La Présidence du Ministère Public a récemment divulgué les statistiques de l'année 2023 concernant les demandes d'autorisation de mariage des mineures. Sur un total de 14.197 demandes déposées, 5.240 ont été rejetées, tandis que 8.452 ont été traitées favorablement. Moulay El Hassan Daki, procureur général du Roi près la Cour de Cassation et président du ministère public, a évoqué cette question lors de son discours marquant l'ouverture de la nouvelle année judiciaire. Il a souligné une diminution notable par rapport à l'année précédente, avec environ 20.097 demandes en 2022. Durant cette période, 6.445 demandes ont été rejetées, et un total de 13.652 ont reçu une réponse. Daki a précisé que la pratique judiciaire actuelle maintient la stabilité en fixant l'âge minimum à 17 ans pour accorder l'autorisation de mariage dans de tels cas. Cette décision a conduit à une baisse de 61% des réponses positives aux demandes susmentionnées. Dans le but de renforcer le rôle du ministère public dans la lutte contre les mariages précoces, jugés néfastes pour l'éducation des filles, le procureur a expliqué que des requêtes ont été déposées pour rejeter les demandes d'autorisation de mariage avec une mineure chaque fois que l'intérêt supérieur de cette dernière l'exigeait. En 2023, le nombre de ces requêtes a atteint 12.235, en baisse par rapport aux 16.166 de l'année précédente. Daki a ajouté que « conformément au pouvoir conféré par la loi aux juges pour se prononcer sur ces demandes, soit en se basant sur une expertise médicale, soit sur une recherche sociale, le ministère public a activement sollicité ces deux procédures ». En 2023, le nombre de pétitionnaires a été de 7.247, en légère baisse par rapport aux 7.288 de 2022. Cette démarche a contribué de manière significative à la réduction du nombre de demandes d'autorisation de mariage au cours de l'année 2023 par rapport à l'année précédente. Malgré la lutte acharnée des associations militant pour les droits de la femme, le mariage des mineures fait encore des victimes au Maroc. Endossant une lourde responsabilité à un âge précoce, cette jeune fille se trouve accablée par des devoirs familiaux, par un conjoint capricieux et par un regard sociétal méprisant. Dans cette optique Hespress FR a sollicité Ghizlane Mamouni, présidente de l'association « Kif Mama Kif Baba » qui nous a confié que l'éradication du mariage des mineures au Maroc est un combat à longue haleine et que toutes les associations doivent s'acharner pour freiner la propagation de ce fléau. « La réduction apparente du nombre d'autorisations de mariage d'enfants est un signe encourageant, démontrant que l'engagement du mouvement féministe sur cette question commence à porter ses fruits. Toutefois, nous ne pouvons pas nous contenter de ce progrès, car tant qu'un seul mariage d'enfant subsiste, notre mobilisation persiste », promet Ghizlane Mamouni. En développant sa position, la présidente de l'association militante souligne que « cette avancée reste insuffisante, principalement parce qu'elle signifie qu'en 2023, les juges ont permis la déscolarisation de 8.452 filles, ont exposé ces jeunes filles à des risques médicaux tels que fausses couches et maladies génitales graves, et ont privé 8.452 filles de la possibilité de viser l'indépendance économique et l'autonomie. Ces 8.452 autorisations sont inacceptables ». Pire encore, « cette diminution ne capture pas la réalité complète, car elle exclut les mariages coutumiers, qui représentent une majorité écrasante. Il est essentiel de tenir compte de ces cas pour une évaluation plus précise de la situation » s'indigne notre interlocutrice. Ghizlane Mamouni et plusieurs autres militantes tentent de dévoiler une réalité désolante qui entrave l'essor et l'épanouissement des jeunes filles marocaines accablées par le silence et les convictions archaïques surtout dans le monde rural. En mettant en avant un paradoxe judicaire, la professionnelle du droit souligne que « pour des actes tels que voter, passer le permis de conduire, ou conclure le moindre contrat, la condition sine qua non est d'avoir 18 ans. Alors, pourquoi persiste-t-on à débattre de l'âge légal du mariage ? ». En conclusion, notre interlocutrice acharnée appelle à plus d'engagements afin de mener à bien ce débat de longue haleine, « la seule solution viable réside dans l'élimination totale de la possibilité d'accorder des dérogations pour le mariage d'enfants, tout en imposant des sanctions aux mariages coutumiers, en conformité avec les revendications des associations de protection de l'enfance et de défense des droits des femmes. Il est temps d'agir de manière décisive pour mettre fin à cette violation des droits fondamentaux des enfants et promouvoir l'égalité des genres ».