A peine commencée, la séance hebdomadaire consacrée aux questions orales de ce lundi a été levée ! En cause : l'absence de trois ministres, qui a suscité de fortes réactions. Des voix du Parlement, notamment de l'opposition, s'élèvent pour exiger le respect de l'institution législative. Motif : ce lundi 20 mai, à l'ouverture de la séance hebdomadaire consacrée aux questions orales à la Chambre des représentants, le président de séance, Driss Chtaibi, informe les députés de l'absence de trois ministres, à savoir le ministre de l'Inclusion Economique, de la Petite Entreprise, de l'Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, la ministre du Tourisme, de l'Artisanat et de l'Économie Sociale et Solidaire, Fatim-Zahra Ammor, et le ministre délégué chargé de l'Investissement, de la Convergence et de l'évaluation des Politiques publiques, Mohcine Jazouli. Driss Chtaibi indique alors que c'est le ministre chargé des relations avec le Parlement qui se chargera, dans le cadre de la solidarité gouvernementale, de répondre au nom de ces ministres, avant de lancer, non sans ironie : « mais je vois que cette solidarité est exagérée ! ». Commence alors un échange verbal entre députés, puis le président de séance déclare : « Messieurs les députés, si quelqu'un sous cette coupole n'a pas l'idée de défendre le pouvoir législatif, cela me sidère ! ». Majorité et opposition rebondissent Après les remarques de Driss Chtaibi, des députés de la majorité et de l'opposition ont pris la parole, chacun soutenant une position différente. Le premier, Driss Sentissi, président du groupe Haraki (MP), a affirmé que le ministre chargé des relations avec le Parlement pouvait bien entendu répondre au nom d'un ministre empêché de se présenter devant le Parlement, « mais pas en gros (autrement dit, pas en remplacement de plusieurs ministres) ! ». Le RNIste Mohamed Chaouki a ensuite pris la parole pour souligner que dire que « la solidarité gouvernementale est exagérée était un jugement de valeur » et « nous aurions souhaité, Monsieur le Président, que vous vous détachiez de ce jugement de valeur ». D'autre part, poursuit Chaouki, « nous comprenons que certains souffrent d'un peu de paresse à sortir des affaires pour l'opposition, mais pas au point d'exploiter la Constitution à tout va pour porter atteinte à cette même Constitution ». Le président du groupement PJD, Abdellah Bouanou, a quant à lui considéré que « si nous devions à chaque fois faire jouer la solidarité gouvernementale, il ne serait pas nécessaire donc que les membres du gouvernement viennent au Parlement », avant d'ajouter que le Parlement est une institution législative et de contrôle qui doit être respectée, et ce respect implique pour le moins la présence des ministres. Abderrahim Chahid, président du groupe de l'USFP, a, de son côté, fait part de son incompréhension quant au fait que les députés se mettent malheureusement en position de défendre l'absence des ministres. « Il s'agit d'une institution législative et le gouvernement est normalement en mesure de se défendre », a-t-il insisté. Et Abderrahim Chahid de poursuivre : « Nous comprenons que les ministres soient absents pour des raisons exceptionnelles. Mais pour un ministre qui devait être présent à 23 séances et qui n'en a assisté qu'à 4, est-ce parce qu'il est constamment confronté à des circonstances exceptionnelles ? ». Suite à l'intervention de l'USFPéiste, une vive confrontation s'est engagée entre le président de séance et un député, suivie d'une série d'échanges virulents. On a entendu Driss Chtaibi répéter : « C'est une annexe du gouvernement qui s'est constituée au sein du parlement! ».