Le Maroc, en tant que pays en première ligne face aux défis imposés par les changements climatiques, subit de plein fouet des manifestations extrêmes de ces dérèglements. Cela se traduit par six années consécutives de sécheresse, couplées récemment par des inondations dévastatrices ayant frappé les régions du Sud. L'intensité et la récurrence de ces phénomènes ont infligé des dommages considérables aux infrastructures, a déploré Nizar Baraka, ministre de l'Equipement et de l'Eau. Intervenant à la séance hebdomadaire des questions orales tenue ce mardi à la Chambre des conseillers, Baraka a détaillé les efforts proactifs du gouvernement pour faire face aux défis climatiques, dont les récentes inondations ont mis en évidence les insuffisances de l'infrastructure actuelle. Dans cette optique, le ministre a insisté sur l'impérieuse nécessité de mettre en œuvre des approches de construction novatrices, conçues pour mieux résister aux fléaux naturels à venir. Malgré les mesures préventives mises en place par les services météorologiques, les récentes intempéries ont provoqué des dommages considérables, perturbant la circulation sur 141 tronçons routiers et compromettant l'intégrité d'infrastructures vitales. Il a précisé que ces interruptions ont touché 53 tronçons de routes nationales, 38 de routes régionales et 50 de routes provinciales. En outre, cela a affecté également 69 ouvrages d'art, notamment des ponts situés à Tata, Midelt, Figuig et Jerada, ainsi que 47 infrastructures hydrauliques pavées appelées « radiers » et 18 ouvrages hydrauliques du type « dalots ». De surcroît, la région a été frappée par des précipitations oscillant entre 47 et 115 millimètres dans un intervalle de temps bref, provoquant une pression sans précédent sur les infrastructures hydrauliques et les rivières. Le ministre, fort de chiffres saisissants, a souligné que ces flux d'eau ont atteint des niveaux jamais enregistrés depuis un millénaire, soulignant le caractère exceptionnel de cet événement. A titre d'exemple, le bassin d'Al Maider, situé dans la province de Zagora, a enregistré un débit de 3.171 mètres cubes par seconde tandis que le bassin du Drâa Inférieur, dans la province de Tata, a observé un débit de 2.300 mètres cubes par seconde, des chiffres qui attestent de l'ampleur titanesque de ces inondations. Pour remédier à cette situation, le gouvernement a alloué près de 500 millions de dirhams destinés à des opérations de protection, dont une part considérable pour les régions les plus touchées, telles que Tata et Drâa-Tafilalet, a-t-il précisé. Baraka a également annoncé une gestion intégrée des risques, le premier système de ce type au niveau national, pour mieux contrôler les inondations futures. Cette initiative s'inscrit dans une logique de prévention et de réaction rapide, illustrée par la modernisation du réseau de surveillance hydrométéorologique et l'amélioration de l'alerte précoce. En outre, le ministre a reconnu les limites du précédent programme de construction de barrages collinaires, critiqué pour son manque d'études préalables, qui a conduit à des difficultés techniques et à des dépassements de coûts. Son ministère s'engage dans un nouveau programme plus rigoureux et coordonné avec le ministère de l'Intérieur, visant à choisir adéquatement les emplacements des barrages pour maximiser leur efficacité. Parmi les mesures citées par Baraka figurent la modernisation et la mise à jour des réseaux de mesures météorologiques et hydrométéorologiques, ainsi que l'installation de dispositifs sophistiqués de surveillance et de contrôle. Il a également insisté sur la nécessité d'une approche proactive et d'une alerte précoce pour garantir la sécurité des citoyens. Par ailleurs, il a fait savoir que les efforts de réhabilitation se poursuivent, avec des projets en cours pour atténuer les conséquences des inondations dans les régions orientales, avec un accent sur les bassins stratégiques comme Guir-Ziz-Rheris. Son ministère s'est engagé dans le développement d'infrastructures essentielles, en partenariat avec les agences des bassins hydrauliques, afin de protéger 250 sites vulnérables aux inondations à travers l'ensemble du Royaume, touchant 250 collectivités territoriales.