Le Maroc, traditionnel soutien du peuple syrien, a réagi à la chute du régime de Bachar Al Assad au lendemain d'un week-end mouvementé qui a surpris le monde entier. Les relations entre le Maroc et la Syrie ont été historiquement tumultueuses à cause du soutien du clan Al Assad au séparatisme au Royaume. En l'espace d'une semaine, l'opposition syrienne a pris le contrôle du pays chassant le dirigeant syrien dont la famille a gouverné la Syrie pour des décennies, mettant fin à une dictature qui a tué, réprimé, et bouleversé tout un peuple depuis 2011 avec le printemps arabe. Dans une déclaration en conférence de presse tenue ce lundi à Rabat, avec l'ancien Premier ministre du Kenya, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a exprimé la position du Maroc suite à ces événements. Le Maroc espère que ces récents développements en Syrie « apporteront la stabilité, répondront aux aspirations du peuple syrien et offriront un avenir meilleur au pays », a déclaré Bourita en rappelant que le Maroc a « toujours plaidé pour la souveraineté nationale et l'unité syrienes ». « Le Maroc a toujours œuvré pour les réformes et la stabilisation, pour la souveraineté et l'unité de la Syrie, et pour ce qui répond aux aspirations du peuple », a affirmé le ministre. « Telle est la position constante du Royaume », a-t-il conclu. En effet, en 2011, alors que la révolution du printemps arabe s'emparait de plusieurs pays du Moyen-Orient, la Syrie a connu le pire des scénarios, poussant des millions de Syriens à fuir le pays de la guerre lancée par le régime de Bachar Al Assad pour se maintenir au pouvoir. A cette date, le Maroc a soutenu le peuple syrien et a organisé fin 2021 une conférence des « amis du peuple syrien » en soutien à l'opposition syrienne. La mâme année, Rabat fermait son ambassade à Damas et demandait la fermeture de la représentation syrienne au Maroc. Rabat est resté droit dans ses bottes et a tenu à ses positions soutenant le peuple syrien. Ainsi, alors que se discutait le projet de retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe (son adhésion était gelée depuis 2011), le Maroc a posé plusieurs conditions, en particulier le respect de l'intégrité territoriale du Royaume et l'arrêt du soutien au polisario. Les relations entre le régime syrien et le Maroc ont été marquées par des tensions depuis la prise de pouvoir de la famille Al Assad qui était marquée par le courant anti monarchique dans les pays arabes. Ainsi, toute une politique d'hostilité a été mise en place contre le Maroc depuis les années 70, notamment en soutenant financièrement les étudiants de gauche, en leur offrant des bourses d'études en Syrie, ou encore en soutenant le polisario. La Syrie a été le deuxième pays arabe à reconnaître la 'République arabe sahraouie démocratique (RASD)' en avril 1980 et depuis, les contacts entre Damas et la milice séparatiste ne se sont jamais arrêtés, allant jusqu'à voir des combattants du polisario envoyés pour soutenir le bain de sang de Bachar Al Assad contre le peuple syrien. Les contacts se sont poursuivis, jusqu'à récemment. En octobre 2023, l'ambassadeur syrien en Suisse a reçu un membre du polisario à Genève. En juin dernier, le polisario a organisé grâce au soutien du régime de Bachar, une conférence en marge d'une réunion de partis arabes soutenant la Palestine dans la capitale libanaise. Lors de l'offensive des rebelles et de l'opposition syrienne menée ces derniers jours, des membres du polisario ont été capturés. Les relations entre le Maroc et la Syrie d'Al Assad auraient pu s'améliorer au regard des efforts consentis par le Royaume pour protéger la stabilité de la Syrie malgré toutes les attaques encaissées. Lors du règne de feu Hassan II, l'ancien vice-président de Hafez Al Assad, qui a également été ministre des Affaires étrangères, Abdel Halim Khaddam, s'était rendu au Maroc en 1972 et était revenu marqué, surpris par la disposition de Rabat à envoyer des troupes pour soutenir le Syrie dans sa guerre contre Israël. « L'image que nous avions du Roi Hassan II était effrayante, celle d'un Roi dur, mais après m'être entretenu avec lui, je ai trouvé un homme moderne et profond, montrant une forte émotion envers la Syrie et désireux de la soutenir », avait-il déclaré plus tard, admettant avoir combattu Hassan II « jour et nuit ».