Un titre du quotidien italien la Repubblica, pourrait, à lui seul, résumer un comportement, qualifié d'idéal, celui de la Première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern, depuis l'attaque meurtrière de Christchurch qui a fait 50 morts. « Jacinda Ardern : Les mots après le drame et les actes après les mots », écrivait à ce propos le journal italien, qui n'est pas le seul à encenser la jeune femme politique (38 ans). En effet, depuis 5 jours, elle fait la une de presque toute la presse internationale. La plupart des titres sont admiratifs, du moins «appréciateurs » de celle qui a su offrir, après l'horreur de l'attaque de Christchurch, le visage humain et compatissant, mais en même temps ferme et déterminé, d'une dirigeante, qui n'en demeure pas une femme sensible. Foulard sur la tête, larmes aux yeux et accolade spontanée, Jacinda Ardern, a su forcer l'admiration, mais également et surtout le respect, pour son comportement exemplaire dans la gestion de la pression, faisant montre de sa capacité à gérer avec rapidité et sens politique une crise majeure. Elle est décrite comme une femme politique au parcours sans faute. Elle mêle empathie et détermination. Après l'attaque ayant secoué son pays, elle multiplie les déplacements sur le terrain, et partout elle essaie de montrer que la Nouvelle-Zélande est tolérante et solidaire des familles musulmanes endeuillées. Elle porte le voile en leur rendant visite, et quand Donald Trump a demandé comment apporter son aide, elle lui a simplement suggéré d'envoyer un peu de sympathie et d'amour à l'égard des musulmans. Fermeté et détermination Mais Jacinda Ardern ne s'en est pas tenue aux démonstrations de solidarité. Quelques heures à peine après Christchurch, elle a fait une déclaration politique retentissante, qui a pris de court son partenaire de coalition, farouche opposant à la restriction : la loi sur la possession d'armes en Nouvelle-Zélande va changer. En ouvrant, mardi dernier à Wellington, la première séance du parlement après le massacre, marquée dans la foulée par la lecture par un Imam de versets du Saint Coran, elle a eu ces mots forts et qui ont eu de l'écho auprès de ses concitoyens. Après avoir, encore une fois, exprimé sa solidarité au Musulmans, et tenté un approximatif « salam alaïkoum » en arabe, elle a promis de « ne jamais prononcer le nom du tueur des mosquées ». « Par cet acte terroriste, il recherchait beaucoup de choses, mais l'une d'elles était la notoriété. C'est pourquoi vous ne m'entendrez jamais prononcer son nom. C'est un terroriste. C'est un criminel. C'est un extrémiste. Mais quand je parlerai, il sera sans nom. Je vous implore : prononcez les noms de ceux qui ne sont plus plutôt que celui de l'homme qui les a emportés ». Les mesures pour faire face Le gouvernement néo-zélandais a pris en charge le coût des funérailles et offert d'assurer le rapatriement des corps dans leurs pays d'origine : L'ide, le Pakistan, l'Afghanistan et le Bangladesh notamment. Comme elle l'a promis au lendemain de la tuerie, la première ministre a annoncé l'interdiction des fusils d'assaut et des armes semi-automatiques, ainsi que celle des chargeurs à haute capacité, et autres dispositifs permettant des tirs de plus en plus rapides. La législation qui a permis au tueur d'acquérir, en toute légalité, les armes dont il a usé ce malheureux 15 mars, sera nettement durcie, et dès le mois prochain un projet de loi sera proposé au parlement. Pic de popularité Auprès de ses compatriotes, Jacinda Ardern a fait sensation ! Sur les réseaux sociaux, les néozélandais ne tarissent pas d'éloges et estiment que leur jeune Première ministre « a bien fait le boulot et les a rendus fiers». ??un petit pays mais 1GRAND peuple et que dire de la 1ère ministre J.Ardern?qui ne se défile pas: Musulmans??ont été massacrés à #ChristChurch par 1extrémiste, criminel, TERRORISTE Bissonnette massacre 6☪️dans ville de Québec??, il n'a pas été considéré TERRORISTE UNE INJUSTICE pic.twitter.com/xk81S8C4uB — Mohammed Aloui (@MohammedAloui04) March 20, 2019 Habituée à faire la une de la presse locale, en devenant la plus jeune dirigeante du pays, en ayant un bébé en cours de mandat, ou encore en emmenant ce dernier à une assemblée de l'ONU, Jacinda Ardern se disait consciente de la fragilité de la chose politique : « Tout dans la politique semble si fragile. Juste comme ça, en un claquement de doigts, tu peux trébucher et c'est pour ça que tu seras toujours connu», disait-elle. Mais en assurant une gestion « exemplaire en solidarité et en efficacité » de la tragédie de Christchurch, elle est sûre d'avoir inscrit son nom, un peu plus, dans l'histoire de son pays.