L'économie nationale aurait fait un bond de 2,8% au troisième trimestre 2024, en variation annuelle, porté par le dynamisme continu de la demande intérieure et une augmentation plus robuste des exportations, selon le récent point de conjoncture du troisième trimestre 2024 publié par le Haut-Commissariat au Plan (HCP). En effet, cette dynamique a favorisé une amélioration de la valeur ajoutée dans toutes les branches, à l'exception notable de l'agriculture et de la pêche, précise le document. Cependant, au quatrième trimestre 2024, le HCP prévoit un retour des secteurs secondaires vers une croissance plus modérée, associé à une poursuite de la baisse des activités primaires, ce qui ramènerait la progression du PIB à +2,5% en rythme annuel. La croissance économique nationale en légère accélération Durant le troisième trimestre 2024, l'économie nationale a enregistré une accélération modeste, atteignant un taux de croissance de 2,8%, en hausse par rapport à la moyenne de 2,4% observée au cours du premier semestre. De plus, les premiers mois de l'année ont été marqués par une décroissance dans le secteur agricole et une expansion limitée des industries manufacturières ainsi que des services de distribution d'électricité. D'après les enquêtes conjoncturelles menées par le HCP, la demande insuffisante a été identifiée comme le principal obstacle, entravant le développement des activités pour 30% des entreprises industrielles, suivie par les difficultés d'approvisionnement, affectant 19% d'entre elles. Les branches secondaires reprennent vie Au troisième trimestre 2024, la croissance hors agriculture aurait atteint 3,6% en rythme annuel. Les branches secondaires auraient gagné 4,4% en activité, soutenues par une relance des industries extractives à 15,4%, grâce au rebond des exportations de matières premières et à une demande locale solide. L'expansion des capacités de production en DAP et TSP et la réduction de l'offre chinoise auraient stimulé la production de phosphate brut de 18,9% en variation annuelle. Pour leur part, les industries manufacturières auraient notamment connu une amélioration de leur activité contribuant ainsi à la croissance économique globale de 0,2 point. Les secteurs du textile et certaines branches de l'agroalimentaire auraient enregistré une reprise marquée, alimentée par une hausse de leurs exportations. Les industries chimiques auraient continué d'évoluer à un rythme soutenu de 9,7%, bénéficiant de la baisse des prix des matières premières importées, comme le soufre et l'ammoniac. En revanche, les industries de matériel électrique et de transport auraient dû s'ajuster à la faible demande sur le marché européen. La valeur ajoutée dans la construction aurait, quant à elle, grimpé de 4,8% annuellement au troisième trimestre 2024, contre 3,6% auparavant. Le secteur du bâtiment se serait redressé et les travaux publics renforcés, favorisés par des prix stables à la production. L'enquête de conjoncture du HCP aurait indiqué une hausse de l'utilisation de matériaux comme le ciment et l'acier, ainsi qu'une amélioration de 12 points des carnets de commandes. Par ailleurs, la croissance des services aurait ralenti, avec une augmentation de 3,4% de la valeur ajoutée des branches tertiaires, comparée à 5,8% entre 2022 et 2023. Après un rebond post-Covid, le tourisme et le transport auraient maintenu leurs performances, tandis que le commerce, les services financiers et la communication auraient subi un ralentissement dû à une demande affaiblie. L'activité agricole continue de baisser Lors du même trimestre, la valeur ajoutée agricole aurait diminué de 4,1% en valeur annuelle, après une contraction de 4% au premier semestre. Cette baisse ramènerait l'activité agricole au niveau moyen d'il y a quatre ans, bien que les productions végétales et animales aient évolué différemment. Malgré des conditions climatiques difficiles, les récoltes maraîchères se seraient améliorées, réduisant les prix des légumes et augmentant les exportations de tomates, pommes de terre et petits légumes. En revanche, d'autres cultures et la plupart des productions animales auraient décliné. La filière avicole aurait particulièrement chuté, avec une baisse de 3,3% de la production de poulet. Bien qu'elle ait rebondi pendant les cinq premiers mois de 2024, soutenue par des prix alimentaires élevés et une baisse depuis deux ans de la production de viande rouge, elle aurait été affectée, dès juin, par une offre réduite de poussins et une hausse des exportations de ces derniers. En conséquence, les prix moyens de poulet chair auraient bondi de 27,6%. Parallèlement, les prix de la viande rouge auraient augmenté, malgré une importation accrue de plus de la moitié des animaux vivants pendant cette période. La demande intérieure en hausse au T3-2024 Au troisième trimestre 2024, la demande intérieure aurait progressé de 5%, grâce à des augmentations des revenus salariaux et aux transferts publics et extérieurs, malgré les pressions inflationnistes dues à la hausse des prix alimentaires. Cette croissance aurait permis à la consommation des ménages d'augmenter de 3,2%, ajoutant ainsi 2 points à la croissance économique globale. Les investissements auraient aussi joué un rôle clé, avec une augmentation des dépenses de 9,6% par rapport au deuxième trimestre. Cette dynamique aurait été soutenue par une anticipation positive de la demande intérieure et par des gains provenant de la baisse des coûts de production commencée en 2023, poussant les entreprises privées à accroître leurs investissements en équipements industriels. De ce fait, les crédits d'équipement pour les sociétés non financières privées auraient augmenté de 8,9 % sur un an. Toutefois, l'accumulation