Dans un monde dans lequel la grandiloquence et l'optimisme présidentiel flirtent souvent avec les frontières de l'utopie, l'Algérie, sous la férule éclairée du pantin préféré de la junte d'à côté, semble se frayer un chemin audacieux vers la gloire et la prospérité, si l'on en croit les dires du sénile d'Alger, lors de son récent entretien télévisé avec des journalistes. C'est une époque exaltante que d'être Algérien, actuellement ! Entre aspirations à la grandeur et promesses de lendemains qui chantent, le tableau dressé par le président « sortant » est si rosé qu'il ferait presque oublier les tracas quotidiens des citoyens ordinaires. Premier acte de cette symphonie d'autosatisfaction : le dévouement sans bornes des patriotes algériens, ces vaillants gardiens du bien-être collectif, dont les efforts se reflèteraient dans un sentiment général de contentement. A en croire le sénile à l'Est de l'Eden, l'Algérie serait sur le point de retrouver une grandeur perdue, une renaissance à laquelle même la jeunesse du pays, désignée comme moteur de l'innovation et du progrès, contribue avec ferveur. Quelle chance pour la nation d'avoir à sa tête un homme qui non seulement comprend les aspirations de ses jeunes, mais en est aussi le champion incontesté, le « candidat des jeunes » de 2019 ! Bigre ! à 78 ans le réitérer relèverait de l'exploit. Cependant, le véritable tour de force réside peut-être dans l'habileté du bonhomme à jongler avec le calendrier électoral pour des « raisons purement techniques », un coup de maître qui aurait sûrement fait pâlir d'envie les stratèges politiques de toutes les époques. Ah, la magie de la popularité du sénile d'Alger ! Malgré l'adoration quasi-unanime des médias, tant publics que privés, il semblerait que son aura politique soit moins brillante que prévu. Comme disait si sagement Kant, « La possession du pouvoir corrompt inévitablement la raison » – et paraît-il, elle ne fait pas de miracles pour la popularité, non plus, du concerné. À l'approche de ses 79 ans, avec des pépins de santé bien connus, on pourrait presque dire que Tebboune a déjà un pied dans la tombe. Et si par miracle il survit jusqu'à 85 ans pour terminer son deuxième mandat, ce sera presque une prouesse dans le monde de la politique. Quant à son bilan national, il semble qu'il ait préféré jouer dans les coins sombres, distribuant la rente énergétique comme s'il s'agissait de bonbons à une fête foraine. Mais quand on jette un coup d'œil à ses exploits sur la scène internationale, c'est un peu comme chercher une aiguille dans une botte de foin – le sommet arabe, l'adhésion aux BRICS, les affaires au Sahel... autant de revers qui rendent difficile de cacher la pâleur de ses réalisations. Et que dire de sa capacité presque magique à résoudre l'épineuse question des sans-papiers en un claquement de doigts, promettant une régularisation express en deux mois ? Un exploit qui, s'il se concrétise, pourrait bien relever du miracle. Cette réponse, aussi énigmatique que le sourire de la Joconde, alimente les moulins à rumeurs et transforme les cercles politiques en véritables clubs d'interprétation des prophéties tebbouniennes. Entre théories foisonnantes et spéculations enragées, le suspense reste entier. Et si la vraie stratégie était là, dans l'art de maintenir le flou, façon magicien dévoilant son tour sans jamais révéler la chose ? En attendant, le pays retient son souffle, ou plutôt, feint de le faire, car après tout, dans le grand théâtre de la politique, le spectacle doit continuer. Mais là où le président excelle véritablement, c'est dans sa vision géostratégique, avec cette noble quête de siéger la Palestine à l'ONU, une bataille qui, sans doute, couronnera l'Algérie de lauriers diplomatiques et réaffirmera son statut de champion des opprimés. Et pour couronner le tout, le président envisage un PIB dépassant les 400 milliards de dollars d'ici à 2026, grâce, entre autres, à une politique salariale des plus généreuses (doublement des salaires à cette date). Il y a là comme un air de campagne électorale. Une prouesse économique en perspective qui, si elle se matérialisait, ferait indubitablement entrer l'Algérie dans le cercle très fermé des économies miracles. En somme, si l'on s'en tient aux déclarations du président mal élu, l'Algérie est sur le point de vivre une épopée moderne, une odyssée qui la mènerait vers des sommets de gloire et de prospérité inégalés. Reste à voir si la réalité du terrain et les défis multiples auxquels le pays fait face, permettront de concrétiser cette vision si ambitieuse, ou si cette dernière ne restera qu'un mirage dans le désert des promesses politiques.