Les participants à une rencontre, organisée mardi à Laâyoune, ont appelé à une mobilisation citoyenne de grande envergure en vue de faire face au phénomène du mariage des mineurs. Il est temps de promouvoir davantage la sensibilisation aux impacts négatifs du mariage des mineurs sur les filles et la société et de discuter des mesures juridiques, sociales et économiques à même de lutter contre ce fléau, ont souligné les intervenants à une table ronde tenue sous le slogan: « Mariage des mineures: Abolir l'exception … rétablir la norme ». Cette rencontre, qui s'inscrit dans le cadre d'une compagne lancée par le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) contre le mariage des mineures, a pour objectif de susciter la réflexion sur ce sujet à la faveur de l'implication active de toutes parties prenantes, a indiqué le président de la Commission régionale des droits de l'Homme (CRDH) de Laâyoune-Smara, Mohamed Salem Cherkaoui. Il s'agit, a-t-il expliqué, d'associer les acteurs concernés au niveau local et régional, notamment des juges, des avocats, des journalistes, des professeurs et des acteurs de la société civile, afin de présenter des recommandations et propositions pour mettre un terme à ce phénomène. Cette initiative, qui intervient en commémoration de la Journée internationale des femmes, fait partie des recommandations du Plan d'action national en matière de démocratie et de droits de l'Homme, visant à poursuivre le débat sur la révision de l'article 20 du Code de la famille concernant l'autorisation du mariage des mineures, a rappelé Cherkaoui. Les dérogations dans des cas exceptionnels Bien que le législateur ait fixé l'âge légal du mariage à 18 ans, le Code de la famille prévoit, néanmoins, des « dérogations » dans des cas exceptionnels, a relevé de son côté le premier président de la Cour d'appel de Laâyoune, Mohamed Al-Bar. A cet égard, il a rappelé que l'article 20 du Code prévoit que « le juge de la famille chargé du mariage peut autoriser le mariage du garçon et de la fille avant l'âge de la capacité matrimoniale (...), par décision motivée précisant l'intérêt et les motifs justifiant ce mariage. Il aura entendu, au préalable, les parents du mineur ou son représentant légal. De même, il aura fait procéder à une expertise médicale ou à une enquête sociale ». Pour sa part, le procureur général du Roi près la Cour d'appel de Laâyoune, Saleh Tizari, a insisté sur la nécessité de procéder à l'expertise médicale et à l'enquête sociale selon des normes scientifiques bien définies, de sensibiliser les cadres médicaux à la valeur et aux impacts des certificats en la matière et de généraliser l'assistance sociale dans tous les tribunaux de la famille du Royaume. Il s'agit également de renforcer davantage la culture de l'égalité des deux sexes auprès des parents et de sensibiliser les filles aux dangers du mariage précoce, a-t-il fait remarquer.