A l'heure où les relations entre Rabat et Paris se réchauffent, des responsables français sont apparus aux côtés de leurs homlogues marocains devant une carte complète Maroc au cœur de la capitale française, alors que l'ambassade de France au Maroc publiait des photos du Salon International de l'Agriculture à Paris. Le premier mettait en vedette Mohamed Seddiki, le ministre marocain de l'Agriculture, aux côtés de son homologue français, Marc Fresneau, tandis que le second montrait le ministre marocain avec Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères. Des photos qui ont suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, suggérant que Paris se dirige vers une position plus progressiste pour la reconnaissance du Sahara marocain, mettant en lumière une nouvelle dynamique entre les deux pays qui a été renforcée par une rencontre entre les deux ministres des Affaires étrangères, Nasser Bourita et Stephane Séjourné en début de semaine. "Ces signaux restent positifs du côté français et confirment la nécessité de délimiter cette tendance au niveau diplomatique entre les deux pays, car la question sera plus claire. si cela se fait par la voie diplomatique française, que ce soit par l'intermédiaire des ministres ou par l'intermédiaire des ambassadeurs", a déclaré à Hespress, El Abbas El Ouardi, professeur de droit international à l'Université Mohammed V de Rabat. Et d'ajouter : "Le dynamisme enregistré au cours de la période récente entre Paris et Rabat doit être accompagné d'autres initiatives qui permettront d'avancer vers l'encadrement des relations entre les deux pays et d'assurer la continuité de cette approche dans le cadre de l'accord entre les deux pays ». Selon l'interlocuteur "la relation entre Paris et Rabat ne peut être fondée que sur les éléments d'engagement et de confiance". Le professeur de droit international a conclu que "ce qui s'impose à l'heure actuelle, c'est la publication d'une feuille de route française qui inclut différents domaines et pas seulement l'économie, de manière à confirmer les liens qui unissent les deux parties, qui peuvent être renforcée par une visite du président français au Maroc », évoquant « la possibilité de tenir des dialogues entre les diplomates des deux pays pour discuter du cœur de ces relations, à condition que Paris suive l'exemple de Madrid sur la position sur le Sahara". De son côté, Mohammed Nachtoui, universitaire et chercheur en relations internationales, a souligné « ne pas alourdir cette initiative de plus que son poids. D'un côté, cela pourrait être une coïncidence, et de l'autre, cela pourrait être un geste fort pour mettre en avant une position française qui touche au Sahara marocain et sort de la zone grise". Nachtaoui a expliqué, dans une déclaration à Hespress, que "bien que la France soit favorable à l'initiative d'autonomie annoncée par le Maroc en 2007, le Royaume souhaite une position française directe et claire et une reconnaissance publique de la marocanité du Sahara, à l'instar de Washington qui l'a annoncé en décembre 2020". Le même universitaire a estimé que « la France reste confrontée à une responsabilité historique dans ce dossier, car elle figure parmi les pays les plus connaisseurs de la vérité sur les frontières géographiques du Royaume. Ces images ne peuvent donc exprimer que la position souhaitée par le Maroc et non celle souhaitée par la France », soulignant que « Rabat a besoin d'une position franche et claire qui reste en dehors de la zone grise ».