Le groupe parlementaire de l'Union Marocaine du Travail (UMT) a décidé de se retirer de la première séance hebdomadaire des questions orales pour la session d'automne à la Chambre des conseillers. Ce geste fait suite à une frustration manifeste face à l'absence de dialogue entre le ministre de l'Inclusion Economique, de la Petite Entreprise, de l'Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, et les centrales syndicales concernant le projet de loi sur le droit de grève qui a été transmis à la Chambre des représentants. Lors de la séance dédiée aux questions orales tenue ce mardi 22 octobre à la Chambre des conseillers, Noureddine Slik, président du groupe de l'UMT, a fait part de sa profonde consternation et sa « surprise » face au « décalage » du ministre par rapport à l'accord préalablement établi entre le président du gouvernement et les centrales syndicales, qui stipule clairement que le projet de loi relatif au droit de grève ne devrait être présenté à la commission concernée qu'après l'obtention d'un consensus des deux parties. Slik a ainsi affirmé que « le président du gouvernement a engagé sa responsabilité en promettant aux syndicats que ce processus serait respecté. C'est donc à toi, Monsieur le ministre, d'assumer les conséquences de cet écart« . Il a par ailleurs annoncé le retrait de son groupe de la séance, qualifiant cette décision de « protestation contre la dérive de Sekkouri par rapport à cet engagement crucial« . Rappelons que ce projet de loi encadrant l'exercice du droit de grève au Maroc a transformé les négociations sociales en un véritable champ de bataille entre le gouvernement, les centrales syndicales les plus représentatives et le patronat. Ces syndicats, bien conscients des enjeux, insistent sur l'importance de maintenir un dialogue social structuré. Le principal point de friction concerne la perception des syndicats vis-à-vis de cette loi, qu'ils considèrent comme une tentative de sanctionner un droit fondamental inscrit dans la Constitution marocaine. Selon l'UMT, cette législation pourrait considérablement restreindre l'exercice du droit de grève, en instaurant des procédures administratives contraignantes et en pénalisant certaines formes de manifestations sociales. Les syndicats ont donc réclamé une législation alignée sur les conventions internationales, tout en garantissant le respect des libertés syndicales. En outre, l'avis rendu par le Conseil national des droits de l'homme (CNDH), qui affirme que le principe du « salaire contre travail » est « non incompatible avec les libertés syndicales » a semé la discorde. Ces dirigeants syndicaux ont fermement affirmé que ce principe, qui n'a jamais été mis en œuvre dans sa forme actuelle au Maroc, représente une grave atteinte à la liberté syndicale et constitue une agression directe contre le droit de grève.