de stocks aurait été moins dynamique qu'au trimestre précédent, contribuant pour 0,4 point à la croissance économique. L'inflation reprend sa tendance à la hausse Selon le point de conjoncture, l'inflation aurait légèrement repris au troisième trimestre 2024, après avoir reculé pendant plusieurs trimestres, s'établissant à +1,2%, au lieu de +0,8% un trimestre plus tôt. Cette reprise aurait été le résultat d'une hausse de 0,7%, après une baisse de 0,3% au trimestre précédent, des prix des produits alimentaires, atténuée en partie par le recul de l'évolution de ceux des prix des produits non-alimentaires à +1,4%, contre +1,6% enregistré au deuxième trimestre. En outre, l'inflation sous-jacente aurait légèrement augmenté à 2,4% au troisième trimestre 2024, contre 2,3% précédemment, due à une hausse modérée des prix alimentaires et à une stabilisation des prix des services. L'inflation alimentaire aurait été principalement tirée par les viandes, contribuant à hauteur de 1 point, avec une hausse des prix de la volaille et des viandes rouges, impactées par des conditions météorologiques difficiles. Les prix des fruits frais et des poissons frais auraient contribué respectivement de 0,4 point et 0,3 point, tandis que la baisse des prix des légumes frais aurait réduit l'inflation de 0,7 point. Pour les produits non-alimentaires, les prix de l'énergie auraient reculé de 4,2 %, malgré une hausse des prix du gaz, et les prix des produits pétroliers auraient diminué de 2,3 %. Enfin, les prix des produits manufacturés auraient légèrement ralenti à 0,5 %, en raison de la baisse des prix des gros appareils ménagers. La demande extérieure tire la croissance économique vers le bas Au troisième trimestre 2024, les échanges extérieurs auraient continué d'affecter la croissance, soustrayant 2,6 points à celle-ci. Bien que les exportations aient progressé de 11,3% (après 7,8% au T2-2024), le volume des importations aurait également augmenté en raison d'une demande intérieure en hausse. En valeur, les exportations de biens auraient crû de 14,6% annuellement, soutenues par les phosphates et dérivés, contribuant à hauteur de 4,4 points grâce à une forte demande, notamment d'Amérique du Nord et d'Afrique. L'industrie textile et cuir, en particulier la confection, aurait ajouté 2,6 points aux exportations, suivie de près par les produits agricoles (+2,3 points) et l'aéronautique (+1,8 point). Les exportations automobiles, en revanche, n'auraient apporté que 0,8 point, en raison d'une baisse dans la branche « construction ». Concernant les importations, elles auraient augmenté de 12,7% annuellement. En particulier, les biens d'équipement, tels que les centrifugeuses, machines en plastique et voitures utilitaires, auraient contribué pour 5,5 points, tandis que les demi-produits auraient ajouté 3 points, notamment grâce aux achats de produits chimiques et d'aluminium brut. La facture alimentaire aurait été alourdie par l'importation d'animaux vivants, de blé et de fruits, en raison d'une production locale insuffisante. Par ailleurs, la facture énergétique, avec une contribution de 0,8 point, aurait été tirée par l'achat de gasoil et de combustibles. Enfin, le dynamisme des échanges aurait entraîné une amélioration d'environ un point du taux de couverture, atteignant 56,3% au troisième trimestre 2024. Accélération de la masse monétaire et du crédit bancaire Au troisième trimestre 2024, la masse monétaire aurait augmenté de 5,5%, influencée par un besoin accru de liquidité des banques. Bank Al-Maghrib aurait augmenté ses financements aux banques, tandis que les réserves officielles auraient ralenti à 1,4%. Les créances sur l'économie auraient progressé de 4,6%, stimulées par les crédits aux entreprises. Le taux directeur serait resté à 2,75% en raison d'incertitudes économiques. Les taux d'intérêt interbancaires se seraient stabilisés, tandis que les taux des bons du Trésor auraient diminué. En outre, le dirham se serait apprécié de 1,1% contre l'euro et de 1,5% face au dollar. Augmentation des indicateurs boursiers Au troisième trimestre 2024, le marché des actions aurait connu une forte croissance, avec l'indice MASI en hausse de 21,1% en glissement annuel, après 14,9% au trimestre précédent. La capitalisation boursière aurait progressé de 21,7%. Cette dynamique serait due à l'augmentation des cours dans plusieurs secteurs, dont la promotion immobilière et la santé. La liquidité du marché aurait également augmenté, avec un volume de transactions en hausse de 50,8% par rapport à l'année précédente. Perspectives d'une amélioration du PIB prévue au T4-2024 Au troisième trimestre 2024, les perspectives de croissance mondiale se seraient améliorées, avec une stabilité dans plusieurs économies, notamment dans les services. La croissance en Europe serait de 0,9%, tandis qu'aux États-Unis, elle atteindrait 1,8% grâce à la demande intérieure. Pour le quatrième trimestre, un ralentissement mondial est prévu, avec une croissance de 1,1% en zone euro et de 1,8% aux États-Unis, dû à une hausse de l'épargne des ménages. Les exportations nationales de biens et services connaîtraient une croissance réduite à 7,6%, tandis que les importations ralentiraient à 9,2 %. La consommation des ménages serait le principal moteur de la croissance, soutenue par des gains de pouvoir d'achat. Cependant, les investissements des entreprises ralentiraient en raison d'incertitudes économiques. La demande intérieure devrait croître de 4%, en baisse par rapport aux prévisions précédentes. Pour sa part, la valeur ajoutée agricole pourrait baisser de 4,4%, impactant la croissance, qui devrait s'établir à 2,5% au quatrième trimestre, en raison de dépendre des exportations et des aléas géopolitiques.