Suite à des signalements de soupçons de blanchiment d'argent, les services de contrôle relevant de l'Autorité nationale du renseignement financier (ANRF), ont ouvert des enquêtes approfondies sur des usuriers, dits "banques souterraines", de plus en plus actifs à Casablanca, qui proposent des prêts illégaux à des hommes d'affaires, des investisseurs et des promoteurs immobiliers à des taux d'intérêt élevés et en échange de garanties diverses qui vont du chèque à la participation au capital d'une société et aux titres de propriété de biens immobiliers et mobiliers. Ces services de contrôle ont reçu, d'après des sources de Hespress, des informations précises sur la circulation d'importantes sommes d'argent d'origine inconnue par le biais de ces "banques souterraines", camouflées en bureaux comptables et en sociétés de gardiennage, de nettoyage et d'aménagement paysager dirigées par des usuriers, dont certains ont été identifiés. Les enquêtes ont révélé, d'après les mêmes sources, que ces "prêteurs" entretenaient des relations complexes avec des hommes d'affaires influents dans la capitale économique, où ils fournissaient des financements en espèces pour des opérations d'importation et des projets immobiliers bloqués à des taux d'intérêt élevés, en profitant du renforcement des mesures de précaution des banques concernant les prêts aux entreprises et aux investisseurs. Les mêmes sources ont ajouté que ces bailleurs de fonds exerçant des activités de crédit en dehors du cadre autorisé par Bank Al Maghrib, imposaient des taux d'intérêt élevés sur leurs prêts, en plus de diverses garanties, incluses dans des contrats soigneusement établis par des cabinets d'avocats et de notaires renommés. Ces sources ont aussi souligné que les opérations de prêt, dont les détails ont été passés à la loupe par les contrôleurs de l'ANRF, ont révélé que ces opérations prenaient la forme de transactions d'investissement, par l'achat de participations, ou le transfert temporaire de la propriété de biens mobiliers de valeur, tels que des voitures de luxe, ainsi que de terrains et d'appartements résidentiels. Il est à souligner que l'ANRF a été saisie de 5.171 déclarations de soupçon de blanchiment d'argent en une seule année et a transmis 54 dossiers aux Procureurs du Roi près les Tribunaux de Première Instance de Rabat, Casablanca, Fès et Marrakech, ainsi qu'au Procureur général du Roi près la Cour d'appel de Rabat, tous relatifs à des faits suspectés d'être liés au blanchiment d'argent, aux crimes majeurs et au financement du terrorisme. Les sources de Hespress ont par ailleurs confirmé que les enquêtes en cours ont révélé que les propriétaires de ces "banques souterraines" recourent à des méthodes uniques pour recouvrer leurs dettes, en établissant un système d'intérêts progressifs, en fonction de la période d'échéance, en particulier dans le financement et les prêts accordés pour des transactions commerciales rapides, telles que les importations et les ventes en gros. Les mêmes sources rapportent que dans le cas d'un projet immobilier bloqué depuis de nombreux mois à Casablanca, ces usuriers ont choisi de s'approprier des appartements dans la première tranche du projet, à travers une vente légale réalisée par l'intermédiaire d'un notaire, avant de débloquer des prêts pour financer les deuxième et troisième tranches, notant qu'ils utilisent les données de différents services, dont le tribunal de commerce de Casablanca et la direction régionale des impôts et autres, pour vérifier le statut juridique et financier des demandeurs de prêts avant de leur octroyer les montants dont ils ont besoin.