Le politologue Tajeddine El Husseini, professeur de droit international et avocat près la Cour de cassation, a mis en lumière, dans des déclarations à Hespress FR, des enjeux majeurs concernant la posture du Maroc sur la scène internationale. Ses propos résonnent à l'heure où les équilibres mondiaux sont fragilisés par des crises successives et des recompositions stratégiques. « Le Maroc est, sans conteste, un acteur central dans la stabilisation de la région nord-africaine et sahélo-saharienne », a-t-il déclaré, soulignant le rôle crucial du Royaume dans la gestion des conflits régionaux, notamment au Sahara et au Sahel. La diplomatie marocaine, a-t-il ajouté, est portée par une vision royale aussi stratégique qu'ambitieuse. Elle vient de franchir une étape décisive avec la réunion multilatérale du 23 septembre à New York. En présence du chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, et d'autres grandes figures internationales, le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita a exposé les avancées de l'initiative royale de coopération atlantique, promulguée en 2022. Pour Tajeddine El Husseini, cette réunion n'a fait que conforter la position centrale du Maroc dans cet espace africain atlantique en pleine recomposition géopolitique. Selon le politologue, cette rencontre renforce la position du Maroc comme pilier de la stabilité, de la sécurité et du développement dans la région atlantique africaine. Il estime que cette initiative marocaine incarne une approche inédite des relations internationales, établie sur « la paix, la sécurité et le progrès », plutôt que sur les rivalités militaires et les tensions politiques. Cette distinction rappelle que là où d'autres blocs géopolitiques misent sur la force armée, le Maroc a choisi la voie du développement économique et de la coopération intercontinentale. Un choix qui, selon El Husseini, reflète la maturité diplomatique du Royaume et sa capacité à se positionner comme une puissance pacificatrice. Diplomatie de la paix et du développement L'expert ne manque pas de rappeler que l'initiative atlantique marocaine est avant tout pragmatique, s'attaquant directement aux enjeux cruciaux qui touchent les pays de la façade atlantique africaine. Ces 23 nations, qui représentent 70% de la population du continent et 40% de son poids économique, forment un ensemble stratégique où les défis économiques, climatiques et sécuritaires sont intimement liés. Il souligne que le Processus de Rabat, lancé en 2022, a d'ores et déjà montré des résultats concrets. Un secrétariat dédié a été mis en place à Rabat, avec un programme d'action ciblé sur des domaines tels que la sécurité, l'économie bleue, l'énergie et le changement climatique. Le Royaume, fort de sa deuxième place en tant qu'investisseur en Afrique, peut compter sur ses entreprises de pointe, notamment dans les secteurs des phosphates, du bâtiment et de l'habitat. Grâce à ses banques et à ses champions nationaux, le Maroc a réussi à tisser un réseau économique solide à travers le continent, contribuant ainsi à l'amélioration des conditions socio-économiques de ces pays atlantiques. « L'initiative atlantique vise une amélioration des conditions de ces pays grâce au leadership du Maroc », affirme-t-il, rappelant que la vision royale ne se limite pas à la façade atlantique, mais s'étend à l'ensemble du continent africain. Un leadership salué par les grandes puissances Le politologue met également en avant le rôle crucial des partenaires internationaux du Maroc, en particulier les États-Unis. Cette initiative démontre que la diplomatie marocaine bénéficie d'un soutien de poids sur la scène internationale. Les États-Unis, qui considèrent le Maroc comme un partenaire clé en Afrique, voient dans cette initiative une opportunité de renforcer la stabilité et la sécurité dans une région marquée par des conflits récurrents et des crises humanitaires. En marge de cette réunion, le Maroc a signé un accord de coopération avec les pays limitrophes du fleuve Mano, avec la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone. Cet accord, qui s'inscrit dans la continuité de la feuille de route de coopération pour la période 2025-2027, aspire à consolider les partenariats dans divers domaines stratégiques. Là encore, El Husseini voit une illustration claire du rôle prépondérant que le Maroc joue dans la construction d'une coopération inter-africaine durable. Avenir prometteur pour l'espace atlantique africain Pour Tajeddine El Husseini, l'avenir de l'espace atlantique africain dépendra largement de la capacité des États membres à maintenir une coopération harmonieuse, fondée sur des objectifs communs de sécurité et de développement. « Le Souverain a choisi l'équilibre, loin des armes, au service duquel sont déployés les moyens pacifiques de la coopération économique », affirme-t-il, saluant une nouvelle fois la pertinence de l'approche marocaine. Cette diplomatie économique, doublée d'une vision stratégique de long terme, devrait continuer à porter ses fruits dans les années à venir. Si la réunion de New York a prouvé une chose, c'est que le Maroc est plus que jamais une plaque tournante de la coopération atlantique africaine, un acteur incontournable dans la recherche de solutions aux défis régionaux et un partenaire de confiance pour les grandes puissances internationales.