cela dit, concrètement, il n'y a toujours rien puisque ça bloque pour des raisons, soi-disant, financières qui nécessitent l'accord du gouvernement et du ministère des Finances ». « Mais il est temps que ça bouge un peu, il est temps que le gouvernement se penche sérieusement sur le traitement de notre dossier et accélère les choses pour mettre fin à notre calvaire et à celui du citoyen marocain qui dure depuis des années déjà», s'indigne-t-il. Selon notre interlocuteur, actuellement les médecins du secteur public, que ce soit les chirurgiens, les dentistes les spécialistes et les généralistes, attendent l'application de leur dossier revendicatif qui est en « stand-by » depuis plusieurs années. Soulignant par ailleurs que le gouvernement ne donne aucune réponse par rapport à nos revendications, « ni par un oui ni par un non », Dr Alaoui avance que « cela veut dire qu'il n'y a rien qui se prépare pour répondre à nos revendications ». Le secrétaire général du SIMSP tient à préciser pareillement que le dossier revendicatif que les médecins du public défendent et continueront de défendre, concerne plus de 10.000 personnes. Ces médecins là, poursuit-il, traitent 80% de la population marocaine, soit près de 27 millions de Marocains, qui réclament les soins et les traitements au sein des établissements de santé publique puisque c'est leur droit en tant que citoyens. « Ce qui veut dire » poursuit Dr Alaoui « qu'on est loin du compte, que ce soit côté ressources humaines, équipements biomédicaux, infrastructures, opérations chirurgicales, rendez-vous lointain et j'en passe. Ce qui nous amène aujourd'hui à offrir au citoyen des services médiocres. D'ailleurs, comme vous le constatez ainsi que tous les Marocains, les médecins et les établissements de santé du secteur public sont critiqués, voir même insultés par les patients, et c'est la faute du gouvernement », s'indigne-t-il. Dans le dernier communiqué du SIMSP où les médecins du secteur public annonçaient la série de mesures prises dans le cadre de leur 5ème programme de lutte, le Comité exécutif a décidé de tenir compte à la fois de l'intérêt du citoyen et du médecin et de tous les développements définis par la sphère syndicale, notamment l'absence de vision claire sur la poursuite de la formation du gouvernement actuel. Dans ce sens, le Comité a décidé de soutenir la lutte des futurs médecins, qui boycottent depuis le 25 mars les cours magistraux TP et TD ainsi que les services médicaux, sous la bannière de leur coordination nationale, afin de former un noyau solide et contre toutes les tentatives de privatisation de l'université publique. Il a également été décidé de continuer à imposer les conditions scientifiques de la pratique médicale et les conditions de stérilisation dans les établissements de santé et les véhicules chirurgicaux, à l'exception des cas urgents uniquement et de poursuivre la collecte des démissions collectives des médecins dans l'ensemble des régions du Royaume, sous la supervision du secrétaire national du syndicat et sa mise en place au cours de cette 5e phase de lutte. La poursuite de toutes les formes de lutte dans les mois à venir, à savoir le boycott des campagnes de santé suite à l'absence des normes médicales et administratives minimales, la poursuite de la grève des sceaux médicaux et le port de l'emblème 509, le boycott de l'autopsie, des caravanes et convois médicaux, de tous les travaux administratifs non médicaux ainsi que de la couverture d'événements non déclarés, sont également prévus au programme. Le syndicat annonce, de même, qu'à parti du 1 er avril, les médecins du secteur public démarrent la grève aux urgences en portant les brassards « 509 » et le port de la blouse noire en signe de deuil du médecin du secteur public. Sont aussi annoncés, une grève nationale de 48 heures les 29 et 30 avril 2019, à l'exception des services de relèvement et des urgences et de la réanimation, une grève nationale de 48 heures les 2 et 3 mai 2019, à l'exception des services de réanimation et d'urgence et le boycott des campagnes chirurgicales « hasardeuses et aléatoires qui ne respectent pas les normes médicales et les conditions de sécurité du patient ». Les médecins ont en outre, annoncé la présentation des résultats de l'étude sur la migration de masse des médecins ainsi que l'organisation d'une marche nationale, dont la date sera annoncée prochainement par le syndicat.