Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), est inquiet pour les personnes vulnérables originaires de Syrie, du Yémen et de Palestine, bloquées à la frontière avec le Niger, au sud de l'Algérie. L'agence onusienne réclame un accès à ce groupe pour répondre à ses besoins et assurer sa sécurité. « Compte tenu de l'urgence de fournir une aide humanitaire aux personnes bloquées, le HCR a appelé les autorités algériennes à pouvoir accéder à ces personnes, à répondre aux besoins humanitaires, à identifier les personnes qui ont besoin de protection internationale et à assurer leur sécurité », a fait savoir jeudi 4 décembre le Haut-commissariat. Et le HCR de préciser avoir reçu des informations selon lesquelles le groupe, composé d'environ 120 Syriens, Palestiniens et Yéménites, « avait été détenu au centre de Tamanrasset dans le sud de l'Algérie, avant d'être conduit vers une zone proche du poste-frontière de Guezzam, le 26 décembre dernier ». Certaines des personnes de ce groupe sont connues du HCR comme étant des réfugiés enregistrés qui ont fui le conflit et les persécutions ou qui ont signalé avoir tenté d'obtenir une protection internationale en Algérie, poursuit le HCR, qui souligne que selon les informations reçues, 20 personnes appartenant à ce groupe « sont actuellement bloquées dans le désert, à trois kilomètres du poste-frontière de Guezzam où elles sont exposées aux éléments. Les 100 autres qui ont été transportées vers la frontière sont portées disparues ». A cet égard, l'agence onusienne a tenu à démentir les informations relayées par les médias algériens selon lesquelles ces personnes auraient été transférées à la frontière avec son accord. Alger récuse L'Algérie officielle, elle, présente les choses autrement et invoque « la sécurité de l'Etat ». Hacene Kacimi, chargé de l'immigration au ministère algérien de l'Intérieur, affirme qu'il « il s'agit bien de membres de la milice syrienne dite Armée syrienne libre, qui avait transité soit par la Turquie, l'Egypte ou le Soudan avec de faux passeports soudanais ». « L'Algérie, qui a accueilli 50 000 Syriens fuyant la guerre, n'aurait pas eu à s'offusquer de quelques dizaines d'autres », a-t-il fait valoir. Le responsable algérien a, même, accusé certaines ONG d'avoir colporté des informations « erronées et fallacieuses » sur le cas des Syriens arrêtés et refoulés fin décembre dernier vers le Niger. Il a réaffirmé, dans ce sens, que les personnes refoulées dernièrement aux frontières sud du pays « ne sont pas des migrants. « D'abord, ils les ont présentés comme étant des migrants alors qu'ils ne le sont pas. Pourquoi ne sont-ils pas des migrants ? Tout simplement, ce sont des membres de l'Armée syrienne libre qui étaient à Alep », a-t-il dit. La LADDH accuse Toutefois, ces « précisions » ne convainquent pas localement. Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH) avait dénoncé, lundi, le refoulement vers le Niger d'une cinquantaine de migrants, dont des enfants et familles, en majorité syriens, entrés clandestinement en Algérie en septembre. Pour la LADDH, « après avoir envoyé à la mort plusieurs milliers de réfugiés subsahariens, c'est au tour des réfugiés syriens de subir la même tragédie, mise en scène sans scrupules par les autorités algériennes qui ne sont encore une fois préoccupées par nul sens de la morale ou d'une quelconque indulgence ». Selon la Ligue, les faits se sont déroulés entre les 25 et 26 décembre dernier et les personnes expulsées « se trouvent dans une détresse absolue, quelque part entre l'Algérie et le Niger » où elles souffrent « de faim et de froid ». « Ce refoulement vers la frontière aurait été effectué par bus, avec l'implication des éléments du Croissant rouge algérien. Le groupe comprend aussi des Palestiniens et des Yéménites, et dans lequel figurent des femmes et des enfants, notamment une femme enceinte à son neuvième mois, était en rétention dans le centre de Tamanrasset depuis plus de deux mois », avait indiqué le communiqué publié par la LADDH.