Après les taximen de Fès c'est au tour de ceux de la capitale de prendre la relève et d'annoncer une grève pour le 18 février. Cause ? Careem, VTC (voitures avec chauffeur), qui leur prennent leurs parts du marché et dérangent leur activité. L'un des premiers à avoir « osé » pénétrer le monde du transport au Maroc et plus précisément le monde des petits taxis est Uber. Alors qu'il a passé 3 ans au Royaume à se battre contre les taximen (directement concurrencés) qui ont organisé plusieurs manifestations, affiché des pancartes anti-Uber sur leurs pare-brise, voire même encerclé des chauffeurs Uber pour les agresser, ce dernier a fini par plier bagage et rentrer au bercail le 24 février 2018. Est-ce le même sort qui attend Careem ? Très probable ! Suite à plusieurs plaintes déposées par les chauffeurs de petits taxis de Rabat contre la société de VTC Careem, la Wilaya de RabatSalé a annoncé via un communiqué, dont Hespress Fr détient une copie, que « les plaintes des taximen ont bien été reçues« . Elle affirme dans ce sens aux chauffeurs de taxi ainsi que les habitants de la ville de Rabat et ses environs qu' »aucune autorisation n'a été délivrée à aucune société de VTC qui utilise des applications installées sur smartphone pour transporter illégalement des passagers à l'instar des petits taxis qui sont agréés par l'état « . Et d'ajouter que « ces sociétés là ainsi que le personnel qui y est employé, sont hors la loi ». La Wilaya de RabatSalé souligne également qu'elle « travaille en étroite collaboration avec les autorités concernées afin de stopper toute activité menée illégalement par ces sociétés de transport privées ». Toutefois, relève-t-on, les autorités restent tout de même « ouvertes à tout projet prometteur qui insuffle une dynamique au secteur mais qui répond également aux critères et respecte la loi qui régit le secteur « . Du côté des usagers, la plupart sont satisfaits. « J'utilise Careem fréquemment surtout le matin quand je ne trouve pas de taxis, ou quand ces derniers refusent de me transporter sous prétexte que c'e n'est pas dans leur trajectoire alors qu'à la base, ils sont vides ! », se confie une usagère de Careem au micro de Hespress Fr. « Je préfère mille fois Careem au petit taxi, malgré la différence de prix qui reste tout de même raisonnable. Au moins je ne me fais pas insulter par les chauffeurs quand je n'ai pas de monnaie », plaide une autre usagère de Careem. Pourtant il y en a qui soutiennent les petits taxis et avance comme argument sur les réseaux sociaux que ces derniers « possèdent un permis de confiance contrairement aux sociétés de VTC avec lesquelles le risque de harcèlement ou d'agression reste élevé« . La situation reste critique. Entre adhérents et opposants, les services de Careem ou plutôt des VTC en général, demeurent appréciés par les habitants de la ville et plus précisément les filles qui « se plaignent » fréquemment sur la toile du comportement « intolérable et arrogant » des chauffeurs des petits taxis ». Pour Careem, aucune réaction n'a été remarquée jusqu'à présent. La société de VTC n'a pas encore réagi aux réclamations des chauffeurs de taxi de la capitale et continue de faire la sourde oreille. Hespress Fr a d'ailleurs tenté de joindre un responsable de communication au sein de la boite, pour recueillir sa version des faits, mais en vain. A notre grande surprise, on nous informe qu'il n'y a « aucun représentant de la société au Maroc« . Le seul dirigeant de la boite est installé dans un pays du Golfe, plus précisément à Dubai où a été fondée Careem en 2012. En attendant, en dépit d'un taux de satisfaction assez élevé chez les usagers, Careem est, aux yeux des autorités, dans l'illégalité pure et simple. Mais la société continue d'exercer ses activités en toute liberté sans être le moins du monde inquiétée, sinon par les taximen qui se sentent littéralement « menacés dans leur gagne-pain ».