La question des violations des droits fondamentaux dans les camps de Tindouf, situés en territoire algérien et sous la mainmise du polisario, a une nouvelle fois été soulevée avec force lors de la 57e session ordinaire du Conseil des droits de l'homme qui se tient à Genève. Les pétitionnaires, présents lors du débat général, ont dénoncé avec des preuves irréfutables les pratiques inhumaines et arbitraires perpétrées contre les Sahraouis qui y sont séquestrés depuis des décennies. Les organisations de défense des droits de l'homme présentes ont appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités et à exercer une pression sur l'Algérie, qui a la souveraineté juridique sur ces territoires. Elles ont demandé que cessent ces violations, qu'une enquête soit menée sur les pratiques contraires aux conventions internationales, et que soit garanti aux familles des victimes de disparitions forcées le droit de connaître le sort de leurs proches et d'obtenir réparation. Témoignage d'El Fadel Ould Braika El Fadel Ould Braika, un militant des droits de l'homme et ancien détenu politique du polisario, a pris la parole pour dénoncer les atrocités commises par les autorités algériennes contre les séquestrés sahraouis dans les camps de Tindouf. Il a notamment évoqué les exécutions sommaires de jeunes sahraouis qui tentent de fuir les camps à la recherche d'une vie meilleure. Ould Braika a révélé que depuis le début de l'année, environ 20 jeunes Sahraouis ont été exécutés par l'armée algérienne, avec la complicité de dirigeants du polisario. Il a ajouté que la direction du polisario mène une campagne d'intimidation contre les familles des victimes, les forçant au silence et les empêchant de demander des comptes pour les meurtres de leurs enfants. L'attaque par drone et les répercussions Il a également relaté un incident survenu en mai dernier, lorsqu'un drone algérien a attaqué un groupe de réfugiés sahraouis dans la zone d'Akdi, tuant 14 jeunes hommes. Leurs corps ont été abandonnés dans le désert pendant quatre jours avant que des jeunes Sahraouis ne se mobilisent pour récupérer les dépouilles et les enterrer discrètement dans les camps. Selon Ould Braika, aucune enquête n'a été ouverte par les autorités algériennes suite à cet acte tragique. Au contraire, les familles des victimes ont été menacées de représailles si elles ne restaient pas silencieuses. Il a lancé un appel au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme et à la communauté internationale pour qu'ils fassent pression sur l'Algérie afin qu'elle respecte ses engagements internationaux envers les réfugiés sahraouis, qu'elle cesse les exécutions et qu'elle ouvre des enquêtes judiciaires pour mettre fin à l'impunité de ses forces armées. Détournement des aides humanitaires Zine El Abidine El Ouali, président du Forum africain pour les recherches et les études sur les droits de l'homme, a, lui aussi, dénoncé les graves violations des droits des réfugiés dans les camps de Tindouf. Il a notamment souligné le vol systématique de l'aide humanitaire destinée aux réfugiés par les dirigeants du Polisario, en complicité avec l'armée algérienne qui encercle les camps pour empêcher toute sortie. El Ouali a également rapporté que le polisario mène une répression violente contre les jeunes Sahraouis qui osent dénoncer ces abus sur les réseaux sociaux. Ces jeunes sont enlevés, torturés, et leurs familles sont privées de nourriture et d'eau. Cette situation désespérée pousse de nombreux jeunes Sahraouis à rejoindre des groupes armés dans la région du Sahel pour subvenir aux besoins de leurs familles. Appel à pression sur l'Algérie pour qu'elle assume ses responsabilités Il a exhorté la communauté internationale à faire pression sur l'Algérie pour qu'elle assume ses responsabilités. El Ouali a rappelé que la délégation de la gestion des camps au Polisario, une milice armée, est illégale selon la Commission des droits de l'homme. Il a insisté sur le fait que la protection des Sahraouis dans les camps de Tindouf est une obligation internationale et une responsabilité auxquelles l'Algérie ne peut se dérober. Mais, le leitmotiv de ce discours incantatoire « violations des droits fondamentaux dans les camps de Tindouf, situés en territoire algérien et sous la mainmise du polisario » a été sans équivoque celui de tous les pétitionnaires. Dans ce cadre, Shaibata Mrabih Rabou, membre du Comité international pour le respect et l'application de la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples (CIRAC), a dénoncé les disparitions forcées dans les camps de Tindouf. Il est aussi président du Centre Sahara d'études et de recherches en droits de l'homme. Selon lui, le Polisario utilise ces disparitions pour intimider la population. Ceux qui dénoncent ses abus sont réduits au silence. Disparitions forcées visant ceux qui dénoncent les abus Il a, par ailleurs, exhorté l'Algérie à cesser de déléguer ses pouvoirs administratifs et judiciaires au Polisario, et a demandé à la communauté internationale de faire pression pour la ratification de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, afin de faciliter le suivi des cas dans les camps. Ces disparitions visent particulièrement les minorités, les intellectuels et les responsables qui osent dénoncer les abus des dirigeants du mouvement séparatiste. Il a évoqué à titre d'exemple le cas du Dr Khalil Ahmed Abraih. Shaibata Mrabih Rabou a souligné que les disparitions forcées de Sahraouis dans les camps sont une méthode systématique utilisée par le Polisario pour intimider et contrôler la population., dont l'enlèvement a été confirmé par une décision du Comité des droits de l'Homme, qui a également révélé l'implication directe des autorités algériennes dans cette affaire. Dans ce contexte, Shaibata Mrabih Rabou a recommandé à l'Algérie de cesser de déléguer sa juridiction judiciaire et administrative au front armé du polisario, en réclamant qu'elle assume ses responsabilités en tant que pays hôte des camps. L'Algérie n'a qu'à bien se tenir Il a également appelé la communauté internationale à exercer les pressions nécessaires pour que l'Algérie ratifie la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées, afin de faciliter la documentation et le suivi des cas survenus dans les camps de Tindouf et de garantir aux victimes et à leurs familles le droit de connaître la vérité, d'obtenir justice et réparation pour les injustices qu'elles ont subies. Enfin, Lahsen Naji, représentant du Réseau Unité pour le Développement de la Mauritanie, a évoqué le cas de Khalil Ahmed Abraih, un militant des droits de l'homme disparu dans les camps de Tindouf depuis plus de 14 ans. Il a souligné que la famille de Khalil ignore toujours les circonstances exactes de sa disparition et demande des réponses. Naji a appelé la communauté internationale à exiger du gouvernement algérien qu'il fournisse immédiatement un rapport transparent sur les conditions de la disparition de Khalil Ahmed, et qu'il identifie les responsables de son enlèvement. Il a également plaidé pour l'imposition de sanctions ciblées contre les groupes armés impliqués dans ces violations graves des droits de l'homme. Toutes ces interventions ont mis en lumière la situation dramatique des Sahraouis dans les camps de Tindouf et l'urgence d'une action internationale pour mettre fin aux violations systématiques de leurs droits et garantir leur dignité et leur sécurité.