Des dépôts réguliers et atypiques sur des des comptes domiciliés dans agences bancaires situées en périphérie de Casablanca et Marrakech, ont conduit l'Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) à mener des investigations approfondies. Ces comptes, contenant des montants significatifs, suscitent des interrogations sur l'origine des fonds et leur éventuel lien avec des pratiques illicites. Des déclarations de soupçon, provenant d'un grand groupe bancaire, concernant d'éventuelles opérations de blanchiment d'argent repérées au niveau de comptes ouverts dans des agences bancaires sises dans les banlieues de Casablanca et de Marrakech, ont alerté les services de vigilance et d'analyse des risques de l'Autorité nationale du renseignement financier, qui est en train d'approfondir ses enquêtes sur ces comptes et sur l'identité de leurs titulaires, a appris Hespress de sources bien informées. Des dépôts d'argent inhabituels Les agents de guichet et les responsables des relations clientèle, travaillant dans les agences bancaires concernées, ont relevé des dépôts d'une valeur comprise entre 50.000 et 200.000 dirhams, effectués en moyenne deux fois par semaine. La direction de la banque a adressé, par conséquent, une correspondance, dans le cadre du contrôle interne et de l'activation des procédures de gestion des risques, à ces responsables de la clientèle, afin de déterminer l'activité exacte des propriétaires des comptes suspects, dont les dépôts se situent entre 1 million et 3 millions de dirhams. En réponse à cette correspondance interne, les chargés de clientèle ont confirmé que les suspects avaient déclaré exercer des activités commerciales sans fournir d'autres explications. Les signalements transmis par le groupe bancaire ont poussé l'ANRF à intensifier ses recherches. Les premières vérifications ont révélé que plusieurs titulaires des comptes suspects possédaient plusieurs entreprises enregistrées sous le statut de SARL à associé unique. Ces sociétés, souvent actives dans l'importation de biens de consommation, d'équipements ménagers ou d'accessoires féminins, ce qui soulève des questions sur le volume réel volume de leurs activités, soulignent les sources de Hespress. De plus, les agences où ces comptes ont été ouverts ne correspondaient ni au lieu de résidence des titulaires des comptes ni au siège social de leurs entreprises. Aucune opération de retrait n'avait été enregistrée sur ces comptes depuis leur ouverture, ce qui renforce les soupçons autour de ces comptes. Les suspects sont titulaires de plusieurs comptes bancaires Selon les informations issues des bases de données de Bank Al-Maghrib, les suspects en question détiennent plusieurs comptes bancaires, tant personnels que professionnels, auprès de différentes banques. L'ANRF a également constaté dans le cadre de son enquête que les suspects n'avaient pas demandé de carnets de chèques et qu'ils se contentaient des cartes bancaires et des applications mobiles pour gérer leurs comptes. Il est à noter que le secteur bancaire arrive, selon les derniers rapports de l'ANRF, en tête des déclarations de soupçon de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, avec 34,4 % du total des déclarations de soupçon reçues, suivi par les établissements de paiement (services de paiement et de transfert d'argent), avec 29 %. En un an, l'Autorité a reçu un total de 5.171 déclarations de soupçon de blanchiment d'argent et a transmis 54 dossiers aux procureurs du Roi près les tribunaux de première instance de Rabat, Casablanca, Fès et Marrakech, ainsi qu'au procureur général du Roi près la cour d'appel de Rabat, tous relatifs à des faits soupçonnés d'être liés au blanchiment d'argent ou à des infractions sous-jacentes, ainsi qu'au financement du terrorisme.